PARADE


PARADE

Chapiteau en vadrouille

M. Loyal

déselle

en piste

comme une marguerite

tire son pétale à la courte-paille

sans orchestre dans le kiosque à musique

ni de clown-blanc en cage dans la ménagerie.

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Niala-Loisobleu.

20 Avril 2024

MON JARDIN D’ENFANTS


« FEMME COUSANT » PIERRE BONNARD

MON JARDIN D’ENFANTS

D’un côté la mer

de l’autre l’abus de pouvoir

Les chemins de la liberté me font penser au tapis à clous du fakir

il est patent que j’ai confondu femme avec tapis-volant

j’entends par là la mère de mes enfants

Chaque fois qu’on décapite l’hydre sa tête repousse

aussi à 91 ans il me semble plus que nécessaire de sortir de cette croisade

pour ne pas mourir de panne de pène au coeur

en me laisser finir tel que je sers à rien

hormis me reconnaître

Le peintre que je suis n’y a vu que du bleu

je suis descendu de mon escalier sans abandonner

quel sacré foutu paradoxe pour un amoureux aussi pugnace que moi

mais puisque le bout du couloir se refuse d’ouvrir à chaque tentative

sans me faire juge

je renonce à croire que le décousu se répare fil à fil

Toute cette peinture empreinte de mon Manifeste

rejoindra le néant de mon histoire

grande tristesse, infinie solitude de la surdité, gâchis de foi, absurdité de la pureté viscérale

Les derniers cris de Marthe me remontent à la surface

comme l’absurde ne séparera jamais

l’Ô du Sel

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Niala-Loisobleu.

20 Avril 2024

LES PLANTES


LES PLANTES

L’herbe remue

des cailloux s’enfoncent

je me tiens à la surface transparente

d’une couleur qui garde au jour le jour

une attache au point de départ onirique .

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Niala-Loisobleu.

19 Avril 2024

TRI PORTEUR


EDOUARD VUILLARD

TRI PORTEUR

L’énergie sépare l’inutile du nécessaire

au pied des marches

bon goût au palais

nettoies

remontées d’estomac acides

Je préfère n’avoir pas plu

que de me savoir béni oui ouiste.

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Niala-Loisobleu.

19 Avril 2024

« L’OISEAU BLEU » – NIALA 18/04/24 – ACRYLIQUE S/TOILE 55X46


« L’OISEAU BLEU »

NIALA 18/04/24

ACRYLIQUE S/TOILE

Comme un arc-en-ciel
Porté par les vents,
Un rêve qu’on balaye
Un espoir laissé au temps,

Écris pour moi ce poème,
Celui des jours bohèmes
Celui des jours heureux.

Comme l’azur et l’aigue marine,
Persan sur pastel te dessines.
Céleste couleur du bleu,
Reflet au fond de mes yeux.

Comme un bruissement de plumes
Sous le soleil du Rajasthan,
Comme le mouvement des dunes
Le glissement du sable s’entend.

Petite plume trempée à l’encre des cieux,
Grace éphémère à l’envol merveilleux,
Souffle l’inspiration du poète à son jeu.

Francis Friedlander

INACCESSIBLES VISEES


« SUR LA CÔTE » – PAUL FISHER

INACCESSIBLES VISEES

Une forteresse qui se dresse comme l’inévitable obstacle du chemin

est la croix du Templier, bing, dans le né du Croisé

l’illusion reste ensablée sans quitter la côte

Retour à la case départ

Je sais que quand tu es partie, Jacqueline

tu m’as montré Pandore sans rien cacher de sa non-infaillibilité

à partir de l’expérience du vécu ensemble

Si me faire croire à ce que je n’ai jamais demandé sert uniquement à libérer un échec qui n’a rien à voir avec moi

il faut que j’arrache le pompon rouge de ce bonnet de marin

pour sortir d’une croisière vers l’impossible

et voguer le temps qui reste sans me laisser influencer

Ces chimères finissent par rouiller la simplicité de mon alliage

Je n’ai plus l’âge de jouer à Zorro

mettre la balance hors d’équilibre

court au désastre

Faites au plus vite ce qui est à terminer sans besoin d’en rajouter

je m’en porterai comme il convient .

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Niala-Loisobleu.

18 Avril 2024

DEBORDEMENT D’EN VIE


CHARLES CAMOIN

DEBORDEMENT D’EN VIE

Au croisement de faire

l’apathie dégaine ses armes

Un double-jaune est dans l’oeuf

dans le trou cloaque du journal télévisé

les longs-couteaux maraudent autour des écoles

Au bord du jour qui suit l’autre les seins qui balancent

conduisent au coeur de l’avalé

comme la ligne non coupée du creux de la main relie le je de paumes

Ce qui fait miroir

mosaïque tout le pavé de sa clef de sol.

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Niala-Loisobleu.

17 Avril 2024

« MIMESISME » – NIALA 16/04/24 – ACRYLIQUE S/TOILE 55X46


« MIMESISME »

NIALA 16/04/24

ACRYLIQUE S/TOILE 55X46

Dans ce quelque part où j’évolue plus que jamais

Platon

je te rejoins comme ton Peintre

Mon art a toujours été siamois de la nature

engrossant de saillies verdoyantes

une palmeraie au coeur du désert

un chant d’oiseau monté à cru sur un cheval sauvage

et puis sous la voile la quille turgescente

je traverse cet estuaire où l’île se forge son archipel

amoureux sans bois-mort

Pas causeux mais disert en couleurs

Voilà qui tombe bien au point où nous sommes

on reparle à voix haute de la guerre comme d’une nécessité première

faute de pouvoir entendre le printemps sans le comprendre

armant l’enfant contre l’autre

et détachant le sein du verger que a figue borne

Du haut des toits bleus des bouzoukis redonnent les bras aux Vénus

la mer me dépasse de la ceinture

mon trident en art pont…

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Niala-Loisobleu.

16 Avril 2024

AU FOND DE TOUTE BEAUTE GÎT QUELQUE CHOSE D’INHUMAIN PAR ALBERT CAMUS


Albert Camus

Au fond de toute beauté gît quelque chose d’inhumain et ces collines, la douceur du ciel, ces dessins d’arbres, voici qu’à la minute même, ils perdent le sens illusoire dont nous les revêtions, désormais plus lointains qu’un paradis perdu. L’hostilité primitive du monde, à travers les millénaires, remonte vers nous. Pour une seconde, nous ne le comprenons plus puisque pendant des siècles nous n’avons compris en lui que les figures et les dessins que préalablement nous y mettions, puisque désormais les forces nous manquent pour user de cet artifice. Le monde nous échappe puisqu’il redevient lui-même. Ces décors masqués par l’habitude redeviennent ce qu’ils sont. Ils s’éloignent de nous. De même qu’il est des jours où, sous le visage familier d’une femme, on retrouve comme une étrangère celle qu’on avait aimée il y a des mois ou des années, peut-être allons-nous désirer même ce qui nous rend soudain si seuls. Mais le temps n’est pas encore venu. Une seule chose : cette épaisseur et cette étrangeté du monde, c’est l’absurde.

Extrait de:  1942, Le mythe de Sisyph

Albert Camus

AIR DE REPOS


AIR DE REPOS

En promenade le crayon se mouille à la végétation d’un sentier demeuré humide pour trouver la couleur à écrire. L’attrait en recul et le but laissé au carrefour. Le dernier animal qui est passé par là a laissé de ses poils accrochés aux branchages. On entend sans le voir bouger un assemblage à la fourche qui brasse fraîchement le confluent . La pente est douce. Quand à la rive elle hésite entre venir causer avec le Quai aux Fleurs et la Cité. Notre-Dame commence à chanter. Pas loin je me souviens comme j’ai rempli mon enfance au fond des poches en traînant de St-Germain à l’Observatoire. Tuileries quand la Pyramide ne dérangeait pas le Louvre. Premier amour au passage afin d’exalter le corps en première loge.Quand un bateau passait par la tête c’était comme une tapisserie qui mettait l’odyssée au métier. Maintenant les pendules ne tricotent plus au gré d’une stabilité constructive. Des trous aux chaussettes interrompent la marche encours. Il reste aux créneaux du panorama pour étendre des idées sans suivre le départ du relief temporel. Quelques fleurs bleues sont rentrées pousser dans ma cornée.

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Niala-Loisobleu.

15 Avril 2024