La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
J’ai peu de choses à dire au fond je cherche peu de choses Et tout le reste c’est un habit sur moi à peu près ajusté Je peux bien partager votre combat vos certitudes : papier-buvard Le jardin du grand-père et un trou d’eau un arrosoir Le mal au fond le mien c’est ailleurs un fanal resté allumé J’écris, ma femme dort, je rassemble un maigre bagage Un maigre bien, des idées vagues, des tentatives de notions Tout ce à quoi je souscris et qu’en bon entendement il faut admettre Des restes de vos garde-robes, des idées de révolution
Qu’est-ce que j’ai à moi ? Ma mère le lundi qui lave Quand elle pleure, c’est qu’elle a les yeux pleins de savon Le linge sèche, la cuisine est humide, la radio couvre le cri des gosses Je n’ai rien qu’une enfance banale comme un cartable en carton
Ô les appartements tièdes, les belles dames Messieurs qui parlez fort bien et lisez des journaux avancés Comme si le monde vous appartenait ô fils de familles Vous êtes les meilleurs jusque dans la révolte ô impeccables révoltés
Qu’est-ce que c’est mon bien ? Qu’est-ce que je peux mettre dans la balance Je suis ce bateau à l’écart des routes échoué Dans une nuit où flottent des mots insaisissables Parfois ils frôlent les toits comme le bas des robes brodées
Mère de mon ami madame des romans et des jardins à la française Cheveux tirés qui régnez sur vos bibelots et vos rendez-vous Que faites-vous ici ce soir, pourquoi vous déshabillez-vous Ici, chez ce jeune homme qui est un enfant et qui vous prend les genoux
Parlez très vite et que s’effondre l’édifice Je pénètre dans le parc interdit, je brise tout Quand vous serez vaincue, votre monde souillé avec vous Je suis encore l’enfant qui s’excuse pour le désordre et pour tout
Qu’est-ce que c’est mon bien ? le silence des enfants des pauvres Et deux ou trois détails à dire aux copains les jours d’abandon Un dimanche matin d’hiver, un jour, quand j’étais gosse Il fait chaud, dehors, j’entends passer les dynamos Qu’est-ce que j’ai à moi ? Qu’est-ce que je peux dire pour ma défense Un souvenir sans intérêt, une nuit de vendredi saint Nous allions boire un café à vingt-cinq francs sur une table de campagne En ville, des messieurs-dames parlent des poètes avec du maintien
Qu’est-ce j’ai à dire On ne m’a pas donné la parole J’ai le manteau troué au vent des étoiles de la révolution Je suis sur mon vélo, je rentre à la maison par la croix-blanche Ô mon père et ma mère laissez le garage allumé, je rentre à la maison
jacques bertin tengo poco que decir
Tengo poco que decir en el fondo, busco pocas cosas Y todo lo demás es un traje en mí, bastante ajustado Puedo compartir tu lucha tus certezas: papel secante El jardín del abuelo y un pozo de agua una regadera El mal en el fondo mío es en otra parte un faro que ha permanecido encendido Escribo, mi mujer duerme, recojo un magro equipaje Un bien escaso, ideas vagas, intentos de nociones. Todo lo que suscribo y que en buen entendimiento debe admitirse Restos de tus guardarropas, ideas de revolución
¿Qué poseo? Mi madre el lunes que lava Cuando llora es porque tiene los ojos llenos de jabón La ropa se seca, la cocina está húmeda, la radio tapa el llanto de los niños No tengo nada más que una infancia ordinaria como una cartera de cartón.
Oh los tibios apartamentos, las bellas damas Señores que hablan muy bien y leen periódicos avanzados Como si el mundo te perteneciera, oh hijo de familias Sois los mejores hasta en rebelión oh rebeldes impecables
¿Cuál es mi propiedad? ¿Qué puedo poner en la balanza? Soy ese barco fuera del camino varado En una noche donde flotan palabras escurridizas A veces rozan los tejados como la parte inferior de los vestidos bordados
Madre de mi amiga Madame de novelas y jardines franceses Cabello tirado que gobierna tus baratijas y citas ¿Qué haces aquí esta noche? ¿Por qué te desnudas? Aquí, a este joven que es un niño y que toma tus rodillas
Habla muy rápido y el edificio se derrumba. Entro al parque prohibido, lo rompo todo Cuando eres derrotado, tu mundo se mancha contigo Sigo siendo el niño que se disculpa por el desorden y todo
¿Cuál es mi propiedad? el silencio de los hijos de los pobres Y dos o tres detalles para contarles a los amigos en los días de abandono Una mañana de domingo de invierno, un día, cuando yo era un niño Hace calor afuera, escucho pasar las dinamos ¿Qué poseo? ¿Qué puedo decir en mi defensa? Un recuerdo sin interés, una noche de Viernes Santo Íbamos a tomar un café a veinticinco francos en una mesa de campo En el pueblo, señores y señoras hablan de poetas con porte
que tengo que decir no me han dado la palabra Tengo el manto con agujeros al viento de las estrellas de la revolución Estoy en mi bicicleta, me voy a casa por la cruz blanca. Oh, mi padre y mi madre dejan el garaje encendido, estoy llegando a casa
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3 réflexions sur “Jacques Bertin – J’ai peu de choses à dire”
Merci d’avoir posté en espagnol Alain
Il est donc entendu lorsque le courrier arrive, mon francais n’est pas bon.
Bonjour.
Elvira
Pas d’accord, à bien des égards ton français est meilleur que celui de mes compatriotes. Parce que dans son expression il est direct. Il dit vrai en un seul mot au contraire du déversement de mots menteurs usant du charme de la maîtrise de la langue
Bonjour Elvira
Alain
Merci d’avoir posté en espagnol Alain
Il est donc entendu lorsque le courrier arrive, mon francais n’est pas bon.
Bonjour.
Elvira
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Pas d’accord, à bien des égards ton français est meilleur que celui de mes compatriotes. Parce que dans son expression il est direct. Il dit vrai en un seul mot au contraire du déversement de mots menteurs usant du charme de la maîtrise de la langue
Bonjour Elvira
Alain
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Vous étes trés gentil, merci pour vos mots.
Bonjour Alain
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