La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
J’étais solitaire chaque jour un peu plus. J’aimais me taire Je doutais de qui j’étais chaque jour un peu plus. Je guettais Sur les visages de mon âge la tristesse, ses sillons, La certitude aussi de la défaite intime. Nous traînions
Chacun le deuil d’un amour sans cadavre dans un sac trop lourd Les manigances de l’amour et la gifle de la hautaine Nos âmes fêlées par un simple mot comme des porcelaines Et ce qu’on n’ose pas crier à la hautaine dans les cours
L’abjecte société, l’un après l’autre, nous avait meurtris Bien des gens que j’aimais s’y sont, par ambition, laissés corrompre Ils sont perdus corps et biens comme vaisseaux dans l’opaque gris Ils suivaient comme au jeu, par orgueil : Ah, plutôt ramper que rompre!
Il me semblait pourtant savoir, et de mieux en mieux, où j’allais Je m’appliquais à travailler dans la mémoire de mon père Y cultivant ses idéaux perdus ainsi qu’en un jardin Pour que mon fils en fût encouragé à les transmettre au sien
Et quelque chose vive ainsi en aval de nous, s’il se peut Obscure foi qui me tenait! Qui j’étais ne sachant plus guère Comme un rêveur dans un grenier parlant tout seul, les jours qu’il pleut Ou bien aux anges dans un poulailler étrange dans la guerre
joue Tandis que l’âge crible la mienne drainant le derme
(et mince taie sur la pupille) La paume de la nuit en sueur scintille sur la nuit
Une meule d’étoiles se rentre à l’horizon urbain La lune fardée comme une Japonaise Approvisionne là l’immeuble de la nuit Les feux du stade bordent notre alcôve
Une demande précautionneuse
Cherche ta voix Que ta diction lente et courtoise exauce
C’était juste pendant les très grandes chaleurs, Cette année là, nous cherchions à nouveau un logement, En attendant nous étions chez une amie qui était belle Mais nous ne faisions pas l’amour et sans doute c’était à cause du temps
Ou c’était que nous n’étions pas chez nous et tu t’étonnais de cela
Et je savais que l’homme est une mécanique plus fragile Que les appareils compliqués qu’on voit dans les musées silencieux Et qui oscillent sans un bruit et sont mystérieusement utiles Tu venais juste de reprendre le travail et tu avais du mal, Nous étions de passage et Colline qui était belle Parfois nous la surprenions nue et nous la regardions Avec amour dans son sommeil Et tout trois nous nous aimions bien
Nous ne faisions pas l’amour, et par timidité peut être Parceque cela aurait remis en route quelque part une de ces machines éteintes Pourtant nous nous aimions, les choses sont si simples Que ces machines qu’on dérègle pour un rien sont sans complications
Je ne sais, oh, je ne sais, pourquoi j’écris tout cela Pour tendre un filet à travers ma vie qui m’entraîne Il faisait dans l’appartement une chaleur On ne respirait plus Nous étions dans une parenthèse élevée d’un immeuble de notre vie Un jour, je me dis que peut être nous aurons enfin une maison Sur la pointe de l’ile entre les deux bras et les années qui passent Je les verrai venir et se mêler à mon passé Comme dans les tourbillons de la Loire, L’eau et ensuite, l’eau paresseusement va mourir dans les sables Crois tu qu’un jour nous aurons réellement une maison Avec une bonne amie à nous et nous saurons avoir la force De nous aimer, nous l’aimerons sans peur souviens t’en Ce sera bien plus beau et bien plus pur qu’un couple même comme nous deux
Ce sera comme une prairie dans la partie ombragée de l’été vers le soir Tu n’auras pas peur de l’orage et ni surtout de toi même, Dans l’herbe, on aura disposé ces machines inutiles des musées, Avec des balanciers, des contrepoids, des rouages de cuivre, des roulements… Et il flottera une de ses chansons mélodiques que chantait nos parents, Pour qui crois tu que nous serons capable de cette fête, souviens t’en …
Jacques Bertin
Quel tremplin que celui de tes seins dont l’oblique du regard hisse au large
c’est archipel à portée
les sentes au baissé de culotte des chemins détournés
A l’étreinte de l’attente nos corps attelés sillonne le cheval pour le retour du grain
rassurée par la reconnaissance de ton argument d’écriture tu n’as plus peur de le dire cet amour absolu
dans l’oeil du chien ta fidélité en gardienne du désir réveillé
Et sur l’onde de ce qui flotte de notre concept, le bateau de papier lancé à la poursuite de l’espoir
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