La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
Ohh, tu as tellement, tellement, tellement Ohh, you’ve got so much, so much, so muchBeaucoup ai-je aimé, et plusieurs fois été mordu Many have I loved, and many times been bitten
Plusieurs fois j’ai regardé le long de la route ouverte Many times I’ve gazed along the open roadPlusieurs fois j’ai menti, et plusieurs fois j’ai écouté Many times I’ve lied, and many times I’ve listened
Plusieurs fois je me suis demandé combien il y avait à savoir Many times I’ve wondered how much there is to knowBeaucoup de rêves deviennent réalité, et certains ont des lueurs d’espoir Many dreams come true, and some have silver linings
Je vis pour mon rêve, et une poche pleine d’or I live for my dream, and a pocket full of goldMellow est l’homme qui sait ce qu’il a manqué Mellow is the man who knows what he’s been missing
Beaucoup, beaucoup d’hommes ne peuvent pas voir la route ouverte Many, many men can’t see the open roadBeaucoup est un mot qui ne laisse que deviner Many is a word that only leaves you guessing
Deviner une chose que tu devrais vraiment savoir, oh, oh, oh, oh Guessing ’bout a thing you really ought to know, oh, oh, oh, oh
Je devrais vraiment savoir (oh, oh, oh) Really ought to know (oh, oh, oh)
je devrais vraiment savoir I really ought to know
Oh Oh
Tu sais que je devrais, tu sais que je devrais, tu sais que je devrais, tu sais que je devrais You know I should, you know I should, you know I should, you know I should
TROIS FRAGMENTS DE L’HYMNE IMPOSSIBLE PAR PIERRE OSTER
La terre est un savoir ! D’où les eaux, d’où les rochers jaillissent. La nuit, la plaine et la mer fondent un savoir proche des murs. Et, là, là ! la, solitude aux couleurs de la nudité des choses, Le soleil gravit les collines… Il redescendra dans les champs, Dans les mares, dans l’herbe. Autant de mares, autant de portes Par où le ciel rejoint le chaume… Arbres meurtris, chemins détruits,
La campagne se tait. J’en conjure, en accepte la paix. Le silence Signifie-t-il que les talus… si hauts, face au dieu du Tout, Que les talus, de l’orbe des planètes au labyrinthe des plantes, Ferment sans cesse une prison ayant la forme d’un vallon ? D’un vallon protecteur. Et, grâce à l’humus, à quelque manne Humide, à la richesse de la rosée, au repos déjà solennel Du matin, je me voue à l’espace… À sa beauté je m’inféode Bien avant que les heures ne brillent… Ah ! je mesure à loisir Le petit jour… Sur l’horizon le soleil s’arrondit, s’exalte. La nuit le couronne… Ah ! le soleil nous dicte et nous Vole une réponse ! Alors la pluie, infime, élémentaire, Orne des traces qui m’enchantent, étouffe à présent le fanal Qui, augurai, fatal, à la surface, à l’intérieur des gouttes, Vacille et les épuise… Imagination, quête et création D’un royaume. Et je serre ou je lâche une poignée de brindilles. Je me veux serviteur, gardien, complice et tenant du poème épars Des sens. Serviteur des maisons dans leur sommeil. D’une
grange,
D’une charpente… Un édifice, un creuset… Le ciel pourvoit À notre besoin d’infini… Le temps compose et cohabite Avec les vagues ! Avec les vagues, avec les vagues. Avec Des sentiers que nul ne sonde ! Avec des carrières, des grottes Doucement désertes… Avec de nouveaux rochers sous la voûte
des écueils,
Héros de l’abîme ! Et le jour vient à les surprendre au niveau de
la mousse,
De l’écume. Audacieux, plus qu’audacieux, presque audacieux, Nous les interrogeons
Restons fidèles à la tendresse de la lymphe
Laissons-nous conduire à l’unité des fleurs. Unité abondante. Et
La règle est de croître… Du côté d’une frontière ou d’une ligne
d’îles,
La très chaste et très vénérable et redoutable Vénus Nous domine. À l’aplomb des toits les étoiles clignotent, La nuit s’en empare ! Ah ! me soumettre à la naissance du soleil, À sa plénitude… Avoir le désir d’accompagner pas à pas sa solitude.
Pur, précieux, facile embrasement des bâtiments de l’éther, De maints bassins monumentaux ! Le jour se relance et nous
drosse
Le long d’une plage… JJ vogue. Il abrite un port abrupt. J’en scrute et j’en occupe, en défends la grandeur. Je m’en inspire. J’ordonnerai, je retrouverai, dirai, surgeons, drageons. Surgeons ! détaillerai à souhait les mots d’un éloge des feuilles. Un baume se répand sur la blessure des bois. La lune au bout de
nos doigts
Varie et nous séduit. Nous devinons que le brouillard consume, De la tôle des hangars aux piliers du temple et de la base des
hangars
À la grange, allume et consume un absolu de transparence. Notre lot? Guetter, prudemment, Fépiphanie du feu. Épier le
retour
Du guide obscur… J’oublie, à fouler le sol, je rêve ou j’évoque La bataille des saisons. Je recherchç et m’attribue le butin Que l’automne pille. Et l’hiver le confie au matin. Les mois
commandent
De sauver la sève… Au gré d’une voix, d’un chant parfait. Immobile, immobile et mobile, encore immobile et mobile, Le soleil détecte une route, instaure un paradis de roseaux (dont La pointe nous frôle) et lui dispute la mer. La mer recule, Nous apprend l’orgueil du jusant. Le vent, le tisserand. Hisse une voile, la détisse… Appareillage ou naufrage En guise de message. Attentifs, actifs, sereins, captifs, Il nous échoit de saisir, de choisir la sainte poussière, D’épouser la fortune inégale !
Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent Qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents Ne vous laissez pas attacher Ne permettez pas qu’on fasse sur vous des rêves impossibles On est en amour avec vous Tant que vous correspondez au rêve que l’on a fait sur vous Alors le fleuve Amour coule tranquille Les jours sont heureux sous les marronniers mauves
Mais s’il vous arrive de ne plus être Ce personnage qui marchait dans le rêve Alors soufflent les vents contraires Le bateau tangue, la voile se déchire On met les canots à la mer Les mots d’amour deviennent des mots couteaux Qu’on vous enfonce dans le cœur La personne qui hier vous chérissait aujourd’hui vous hait. La personne qui avait une si belle oreille Pour vous écouter pleurer et rire Ne peut plus supporter le son de votre voix
Plus rien n’est négociable On a jeté votre valise par la fenêtre Il pleut et vous remontez la rue Dans votre pardessus noir Est-ce aimer que de vouloir que l’autre Quitte sa propre route et son propre voyage ? Est-ce aimer que d’enfermer l’autre Dans la prison de son propre rêve ?
Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent Qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents Ne vous laissez pas rêver par quelqu’un d’autre que vous-même Chacun a son chemin qu’il est seul parfois à comprendre
Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent Si nous pouvions être d’abord toutes et tous Et avant tout et premièrement Des amants de la Vie Alors nous ne serions plus ces éternels questionneurs, ces éternels mendiants Qui perdent tant d’énergie et tant de temps À attendre des autres, des signes, des baisers, de la reconnaissance
Si nous étions avant tout et premièrement des amants de la Vie Tout nous serait cadeau, nous ne serions jamais déçus On ne peut se permettre de rêver que sur soi-même Moi seul connais le chemin qui conduit au bout de mon chemin Chacun est dans sa vie et dans sa peau À chacun sa texture, son tissage et ses mots
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