PORTRAIT D’UNE FEMME ASSISE


PABLO PICASSO

PORTRAIT D’UNE FEMME ASSISE

Au métal de la plaque mieux que l’acide à la saignée du burin son sabot frappe

aqua tinta

Les rues perdent la mémoire par quartiers détachables

au balcon corporatif sous lequel Roméo plantait une plante grimpante Juliette trempe en corps dans l’ô

Pablo de sa plume maîtresse l’a dessinée saisissante comme hors d’âge à jamais fondée

Le Marais tient droit autour de tout ce qui se voûte comme les seins en tombant reposent contre la racine qui parle intra muros

C’est du bleu d’oeil marin posté où l’anémone survit accrochée à la course d’un chien mordant le noir

L’homme déverse, la femme se dresse.

Niala-Loisobleu – 25 Avril 2022

L’INSURGÉ


L’INSURGÉ

Du soleil ramené au treuil par l’oiseau sorti de la boîte à musique en racolage le marigot est franchi sur les crocodiles

Les odyssées appartiennent à l’ouverture des lumières et non à la fumée des cierges

Chiron tient ta barque, il n’y a que la peinture pour traverser

Qu’importe où le vent se cache. Laisser une chance à l’imaginaire de sortir en chasse écarte des sécheresses…

Niala-Loisobleu – 25 Avril 2022

LE CENTAURE PAR MICHEL DEGUY


LE CENTAURE PAR MICHEL DEGUY

Lui le bestiaire il résume toute espèce
Centaure universel il rassemble ses membres parmi les bêtes
Disjointes :Le brusque de l’oiseau, jeté à la cage des os,
Est changé en œil ;Il mime les entorses du poisson pour glisser en tout élément.
Michel Deguy

PANNE


PANNE

La toile a perdu les réponses au sujet essentiel

Cet atelier s’interroge sans trouver sans que ça l’étonne

Il aimait

Un point c’est tout

Le sens contraire du chemin tricheur et ses louvoiements convient au présent sans âme

C’est trop con pour y voir quelque chose d’anormal

Niala-Loisobleu – 25 Avril 2022

CONSEILS ET RÉPONSE A DES DEMANDES DE CONSEILS PAR HENRI MICHAUX


Pablo Picasso

CONSEILS ET RÉPONSE A DES DEMANDES DE CONSEILS PAR HENRI MICHAUX


Faut-il punaiser les bébés? » m’écrit
J. O.
Non je ne répondrai pas à cette question insidieuse.
Je ne me sens plus en confiance et ne s’agirait-il que d’un papillon, je ne répondrais pas, quoiqu’il ait un vol singulièrement agaçant, genre : « je viens, je ne viens pas
» et, affiché sur l’aile, un art décoratif pour pompiers et midinettes, non, à son sujet non plus on ne me démasquera pas.

Quant aux bébés, ils sont l’honneur de la nation.
Le futur honneur.
Et s’ils crient, c’est assez naturel.
Cris comme les vagues de la mer, avec hauts et bas : c’est qu’ils doivent reprendre souffle, tout enragés qu’ils sont et vous faire connaître en pointe qu’ils ont mal.
Cris comme un appel à la lumière : c’est qu’ils espèrent arriver une bonne fois à l’exprimer et à vider leur souffrance.

Ces mauvais artistes créent.
Hélas, vous assistez à leur création.
Elle est grotesque.
Trop tôt pour les convaincre de leur déplaisant échec.
Dans quelques années, ces ratés, enfin assagis, renonceront à l’expression, pour s’adonner à la mécanique ou à l’agriculture.
Mais il est malheureux qu’ils s’obstinent en ce moment.

J.
O. m’écrit encore : «
Je les enfariné.
Est-ce bien?
Dans une énorme dune de sable je les précipite.
Dès lors, plus un cri, plus un souffle, et la journée s’achève comme dans une église.
Est-ce bien? »

Non, je ne réponds pas à cet homme.
La guerre, je pense, a dû l’énerver.

Je l’excuse, mais qu’il fasse attention.

Tout le monde ne sera pas aussi compréhensif que moi, peut-être.

Henri Michaux