La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
Tant mort de l’absolu les feuilles descendent des branches se tapir
sur le chemin marqué de nids de cigognes
Pas loin des cabanes où les huîtres tiennent leur perle fermée
aux colliers des cuisses des vagues amarrées basses autour du phare
règne une certaine pagaille
On aurait vu de la jetée venir une baleine, l’évent porteur d’eau, grâce au signal ultra-son des déchets plastiques
Nous sortirons des enfants de maternelle les faire boire à l’Île de Sein
après dans un conte de Noël on leur montrera la paille dans l’oeil qui crèche chez Nicolas
Et puits s’il en reste on remontera la vérité du seau, s’il est possible de filtrer les boues de cochon, marée-noire actuelle qui arrive de loin pour séparer les genres violemment
Depuis que les enfants se tuent en bande que faire pour redonner une place normale à la croissance ?
Au tant qu’emporte le vent, le bateau ivre, s’entortille la trajectoire
Gens qui pleurent
J’en kiri
L’hume heur enfume sans que rien ne parvienne à devenir une pipe
Imprévisible à s’habiller comme il convient j’en perds ma chemise sans retrouver nues
C’est en 1936 que René Magritte fit ce calligramme ô combien expressif du questionnement philosophique que les revirements de l’homme lui manifestèrent à cette période cruciale
Amis de nombreux philosophes et visionnaire incontestable, il témoigne par cet autoportrait de l’annonce qui nous fut faite et parvient aujourd’hui à terme
La vague versatile de l’an brun nous sombre aux lumières d’un tango Titanic.
Ce ciel de Paris est plus pur qu’un ciel d’hiver lucide de froid
Jamais je ne vis de nuits plus sidérales et plus touffues que ce printemps
Où les arbres des boulevards sont comme les ombres du ciel,
Frondaisons dans les rivières mêlées aux oreilles d’éléphant,
Feuilles de platanes, lourds marronniers.
Un nénuphar sur la Seine, c’est la lune au fd de l’eau La Voie Lactée dans le ciel se pâme sur Paris et l’étreint Folle et nue et renversée, sa bouche suce Notre-Dame. La Grande Ourse et la Petite Ourse grognent autour de
Saint-Merry. Ma main coupée brille au ciel dans la constellation
d’Orion.
Dans cette lumière froide et crue, tremblotante, plus
qu’irréelle, Paris est comme l’image refroidie d’une plante Qui réapparaît dans sa cendre. Triste simulacre.
Tirées au cordeau et sans âge, les maisons et les rues ne sont Que pierre et fer en tas dans un désert invraisemblable. Babylone et la Thébaïde ne sont pas plus mortes, cette
nuit, que la ville morte de Paris Bleue et verte, encre et goudron, ses arêtes blanchies
aux étoiles.
Pas un bruit. Pas un passant. C’est le lourd silence de
guerre. Mon oeil va des pissotières à l’œil violet des réverbères. C’est le seul espace éclairé où traîner mon inquiétude. C’est ainsi que tous les soirs je traverse tout Paris à pied Des Batignolles au Quartier Latin comme je traverserais
les Andes Sous les feux de nouve
Des étoiles, plus grandes et plus
consternantes, La Croix du Sud plus prodigieuse à chaque pas que l’on
fait vers elle émergeant de l’ancien monde Sur son nouveau continent.
Je suis l’homme qui n’a plus de passé. — Seul mon
moignon me fait mal. — J’ai loué une chambre d’hôtel pour être bien seul avec
moi-même. J’ai un panier d’osier tout neuf qui s’emplit de mes
manuscrits. Je n’ai ni livres ni tableau, aucun bibelot esthétique.
Un journal traîne sur ma table.
Je travaille dans ma chambre nue, derrière une glace
dépolie, Pieds nus sur du carrelage rouge, et jouant avec des
ballons et une petite trompette d’enfant : Je travaille à la fin du monde.
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