L’EPOQUE 2019/47 « LES VILLAGES BLANCS V »


Voici « LES VILLAGES BLANCS V » le quarante-septième de cette nouvelle Epoque 2019 avec BARBARA AUZOU.

C’est un travail à quatre mains , merci d’en tenir compte dans vos commentaires et vos like. 

les villages blancs 5

  L’EPOQUE 2019/47

« Les Villages Blancs 5 »
Niala
Acrylique s/toile 65×54

 

On a lavé nos cœurs dans la rivière

Tu avais des poissons entre les seins

Qui coulaient de bonheur. J’avais

Le sens de la quête et un goût du bâti certain.

Notre maison serait ouverte sur la mer

Les arbres s’y inviteraient par les fenêtres.

Les versants du relief y seraient adoucis

Et au-dessus de cette innocence retrouvée

Se balanceraient les fruits et les preuves de la vie

À la coupe de nos gestes.

Je crois bien que c’est à l’aube de nos mains

Quand point le premier soleil

Que l’on conçut dans un sourire l’idée

D’un enfant buissonnier

Abeille d’un escalier perpétuel qui sait

Ce qu’aimer veut dire

Et voleur amendé de figues et de raisins.

 

Barbara Auzou

12 réflexions sur “L’EPOQUE 2019/47 « LES VILLAGES BLANCS V »

  1. J’ai une tendresse particulière pour celui-ci dont la grace du geste me fait monter les larmes aux yeux…C’est comme boire un peu de ciel tout en protégeant les fruits, Mon…
    Nous laisserons sécher les blancheurs aux terrasses, je te le promets, pour connaitre l’émerveillement de la petite feuille verte dans la crue des lumières…

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  2. Ta féminité l’habite d’un pouls qui fait la queue du chien métronome d’une sensuelle fenaison

    Il y a l’orbe du déploiement vertical

    Ce bruit d’ailes propre à la figue qui se fend

    Le fruit rouge du coquelicot ceint dans les blés

    Et l’éternelle marguerite au trou du souffleur pour éviter le blanc des acteurs

    Vie en pleine nature d’un rêve entretenu au galop de la quête…

    N-L

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  3.  » Au fond, si la vérité nous fait parfois défaut, c’est parce que nous avons commencé à lui manquer en prétendant la régenter et la connaitre…Heureusement personne ne vient chercher l’enfant puni, l’enfant rêveur. Par bonheur, personne ne lève sa punition et il peut jouir longtemps d’une vue imprenable sur l’éternité..Il lave les ténèbres sur son visage avec un peu d’eau de pluie et la vie est là comme un regain de sang sous les tempes… »
    L’enchantement simple, Christian Bobin…

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    • LA GOGUETTE – PROSE

      Nous n’attendîmes pas cette heure. Une affiche bizarre attira notre attention. Le règlement d’une goguette était affiché dans la salle :

      Bury, président. Beauvais, maître de chant, etc. Art. 1er. Toutes chansons politiques ou atteignant la religion ou les mœurs sont formellement interdites 2° Les échos
      ne seront accordés que lorsque !«

      président le jugera convenable 3° Toute personne se présentant en état de

      troubler l’ordre de la soirée, l’entrée lui en sera

      refusée. 4° Toute personne qui aurait troublé l’ordre, qui,

      après deux avertissements dans la soirée, n’en tiendrait

      pas compte, sera priée de sortir immédiatement.

      Approuvé, etc.

      Nous trouvons ces dispositions fort sages; mais la Société lyrique des Troubadours, si bien placée en face de l’ancien Athénée, ne se réunit pas ce soir-là.
      Une autre goguette existait dans une autre cour du quartier. Quatre lanternes mauresques annonçaient la porte, surmontée d’une équerre dorée.

      Un contrôleur vous prie de déposer le montant d’une chopine (six sous), et l’on arrive au premier, où, derrière la porte, se rencontre le chef d’ordre.

      « Êtes-vous du bâtiment? nous dit-il.

      — Oui, nous sommes du bâtiment », répondit mon ami.

      Ils se firent les attouchements obligés, et nous pûmes entrer dans la salle.

      Je me rappelai aussitôt la vieille chanson exprimant l’étonnement d’un louveteau * nouveau-né qui rencontre une société fort agréable et se croit obligé de la
      célébrer : « Mes yeux sont éblouis, dit-il. Que vois-je dans cette enceinte?

      Des menuisiers ! des ébénisses! Des entrepreneurs de bâtisses /… Qu’on dirait un bouquet de fleurs, Paré de ses mille couleurs »

      Fils de maître, selon les termes de compagnonnage.

      Enfin, nous étions du bâtiment — et le mot se dit aussi au moral, attendu que le bâtiment n’exclut pas les poètes; — Amphyon *, qui élevait des murs aux
      sons de sa lyre, était du bâtiment. II en est de même des artistes peintres et statuaires, qui en sont les enfants gâtés.

      Comme le louveteau, je fus ébloui de la splendeur du coup d’oeil. Le chef d’ordre nous fit asseoir à une table, d’où nous pûmes admirer les trophées ajustés entre
      chaque panneau. Je fus étonné de ne pas y rencontrer les anciennes légendes obligées : « Respect aux dames 1 Honneur aux Polonais! » Comme les traditions se
      perdent!

      En revanche, le bureau, drapé de rouge, était occupé par trois commissaires fort majestueux. Chacun avait devant soi sa sonnette, et le président frappa trois coups avec le
      marteau consacré. La mère des compagnons était assise au pied du bureau. On ne la voyait que de profil, mais le profil était plein de grâce et de dignité.

      « Mes petits amis, dit le président, notre ami va chanter une nouvelle composition, intitulée la Feuille de saule. »

      La chanson n’était pas plus mauvaise que bien d’autres. Elle imitait faiblement le genre de Pierre Dupont. Celui qui la chantait était un beau jeune homme aux longs cheveux noirs, si
      abondants qu’il avait dû s’entourer la tête d’un cordon, afin de les maintenir; il avait une voix douce parfaitement timbrée, et les applaudissements furent doubles, pour
      l’auteur et pour le chanteur.

      Le président réclama l’indulgence pour une demoiselle dont le premier essai allait se produire devant les amis. Ayant frappé les trois coups, il se recueillit, et, au milieu du
      plus complet silence, on entendit une voix jeune, encore imprégnée des rudesses du premier âge, mais qui, se dépouillant peu à peu (selon l’expression d’un de nos
      voisins), arrivait aux traits et aux fioritures les plus hardis. L’éducation classique n’avait pas gâté cette fraîcheur d’intonation, cette pureté d’organe, cette
      parole émue et vibrante, qui n’appartiennent qu’aux talents vierges encore des leçons du Conservatoire.

      Gérard de Nerval

      Du Nerval dans cette folie me semble digne , d’ailleurs il est du bâtiment, le bougre, en voilà un que l’aqueux a du faire frétiller comme un marsupilami en grimpant tout ce qui passa à portée du prétendu sensé…
      N-L

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