L’ECHARPE – CORA VAUCAIRE/MAURICE FANON


L’ECHARPE – CORA VAUCAIRE/MAURICE FANON

Si je porte à mon cou
En souvenir de toi
Ce souvenir de soie
Qui se souvient de nous
Ce n’est pas qu’il fasse froid
Le fond de l’air est doux

C’est qu’encore une fois
J’ai voulu comme un fou
Me souvenir de toi
De tes doigts sur mon cou
Me souvenir de nous
Quand on se disait « vous »

Si je porte à mon cou
En souvenir de toi
Ce sourire de soie
Qui sourit comme nous
Souriions autrefois
Quand on se disait « vous »

En regardant l’soir
Tomber sur nos genoux
C’est qu’encore une fois
J’ai voulu revoir
Comment tombe le soir
Quand on s’aime à genoux

Si je porte à mon cou
En souvenir de toi
Ce soupir de soie
Qui soupire après nous
Ce n’est pas pour que tu voies
Comme je m’ennuie sans toi

C’est qu’il y a toujours
L’empreinte, sur mon cou
L’empreinte de tes doigts
De tes doigts qui se nouent
L’empreinte de ce jour
Où les doigts se dénouent

Si je porte à mon cou
En souvenir de toi
Cette écharpe de soie
Que tu portais chez nous
Ce n’est pas pour que tu voies
Comme je m’ennuie sans toi
Ce n’est pas qu’il fasse froid
Le fond de l’air est doux

En corps assez de chaleur à tirer de la pâleur du présent


En corps assez de chaleur a tirer de la pâleur du présent

Du ciel qui se tire comme un rideau qui voudrait plus se regarder de face

vite ne pas laisser s’enfuir ce qui motive

voilà c’est ça suivre ta voix

comme une douceur qui se bretelle à tes seins

sur un fond de papier viennent tes mots que je peins

ce penchant d’anémone qui te retient à table

Dans la glace

j’ai vu Henri ramener du soleil en remontant la poubelle.

Niala-Loisobleu – 21 Février 2022

POÉSIE QUOTIDIENNE PAR MICHEL DEGUY


POÉSIE QUOTIDIENNE PAR MICHEL DEGUY

Poésie entremetteuse, qui concilie le nouveau monde et les nouveaux venus, qui présente aux villes anciennes les yeux nouveaux qui ne reconnaîtraient rien, elle est la jeune
institutrice qui guide les enfants aux lieux étranges et reculés, redoutables, de leur temps, pour qu’ils ne restent pas muets. Elle réinstaure un bon voisinage entre le
siècle, que transforment les ingénieurs illettrés, et ses habitants, pour que même imprévu il demeure habitable, si le poète l’a défrayé,
dédicacé — Poésie passerelle.

Ou poésie nostalgique, écarquillée vers le présent en ruines, amie des cimetières ; car peut-être n’est-il plus possible d’unir le neuf à l’ancien ? Attention
à la poésie socialiste, avec ses tramways et ses pylônes électriques, si à-la-traîne, si putain, qui s’essouffle et peut à peine suivre.

Son office, en tout cas, irremplaçable : rassembler le jour, lier les différences de ma journée pour en tisser le sens commun. Comme les sens transmettent à la centrale
psychique l’approche bigarrée des choses, de même et profondément il convient que soient liées en un sens-commun les surprises décousues que réservent les heures,
les gratifications improvisées du matin et du soir, flocons différents des instants, caresse des lisières aux flancs du train ; que soit prise dans le texte, sensée dans
l’unique roman, l’invraisemblable, l’excessive averse des signes, pour que trépassent le moins de choses possible. S’il n’y avait qu’en la causalité que ce qui est pût trouver un
sens, le déchet serait monstrueux ; si la seule science pouvait fonder une communauté, je serais toujours, et toujours plus, et a tout instant, bien seul avec ma coquille de bruit.
Mais fureteuse, butineuse, comparante, œuvrante, sémaphorique, la poésie veille au sens ; elle transmue la contingence en vérité, la mosaïque du perçu en
dessin. Sans le remue-ménage poétique, je serais pareil à un homme dont l’ouïe et la vue ne seraient pas réunies à un même monde : un fou.

Le phénomène, ça n’est pas si simple ; avant le poème, il n’y a pas encore de phénomène.

Michel Deguy

DEPUIS L’EMBARCADERE


DEPUIS L’EMBARCADERE

Des traversées qui rampent durant la nuit vont, . lamparo allumé, trémaille aux mains et aiguilles qui pêchent à la traîne des heures le désir de remonter l’amour absolu, ouïes en pleine énergie

Comme dans une odyssée de pis commença la vallée d’un Nil à soie, sauvage , qui muta le papillon en fleur pour installer l’Abeille

Marche initiatique où le feu, l’eau et l’air feulent comme le tigre de PI

la rencontre de ces deux expressions d’Art n’a pas eu dès le départ de visée commerciale

rien que la puissance attractive d’un sentiment recherchant sa symbiose pour combattre la fureur d’éléments mis à disposition de garnissage du catalogue de toutes les atrocités humaines

Les mesures du temporel se sont dissoutes dans l’intemporel de l’histoire à compte d’hauteur étalant ses bornes en inégales distances

Et l’embarcadère maintenu ferme sur ses pilotis est là au pied du phare qui dépêche ses appareillages

transport d’anémones d’une mer à l’autre, en provenance de ses jardins

Niala-Loisobleu – 21 Février 2022

Tant fort


La côte malmenée redresse ses mâts, les yeux tournés sur le bassin de rétention où la transparence de l’eau met Clémence en clairvoyance sur les dernièrs bancs de la peur qui vient de sévir

Le sens devenu plus compréhensible tombe du masque ce qui était caché derrière

Du supposé laissé par l’arrangement des faits la vérité sort nue dans son véritable appareil

La Rentrée a un sens tout à fait personnel qui prend la direction qui se cachait dans les effets de la tempête

La main tenue ferme assure l’équilibre que la volonté requiert d’elle-même.

Niala-Loisobleu – 21 Février 2022

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