PETIT JOUR


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PETIT JOUR

 

Mouche cachée sous la houppette de la marchande

De violettes, un flacon de regret

Passe devant le pare-brise du camion de lait.

Aux
Halles, on entasse des billes rouges dans l’ouate.

La vaisselle neuve du soleil

Émerge derrière les toits empaquetés par la neige

Et, sous l’immense sombrero de la surveillance,

L’ouvrier avance. Éveillé par le déclic de l’essaim,

Fouetté par un orage de grêle agacée,

Il perce la terre à jour.

Ensablés dans le limon ancien des grisailles

De la
Villette, quelques êtres patients sécrètent

L’étincelante toile de la victoire.
Rosée émue,

Cristallisée au bord des lèvres dévêtues,

Grande, effritée, cascadeuse, effrontée,

L’atmosphère de la ville rejette son vieux skunks

Sur ses épaules boueuses. —
Le sommeil d’un muet

A stoppé mon poème à l’instant de la sirène.

 

Alain Jouffroy

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