
JE NE SONGEAIS PAS A ROSE, J’ETAIS
Dans ma folie pris
et des doigts qui repeignaient
te sentais à travers le papier où poussaient tes mots
Que la mer veille…
Niala-Loisobleu – 13 Octobre 2021

JE NE SONGEAIS PAS A ROSE, J’ETAIS
Dans ma folie pris
et des doigts qui repeignaient
te sentais à travers le papier où poussaient tes mots
Que la mer veille…
Niala-Loisobleu – 13 Octobre 2021

Par quels détours suis revenu?
N’ai pas marché sur l’ombre
ni le déjà vécu
pas cherché l’entrée de la chambre
seulement la sortie
pas retourné langue ni poche
mais lampe dans les yeux,
et c’est le jeu
par l’autre bout des chandelles hors du chemin et sans adieux comme si
Bashô avait écrit des lettres de
Rodez –
Enfermé je m’évade
Par les quatre saisons
La folie est aussi
Ermitage d’illusion…
Par quel enfer suis reparti?
N’ai pas vendu de sel
ni de piège immortel
pas fait charité aux maîtres de vertu
seulement aux infidèles
pas brûlé d’encens de sapèques
mais une prière sans dieu,
et c’est le jeu
par échange des tours ou des reines
des extases ou des cris
comme si
Jean de la
Croix
explorant le
Tibet
arrivait pieds en sang
dans les ruines d’Iwang —
Pour toute la beauté
La nuit effacerai
Jusqu’à rendre aux
Bouddhas
Leurs sourires de terre…
Par quel secret suis d’ailleurs et d’ici?
N’ai pas renié le chant
ni la haute forêt
pas dormi sur la voie des miroirs
seulement sur tas de riz
pas recueilli de pluie
mais du sable ou du feu,
et c’est le jeu
par marche forcée du mystère avec impossibles refrains comme si chacun allait revoir en douce sa
Mongolie —
Printemps à fleur de peau
Sous les sabots d’un cheval…
Ai trop aimé les chansons pour naviguer à contre-écho, dans le poème la ballade est une mélodie au long cours un thé brûlant une vague un cerf-volant ou un
sanglot,
ai trop dérimé la raison pour sombrer à contre-chance, sur les dents les mots sont de souffle et d’orage de corde de cuivre de cuir et peau,
ai trop devancé la moisson pour gémir à contre-manque, sous le sens le tempo est un cœur sans cesse qui bat de proche en proche et dit que l’infini
se danse ou s’exaspère s’affame ou s’abolit et dit que le hasard est un pays qui passe et dit que les ténèbres se lèvent à midi.
Par quel espace suis investi?
N’ai pas choisi le nuage
ni le signe
pas repeint les frissons du décor
seulement la lumière rouge
pas limité le royaume mais l’acte des propriétés,
et c’est le jeu
que porte avec lui l’étranger
jeu de cartes blanches
où ne reste pas même
une marque de doigt –
Les autres nomment ton nom
Voient ton visage
Mais toi jamais
Tu ne te reconnais…

CLEMENCE,
J’ENTRE TES JE NOUS
Au bord d’en vie qui s’écarte de la lanterne des morts, je remonte au début de l’histoire quand nue de cessité elle plongeait sans masque aux grottes de ton genre
Niala-Loisobleu – 13 Octobre 2021
MATIN
Le coq égosillé chancelle comme un pitre.
Par grands coups de clarté, le soleil cogne aux vitres
Et, dans un remuement de feuillage et d’oiseaux,
Poursuit l’aube blottie au lit vert des roseaux.
Un volet qu’on entr’ouvre éveille le village.
Voici qu’un jardin bouge, où la poule saccage
La motte que blesse un furtif éraflement.
La coccinelle court et veut obstinément
Contourner du melon la panse lisse et ronde.
Le ciel crève d’été, toute la vie est blonde.
Des dindons hébétés picorent par erreur
Le rayon, sucre d’or. Une haute chaleur,
Lasse d’avoir plané, rabat son aile chaude
Sur les maisons, le sol. La ruche entière rôde.
Sur le sein plus rosé d’un calice mignon,
Comme une bouche, s’attarde le papillon,
Pendant que le soleil, sabot lourd de lumière,
Vient gravir le perron en écrasant le lierre.
Medjé Vézina

DES CAILLOUX
DE
MA POCHE
4
Tirés de mon bateau de nuit par le couteau d’un rayon de lune les pièces du rêve s’approchent de la fenêtre du rivage
Les treilles du ciel détachent avec peine cette impression que le toucher des grappes amène en silhouette
Dans ma mémoire, le patio à l’endroit qu’elles lient d’un bord à l’autre des façades montre son intime recoin, la table n’a pas été débarrassée du tête-à-tête qui a prolongé la soirée et je reconnais le chapeau qui tomba en premier de ton strip-tease sur le rocking-chair en rotin
La fontaine insomniaque n’arrête jamais ce bruit de vie sans heures
Pourquoi parmi les fleurs qui passent alentour j’ai l’image des cosmos montés sur leurs tiges en échasses ? Leur finesse dans le suspendu floral déclenche un processus organique dans ma relation entre toi et la couleur. Ils impriment au tissu des murs blancs la gamme des champs
Je vais noter à l’encre de chine ce que tu ne m’as pas donné, la couleur en écartera toute espèce de manque
Comme cette maison des abeilles ruche mot à mot la peau des figues au centre du jardin…
Niala-Loisobleu – 13 Octobre 2021
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