Jour : 14 juin 2021
Ne les réveillez pas – Gérard Manset

Ne les réveillez pas – Gérard Manset
Ne les réveillez pas
Ils sont dans leur sommeil
Comme de petits œufs
Comme de jeunes abeilles
De simples arbrisseaux
Poussant près des fontaines
D’où naissent toutes les eaux
Toutes les rivières idem
Ne les réveillez pas
Ils sont dans leur sommeil
Un ongle de mica
Et la lèvre vermeil
Tandis qu’au-dessus d’eux
Une forme attentive
Songe aux instants d’avant
Où elle était pareille
Elle était semblable
Rangée sous une table
Haute comme une chaise
Petit meuble bancal
Ne les réveillez pas
Ils sont dans leur sommeil
Ce songe est indolore
Qui conduit là-bas
On en a vu des équipages
S’endormir, s’endormir
S’endormir comme ça
Ne les réveillez pas
Ils sont dans leur sommeil
Comme de petits soldats
Raisins sur une treille
Qu’on ne cueillera pas
Au milieu des vallons
Et des vallées sans nombre
Regardez-les dans l’ombre
De jouets insignifiants
Dans la chambre lilas
Ne les réveillez pas
Ils sont dans leur sommeil
Ce songe est indolore
J’ai refermé la porte
De ce monde-ci
Afin que rien ne sorte
Comme d’un petit enclos
Au flanc d’une colline
Où les choses poussent
Pour se couvrir bientôt
D’une toison rousse
Lorsque l’automne est là
Ne les réveillez pas
Ils sont dans leur sommeil
Ce songe est indolore
Qui conduit là-bas
J’ai refermé la porte
Ne me demandez pas
Si cette chambre existe
Si elle n’existe pas
Comme une place forte
Tandis que j’ai marché
Dans la chambre lilas
Ne les réveillez pas
Le reste est sans objet
Ce songe est indolore
LE TABLEAU DE BUEE

LE TABLEAU DE BUEE
Dans l’aiguille le fil de voix s’enfile au bout des doigts
l’atmosphère s’embue durant l’installation des étals au marché couvert
Dehors c’est la remise des cageots à l’entrée des demains
hier s’est tétin nouveau-né
Du poil reste sur le passage des ras musqués
un chat efflanqué guette les miettes au banc du fromageL
L’espoir a toujours faim d’un passage surélevé pour visiter les étapes du Grand Magasin de la Samaritaine
pendant que la Seine a été déménagée des douves du Louvre, les antiquaires se sont abonnés au musée
Le moment bute sur sa confusion entre l’avant et l’après
difficile, voire inexplicable à justifier le retournement, à moins que ça ouvre une piste sur l’inconnu à l’heure du réallumage des feux
Sous l’arc un vol de grives remonte les chants élysées
Offenbach fanfare
D’un remous du bassin l’arlésienne cache son absence de maillot à l’avenue
Par une fenêtre en terrasse sur la cour, une radio nostalgique évade l’Appel du 18 Juin 40
remontée aux fortes-marées des carreaux-cassés pour ranimer le sel aux marais
La croix de Lorraine en résistance étreint la fenêtre de ses grands bras pugnaces.
Niala-Loisobleu – 14 Juin 2021
Le pèlerin sentinelle de Gabrielle Althen

Le pèlerin sentinelle de Gabrielle Althen
la mer se hérisse de plumes
Enfance , un doigt de vent écrit sur terre !
Et tout cela fait deux jeux pour un salut
Au bout du soir
Proche l’abîme
Le tout s’invente entre des ailes
O colombe , tu chuchotes
Ce bel ordre
Et la neuve symétrie
De deux bleus sobres qui s’absentent!
Gabrielle Althen
SUR DES EAUX CLAIRES

SUR DES EAUX CLAIRES
Le bleu navigue
bien sûr l’oiseau ailé lui
Au débouché de l’arche
Noé
sourit
Du pincement de l’écluse
monte ce cri
un enfant grimpe au-dessus par l’échelle à poissons
C’est le Canal du Soleil qui se donne à coeur joie.
Niala-Loisobleu – 14 Juin 2021
Du Profane au Camino del indio – Atahulpa Yupanqui & Niala

Du Profane au Camino del indio – Atahulpa Yupanqui & Niala
Se cacher habillé ou s’apparaître nu ?
Déformer ou se reconnaître ?
Le profane initiera le choix d’être ou de ne pas
La montagne est fête de sa glissade ou de son escalade…
Niala-Loisobleu – 21 Juin 2021
CAMINO DEL INDIO
Sentier de Colla
Sendero colla
Semer des pierres
Sembrao de piedras
Caminito del Indio
Caminito del indio
Qui rejoint la vallée avec les étoiles
Que junta el valle con las estrellasPetit chemin qui marchait
Caminito que anduvo
Du sud au nord
De sur a norte
Mon ancienne race
Mi raza vieja
Avant dans la montagne
Antes que en la montaña
La pachamama était obscurcie
La pachamama se ensombrecieraChanter sur la colline
Cantando en el cerro
Pleurer dans la rivière
Llorando en el río
Il s’agrandit dans la nuit
Se agranda en la noche
Le chagrin de l’Indien
La pena del indioLe soleil et la lune
El sol y la luna
Et cette chanson à moi
Y este canto mío
Ils ont embrassé tes pierres
Besaron tus piedras
façon indienne
Camino del indioDans la nuit de la montagne
En la noche serrana
La quena pleure sa profonde nostalgie
Llora la quena su honda nostalgia
Et la petite route sait
Y el caminito sabe
Qui est le chola
Quién es la chola
Que l’indien appelle
Que el indio llamaMonte sur la colline
Se levanta en el cerro
La voix douloureuse du baguala
La voz doliente de la baguala
Et la route regrette
Y el camino lamenta
Être à blâmer
Ser el culpable
De la distance
De la distanciaChanter sur la colline
Cantando en el cerro
Pleurer dans la rivière
Llorando en el río
Il s’agrandit dans la nuit
Se agranda en la noche
Le chagrin de l’Indien
La pena del indioLe soleil et la lune
El sol y la luna
Et cette chanson à moi
Y este canto mío
Ils ont embrassé tes pierres
Besaron tus piedras
façon indienne
Camino del indio
Atahualpa Yupanqui
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