
LA LAMPE OBSCURE
Parmi cet empire de nuits
et d’arbres maudits qu’habite pire que le pire, il n’est pas d’issue au dédale où l’être erre et délire.
Les silex n’y donnent pas de feu.
Les cris n’y ont pas d’échos.
Tout y reste étranger
— pareil à l’échec.
Quel commencement est coupable et quelle fin est pardonnée ?
Se multiplier autour de soi-même n’accomplit rien
sans la soif
de cette inépuisable eau pure
qui sourd du sacre.
Privée d’huile
la lampe du berger s’éteint après la veillée
et l’appel de l’ultime troupeau dans la neige.
Le lieu de la plus haute
Lumière est la
Ténèbre sainte
qui n’a pour preuve que la foudre.
Seules d’inconsolables larmes en ouvrent parfois le sens — l’offrande
à la ville inconnue dont nul n’approche la profondeur.
Apprendre à se nourrir des secrètes sèves de la vie est nécessaire
à toute métamorphose.
Elle mûrit l’amour
comme un sourire — comme une fête
sur chaque visage intérieur
ou la sérénité de la mer
autour des îles.
Fût-elle énigme
la félicité est patiente ainsi qu’une lionne à laquelle suffit la
Terre complice de ses chasses.
Ce qui l’annonce ne demande au sang
al louable à la bénédiction que de ne pas lui résister.
Les fenêtres où le front s’appuie se peupleront de désirs
que la mort, peut-être, épargnera — laissant indemnes les dieux blancs qui les animent.
Mais quand,
aussi forte que soit la parole
de paix et d’union,
elle demeure,
dans la terrible surdité du monde,
une voix vaine ou interdite,
comment opérer les noces
de l’or et du lait ?
Jean-Claude Renard
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.