
DURE A PASSER – JACQUES BERTIN
Tu as traîné toute la nuit dans les bistrots du centre,
Tu rentres chez toi, tu prends un papier, un crayon,
Mais rien ne vient parce qu’il n’y a rien à dire, au fond,
Tu prends un bain, puis tu prépares ton suicide,
Quelquefois, la nuit est bien plus courte qu’on imagine,
La mort vient vite, et c’est trop tard, le jour est là,
Dans l’arbre, toujours le même, volià déjà le rossignol,
Jour qui vient à poignarder, tu es livide,
Je sens, je sens tous ceux qui, cette nuit, sont seuls,
Qui vont passer la nuit, tenant la main courante,
A regarder le gouffre, à y sombrer,
Je sens la mort qui jaillit du miroir éclaté
Il faut descendre dans la rue, il faut peupler la nuit,
Il faut prendre la mort au licol et l’amener boire
Ensemble, dans une aurore lumineuse, des gouttes de rosée,
Que seront les mots innombrables, par nous, au sol, déposés
Ô mon âme, quand je serai sur l’autre versant de la nuit,
Je serai dans le sel de tes larmes, à toi seul,
Ce soir, la mort pose son muffle chaud sur mon épaule,
Comme une bonne compagne pas trop dérangeante, pour le moment
Jacques Bertin








Vous devez être connecté pour poster un commentaire.