
SORTE DE BLEU
KIND OF BLUE
Sur la tache jaune d’un soleil étain
fais en sorte
Petit Peintre Bleu
de rendre l’opaque cristal.
Niala-Loisobleu – 11 Juillet 2021

SORTE DE BLEU
KIND OF BLUE
Sur la tache jaune d’un soleil étain
fais en sorte
Petit Peintre Bleu
de rendre l’opaque cristal.
Niala-Loisobleu – 11 Juillet 2021

Détestable l’image, imparfaite voisine
De corps anéantis, de sombres canots dans
Une mer adossée à cette chamoisine
Absorbant de ses plis l’écume de nos dents.
Un tesson de bouteille est mon drap ; Je naufrage
Comme un froid lit de fer sur des plages de lin.
Quelle mère oubliée achèvera l’ouvrage
Au coton de l’azur où mon être orphelin
Va de fil en aiguille… Immaculée lumière,
Les néons sont un cloitre égale à ce fado
Qui m’irise le corps de béantes ornières
Où tombent mes os comme un jeu de mikado.
Une mer de silence et des arêtes vives
Tranchent le cou des mots et des choses aussi
Amères que les dents de cruelles convives
Mordent mes lèvres aux morsures du souci.
L’amertume du soir qui sommeille, tranquille,
Berce le hamac des longues après-midis
Somnambules au bras d’une calme presqu’ile
Tenant à presque rien dans mon être affadi.
Villar Garcia Célédonio
Extrait de: Les poètes des jonquilles (Edilivre)

À propos de Hegel.
« Jacques d’Hondt, qui a écrit deux livres remarquables sur la philosophie de Hegel, vient d’en publier deux autres qui constituent une sorte d’enquête sur sa vie, ses
amitiés, ses lectures, sur ses « fréquentations « , au sens complet du terme : Hegel secret et Hegel en son temps. // ne cherche aucunement â expliquer, mais â éclairer
ses œuvres par son existence. Hegel a souffert d’une grande injustice. On a vu en lui le type du professeur, du fonctionnaire discipliné, l’admirateur sans réserve de l’État
prussien. Avec autant de perspicacité que d’érudition d’Hondt fait connaître l’homme anxieux, le citoyen rétif, l’ami des persécutés. Certes, quand il s’agit d’un
philosophe, on ne saurait se fier à l’adage : dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es! Mais en changeant l’éclairage sur l’homme, on éclaire aussi différemment
l’œuvre. La » vie cachée » de Hegel fut celle d’un libéral fiché par la police. Il a dialogué avec les girondins français, les illuminés allemands et les
francs-maçons internationalistes. Sans vouloir en tirer plus qu’il ne convient, l’auteur montre que la Phénoménologie retrace un itinéraire de la conscience qui rappelle les
séances d’initiation maçonnique, un parcours de néophyte dans la loge théâtralement aménagée – comparaison qui est de Hegel lui-même. » Raison et
liberté restent notre mot d’ordre, et notre point de ralliement l’Église universelle « , écrivait-il à Schelling. Toute la pensée hégélienne, jusque dans sa
maturité, enfonce des racines nombreuses et vigoureuses dans la Révolution française.
Tel n’est aucunement l’objet de l’ouvrage dense et clair de Châtelet. En moins de 200 pages, il réussit la gageure de nous faire participer à la construction comprékensive
du système hégélien.
La conscience se faisant esprit, c’est la Phénoménologie.
L’esprit enfin s’exprime essentiellement dans la création artistique, la vie religieuse et la réflexion philosophique. L’art est son premier moment. Cest l’esprit dans son expression
sensible, donnant des idées les plus élevées une représentation concrète qui nous les rend accessibles. La religion est la vérité de l’art. Le devenir des
religions est le devenir même de l’esprit en son immédiateté. La mutation décisive s’opère lorsqu’on passe des religions déterminées, » ethniques « , au
christianisme. Avec l’incarnation, l’opposition abstraite de la finitude et de l’infini s’abolit. La philosophie est la vérité de la religion comme la religion est la vérité
de l’art. Toutes les productions humaines sont ainsi situées, rendues intelligibles, transparentes. La philosophie, d’ailleurs, n’a pu se réaliser comme savoir absolu,
c’est-à-dire prendre pleine conscience d’elle-même comme dit de l’esprit qu’au moment où l’esprit se réalise objectivement, si l’on peut dire. Cette réalisation c’est
l’État. Certes l’État moderne, napoléonien ou prussien, n’est pas encore l’État mondial qui clôt l’histoire. L’État universel est à venir. Mais on
connaît son essence, ce qui permet â la philosophie de s’achever. Avec la fondation de l’État, dit Châtelet, le savoir absolu sait de quoi au fond il est savoir : de la
formation de l’humanité par ellemême, du cheminement dramatique de l’esprit se construisant dans le fracas des guerres et les tragédies quotidiennes du travail. L’État
moderne achève l’histoire universelle comme la science conclut la pensée. »
Ils parlent entre eux comme ils écrivent
entre les lignes
les uns ont un abîme et les autres
un trou, un mur, un fossé, une impasse.
Jacques Prévert

J’aurais voulu écrire un livre
sur le bonheur de vivre
où la joie
éclatait en explosions successives
où le matin
était l’angoisse heureuse d’être
où le crépuscule du soir
était un apaisant baiser de l’inconnu
j’aurais voulu
être mangé comme un fruit de lumière
être bu comme une tisane de bonté
j’aurais voulu vous présenter
le merveilleux bouquet de roses sans épines
que je n’ai pas trouvé
Du temps que j’étais milliardaire
un éléphant vêtu de noir
près de moi vint s’asseoir
en me disant pardon confrère
Du temps que j’étais souris blanche
je suis sorti de souricière
au jour perdu de ma naissance
mais je n’ai pas gagné au change
Du temps que j’étais hanneton je fus aussi dans la prison
de l’allumette et dans celle des horizons
Du temps trouvé pour être un homme
et pour penser à moi aussi
je n’ai cueilli sur l’arbre que la pomme
pleine des vers de mon souci
à
Edouard
Faucon
O nuit horrible
aurore horrible
soleil horrible
mémoire horrible
ô dérisoire identité
universelle vacherie
Et si le
Jésus-Christ est
Dieu
tant mieux
et mieux vaut lui qu’un autre
crocodile spirituel
Vous le voyez
j’ai quelquefois la connerie de croire
en des instants d’immense lassitude
que je me ferais bien
à sa mâchoire
ainsi qu’un très petit oiseau du
Nil
Fusillez-moi je l’autorise
Et ne pas faire le dresseur de puces intellectuelles
et ne pas oublier lorsque je mange que mon petit chien me regarde
et penser quand je fais l’amour que c’est acte de dieu
et dévorer le monde en affame de vérité
à
Armand
Simon
N’importe quel homme peut bien m’assassiner
au tout premier tournant venu
et je dirai
adieu veaux vaches cochons couvées
très calmement
ainsi que se prononce
le mot dormir
dormir dans la voiture du néant
traînée
par quatre sauterelles sans mémoire
chacun sachant
ce que parler veut dire
Douce maman soyez heureuse auprès de
Dieu
ne pensez plus à moi
je vous en prie
oubliez-moi dans l’inconnu
dans
Pinescamotable aventure de vivre
dans son atrocité
autorisez que s’accomplissent
les derniers pas d’irréparable
à
Paul
Michel
Avoir tiré des dizaines de fois
à boulets rouges sur son âme
son cœur
et progresser
avec l’imprudence du sage
dans les ruines de son propre destin
c’est vivre
c’est modeler dans l’invisible
la matière indissoluble de son noyau
c’est graver
dans la muraille d’ombre
les traits secrets de son dernier visage
Hommes
vous m’entourez de toutes parts
hommes
ma bonne volonté vous cerne
hommes
vous torturez les étendues
les façades de l’incidence
les oripeaux de la saison
les sédiments spirituels
hommes
je suis en vous à votre insu
je suis la belle négation
de vos maîtresses prétendues
hommes je suis toujours en vous
comme un serment de contingence
d’étonnante fidélité
d’aromatique probité
hommes
vous ne pourrez jamais m’atteindre
que dans le sang que je vous donne
à
Albert
Snchelbaut
Un jour viendra sans doute où nous serons
en communication
avec le monde des insectes
avec les termites muets
avec les aveugles fourmis
Qu’est-ce que parler humain veut dire
au fond du gouffre de la pensée !
Et je me vois très bien
buvant un bock
avec un insecte asexué
à la table effrayante de l’éternité
Insecte
je bois à ta santé
à nos bonnes santés interminables
Écrire le poème unique qui a plus d’importance
que d’être né que d’être encore en vie
Écrire le poème unique
intraduisible
de survie
l’ayant porté en soi
humainement
comme a porté Marie
Achille Chavée
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