Jour : 22 avril 2018
DEUX SONGES
DEUX SONGES
Je dormais dans une maison prise par le brouillard.
Un songe que j’aurais pu faire éclairait le jardin
Et dans le brouillard du sommeil je tâtonnais en vain
Pour entrer dans cette lumière absente et véritable.
Cependant je croyais toucher l’herbe minutieuse
Et les cailloux à jamais dénombrés ne m’étaient pas Étrangers, ni l’orme sans ombre auprès de la clôture
Où la rose morte brûlait d’un souterrain éclat.
M’étais-je confondu avec la paix inaccessible
Au voyageur, avec la pierre où je voulais m’asseoir? Éveillé j’ai fait quelques pas dans la lumière aveugle
Et j’ai vu s’avancer mon double ; il m’a pris dans ses bras.
Disant : puisqu’un songe en dehors du songe nous
rassemble,
Il faut prier ; tes yeux ouverts ne se fermeront plus,
Tes yeux qui voient.
Jacques Réda
QUAND LE VENT FORCE LES FENÊTRES
QUAND LE VENT FORCE LES FENÊTRES
Quand le vent force les fenêtres,
annoncé par tant de portes, tant de forêts battantes,
et que le soir passe sa tête
dans ce qui reste, immobile et défiguré,
Quand la rue s’accroche aux lumières qui, d’un seul coup, tirent à elles tout le ciel, lourdes du feu qui s’écoule des carreaux, étranges prisonniers au long des
villes,
il faut dominer l’amour, le dénuder
du sang qui en fait une soif sans remède,
le jeter aux gueules du sexe
comme un vivant qui s’éveille en plein incendie,
il faut oublier les mots trop tendres
qui tremblent dans la bouche comme des feuilles
et, crispé sur la chair comme les racines autour de la terre,
il faut fermer la femme à la clarté du jour.
Dans la ville, que le soir rassemble en hâte autour des murs, autour des lampes livides, la pluie tombe, transpercée de vent et le monde comme un tunnel rampe dans la nuit.
Lucien Becker
BEN DE SOLEIL

BEN DE SOLEIL
Ce soleil est à maudire la robe qui cache ses pensées
le vent qui me pousse les herbes au nez me fait chantonner:
Tu finiras sur la paille
d’une chaise de cuisine
toi et tes recettes de l’attente
Tes dessous
pleins de suggestions bonnes qu’aux vitrines
quand je vois là par où il faut passer pour un entretien particulier
sans que le chien, la voisine, le lait sur le feu ou la fille en visite interposent
ça me fout les boules…
N-L 6 22:04:18
« La Postérité du soleil » de René Char & Albert Camus
LE MUR
LE MUR
L’horizon sorti des fenêtres,
la musique porteuse d’un genre rapproche des couloirs du labyrinthe d’un autre
Entre la clarté et le noir un mur a érigé une frontière
Guernesey qu’étais-tu: mirador ou belvédère
combien Victor a du méditer sur le tout et son contraire
île au trésor ou exil castrateur ?
Tu te crois au large,
au matin t’ouvre le hublot
et découvre que t’es garé aux bateaux inertes de St -Tropez
les ris d’eaux peuvent en cacher d’autres.
Niala-Loisobleu – 22 Avril 2018



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