ROSE RAIE


ROSE RAIE

Un parc et ses pétales

la plaine vaste

en baume

lof pour lof

sorties en mère du grand bassin phréatique, cette cage aux grands mots dictateurs est contrainte à rester ouverte

l’home du botox se gonfle à boucher la vue d’enseveli

l’enfant sur la pointe de son aile dessine l’impossible étoile d’un crayon sans rimmel. Les billes qui sont au fond du sac gagnent l’aqueux du Mickey, l’orgue des barbaries tombe en panne de moteur. Sous le kiosque à musique on creuse pour planter sa croix.

Niala-Loisobleu – 6 Mars 2022

El ángel de la bicicleta – Leon Gieco


El ángel de la bicicleta – Leon Gieco

Nous échangeons des yeux pour le ciel
Cambiamos ojos por cielo

ses paroles si douces, si claires
sus palabras tan dulces, tan claras

nous changeons pour le tonnerre
cambiamos por truenos

Nous avons pris corps, nous avons mis des ailes
Sacamos cuerpo, pusimos alas

pourquoi maintenant nous voyons un vélo ailé voyager
why ahora vemos una bicicleta alada que viaja

dans les coins du quartier, dans les rues
por las esquinas del barrio, por calles

à travers les murs des toilettes et des prisons
por las paredes de baños why cárceles

posez vos armes
¡Bajen las armas

Qu’il n’y a que des enfants qui mangent ici !
que aquí solo hay pibes comiendo!

Nous avons échangé la foi contre des larmes
Cambiamos fe por lágrimas

avec quel livre cette bête a-t-elle été éduquée
con qué libro se educó esta bestia

avec méchanceté et sans âme
con saña why sin alma

Nous avons lâché un ange
Dejamos ir a un ángel

pourquoi il nous reste cette merde
why nos queda esta mierda

qui nous tue sans s’en soucier
que nos mata sin importarle

d’où on vient, ce qu’on fait, ce qu’on pense
de dónde venimos, qué hacemos, qué pensamos

si nous sommes ouvriers, prêtres ou médecins
si somos obreros, curas o médicos

posez vos armes
¡Bajen las armas

Qu’il n’y a que des enfants qui mangent ici !
que aquí solo hay pibes comiendo!

Nous changeons le bien pour le mal
Cambiamos buenas por malas

pourquoi nous avons fait l’ange de la bicyclette en étain
why al ángel de la bicicleta lo hicimos de lata

le bonheur en pleurant
Felicidad por llanto

ni la vie ni la mort n’abandonnent
ni la vida ni la muerte se rinden

avec leurs berceaux et leurs croix
con sus cunas why sus cruces

Je couvrirai ton combat avec plus que des fleurs
Voy a cubrir tu lucha más que con flores

Je prendrai soin de votre gentillesse plus qu’avec des prières
Voy a cuidar de tu bondad más que con plegarias

posez vos armes
¡Bajen las armas

Qu’il n’y a que des enfants qui mangent ici !
que aquí solo hay pibes comiendo!

Nous échangeons des yeux pour le ciel
Cambiamos ojos por cielo

ses paroles si douces, si claires
sus palabras tan dulces, tan claras

nous changeons pour le tonnerre
cambiamos por truenos

Nous avons pris corps, nous avons mis des ailes
Sacamos cuerpo, pusimos alas

pourquoi maintenant nous voyons un vélo ailé voyager
why ahora vemos una bicicleta alada que viaja

dans les coins du quartier, dans les rues
por las esquinas del barrio, por calles

à travers les murs des toilettes et des prisons
por las paredes de baños why cárceles

posez vos armes
¡Bajen las armas

Qu’il n’y a que des enfants qui mangent ici !
que aquí solo hay pibes comiendo!

Avec Los Pibes Chorros!!!
Con Los Pibes Chorros!!!

Mise à Jour


L’usine fabrique sans plus rien vendre

on trouve plus d’embaumeuse

Le moment ment d’existentialisme décent

Du coup Laeticia Hallyday se repositionne

De quoi se rembobiner l’aléatoire…

Niala-Loisobleu – 6 Mars 2022

LE SCENARIO PAR MICHEL DEGUY


LE SCENARIO PAR MICHEL DEGUY

Cri perçant du cacatoès dont l’aile blanche éclate au premier plan ; la porte expulse Kane ; le visage, la voussure, comme un poing, fermés sur Rosebud.

En même temps, là-bas, au fond, bien au-dessous

La calme commissure d’écume de la mer ; colère de l’oiseau, paix de la vague, entre elles passe Kanc où s’apaise la colère ; il unifie la mer et l’oiseau.

Trace de vision, vestige du passage vertigineux du présent, le poème ne serait-il pas scénario d’une manière essentielle ? A côté du poème il appartient au
cinéaste d’inventer, dans la trouée ouverte par celui-ci, la vision amie du texte, capable de l’escorter de son battement d’ailes. Le cinéaste lâchera les oiseaux qui
conviennent. Il faut et il suffit que de pures visions se succèdent, déconcertant à la recherche d’un concert plus secret. La main du cinéaste imitera celle de l’aveugle
inventant sa roule, dont l’imprévoyance se fraie doucement passage dans son espace au-dedans de l’espace. 11 ne contemple aucun repère, et tâtonnant s’oriente sur l’obscur
pressentiment qui le guide.

Très tôt l’enfant va au cinéma ; il entre dans la chambre noire, seul avec cent solitaires, et suit comme avec les yeux intérieurs une sorte de rêverie aux tons
funèbres. Il retourne voir Heathcliff pousser éperdument son cheval sur les murs bas des moors, et parmi la bruyère venteuse promettre au visage aigu de Merle Obé-ron
son amour lâche et parfait.

C’est un travail de poésie. Il y apprend à voir : les dialogues violents et maladroits ; le désordre qui se change en destin ; le regard investi dans son paysage partiel ; la
présence perpétuelle du corps ; le chant de la profondeur ; tout ce qu’il faut délaisser pour agir; l’étran-geté du héros à sa propre histoire ; le bruit et
la fureur étouffant le sens qui se cherche ; la précession de la parole sur la pensée ; le silence insolite des choses pendant la gestation d’on ne sait quoi ; profusion qui ne
comble pas la soif qu’elle creuse…

Le film correspond à notre besoin de contemplation ; il peut nous offrir ce que le regard désire contempler mais n’y parvient presque jamais sans l’œuvre. En nous un pouvoir
d’attention que rien de discursif ne peut combler, mais seul l’excès de l’alcntour. L’intuition réclame sa part.

Frustré de rien rencontrer pour ce regard l’homme laborieux s’ennuie incessamment ; béante en nous toujours la soif de béatitude, elle attend son plein de déception.

Lieu : la terre.

Acteurs : l’humanité, c’est-à-dire à chaque fois la foule innombrable, lyncheuse et suicidaire.

Intrigue : ce qui se trame contre l’homme. « Le mouvement en profondeur de l’ébranlement mondial que nous vivons heure par heure. »

A Paris, des chirurgiens ruisselants et masqués élargissent des aortes d’un mouvement d’ongle parfaitement mécanique et parfaitement intelligent ; dans le froid de la nuit,
l’observatoire du Mont-Wilson entrouvre sa coquille et des savants emmitouflés scrutent à des milliers d’années-lumière l’explosion des mondes ; dans la forêt
panaméenne, le shaman accroupi sous le hamac où geint la femme cuna exhorte la déesse muu et ses filles à libérer la parturiante ; en plein Aurès, le jeune
factionnaire frissonnant guette parmi le cailloutis l’ombre du fellegh, rêvant aux rues de son village où son enfant lui prend la main…

Attention : il ne conviendrait pas de travestir simplement nos postures sous un nouveau plumage de printemps à porter au compte d’une ultime fantaisie de la nature, d’une mue
inévitable « étant données les conditions historiques ». Il s’agit de dérouter tout entomologiste, tout sociologue. Dérouter, c’est célébrer
l’arrêt sur la route, un lieu-halte hors de tout le processus — un seul lieu tel : l’art. Et si le savoir ne sait qu’épingler le présent dans le fichier des causes, il
faudra s’en méfier, confier l’esprit à la distraction.

Il y aurait à imaginer de grandes ruptures, un langage surprenant qui sème le soupçon, propice à la liberté.

L’art, pour couver l’éclosion d’un être dressé à la lisière du jour, docile aux lois du séjour, mais étonné de l’énigme, et plus fort à cause
d’elle que toute violence, apte à briser en lui la haine, à écarter pour son frère la pesanteur.

Michel Deguy

L’ENFANT QUE L’EAU PORTE


L’ENFANT QUE L’EAU PORTE

Dans la disparition des limites qui supportent, le récif berce un ultime réconfort

La promesse enfile son gilet de tendresse contre l’engloutissement du pont.

Niala-Loisobleu -6 Mars 2022