Je parle pour celui qui a manqué le train – Jacques Bertin



Je parle pour celui qui a manqué le train – Jacques Bertin

Je parle pour celui qui a manqué le train
Et qui reste tout seul sur le quai. Il s’en moque
Toulouse-Éternité : soixante années de train
Qu’est-ce que c’est que ce ticket qu’on m’a mis dans la main ?

Je parle pour celui qui a manqué le train
Il s’en voudrait de s’embarquer dans ce voyage
Et de vivre il s’en fout. Sa vie de lui s’éloigne
Dans le wagon de joie de vivre des premières et il s’en fout

Ce train sent la sueur, les femmes qui rigolent
Les cris d’enfants, la gueule rasée des officiers
Le regard suffisant des femmes engrossées
Les causes et les drapeaux, le bon marché, la révolte

C’est un matin très gris, très beau d’une province
Tu vas dans le silence des étals et des balcons
Tu marches dans la rue, tu t’en fous, tu te moques
De toi, de tout, de rien, de ta vie qui s’en va

Ce serait chouette de partir tout seul pour un voyage
La vie rêvée, la mort qui tremble de parfums
Et dans le paradis sans bruit, comme une enfance
Où s’en vont les linges de femmes, parait-il

L’Arche de nos Hé


L’Arche de nos Hé

De la graminée folle sans trafic criminel sous-couvert, ce jardin, dernier carré des buttes aux cailles, réunit l’espoir insensé mis en exclusion par le censé-faire du bar à teint des cages à pool

Mon Baltard sans fumée rescapé de Pompidou

Vieux poils d’une Samaritaine où l’on trouve twoo

le voila mon bateau-mouche qui tourne autour de Notre-Dame restaurée à l’identique

comme ce cri de vieux-loup que l’aube sort de la lune seulement revêtu de son rêve

A la brou être comme image du Kama-Sutra

Niala-Loisobleu – 6 Février 2022

La couleur complémentaire


La couleur complémentaire

Non assujettie aux étals racoleurs munis si pâles

elle marche de pair à l’essence de l’arbre cachée dans le contenant de l’écorce

derrière le bise-bise de ton trottoir, sur le contoir de ton bistrot, atout dans la manille des joueurs de cartes, Cézanne ouvre-moi

Quand au matin du cantonnier ouvrant l’ô du caniveau, le grand ballet de bouleau entre en Seine et cueille la péniche à convoyer au large de la lumière recherchée, l’Abeille peut remorquer les écluses sont ouvertes

Le Quai des Brumes garde l’atmosphère

Ce rien fait du tout qui s’harmonise aux vouloirs du corps et de l’esprit

Comme Mireille a su mettre des luzernes au petit-chemin, l’émoi d’hiver tient au show du vivant plus sûrement qu’un descriptif d’agence de voyages

Au point d’y croire au chevet d’un arasement des valeurs, sentiment qui rappelle le germe de l’haricot planté dans la peau d’une communale

Si nous n’avons pas le pouvoir d’empêcher les guerres nous avons celui de bercer nos rêves jusqu’à les toiles.

Niala-Loisobleu – 6 Février 2022

RAYONS VERS


RAYONS VERS

Au jusant de la nuit, tournés vers l’astre neuf, ils s’arrêtent le temps de laisser la lumière les imprégner

le romarin s’ébroue , au bleu de sa fleur, l’olive l’huile

de l’orée la poule faisane signe quelques mots de sa plume, les plie, puis les pose sur l’eau de la fontaine, le bateau de papier sort du pore…

Niala-Loisobleu – 6 Février 2022