LE PASSAGE


LE PASSAGE

La vague est si longue qu’elle n’éclate qu’en se renouant à sa crête

Les odeurs sont aux couleurs indélébiles enracinées

Sensuel échange qui puise la phrase en dehors des maux

Ulysse et son voyage tricotent à l’endroit l’haleine de sa Pénélope en dépit des miroirs que les Gorgones posent en chemin

Ma

Ta langue mérite d’être soutenue par Île

En témoignage d’un réel archipel qui protège la salinité humaine…

Niala-Loisobleu.

29 Janvier 2024

UN PETALE SOUS LE SABLE


FRIDA KAHLO

UN PETALE SOUS LE SABLE

Sortie de l’absence d’eau dans le gravière, cette rugosité du matin pas encore rasé, cache sa générosité aux influenceurs d’une politique sans couleur et sans idéal. Les loups reviennent dans Paris chanter de leur voix sans tessiture, le risque pris à refuser d’éplucher leur partition. A la porte de ce seuil un autre à-pic balance son trapèze. Comme sa tendresse qu’un tramway roula dessus, la fleur du jour meurt dans la planche anatomique d’un herbier sourd. Au carré des paumes de taire la mayonnaise refuse de prendre. Un scorbut s’enroule autour du tendeur entre les poteaux de la vigne. Et la cressonnière refuse d’accompagner le mouton.

Les années passées à étendre les friches au profit du mépris de l’opinion, comme des mises en garde, vont subir le retour de manivelle des tracteurs. Paris toi qui aime tant la campagne pour venir t’y faire reluire, regarde ce qui reste dans ton frigo avant les prochaines vacances, cette foi ça craint.

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Niala-Loisobleu.

29 Janvier 2024

BEATRICE PAILLER – EXTRAITS DE L’AUTRE VERSANT


CANDIDO PORTINARI

BEATRICE PAILLER

EXTRAITS DE L’AUTRE VERSANT

Extraits de L’autre versant éditions Le Silence qui roule 2022

Fenêtres de Février (extraits)

L’ailleurs sans témoin s’invente d’un mot. Autre, il est autre, unique sous la paupière de l’heure. Aux portes de longue attente, premier pas du rêve, le poème pour viatique. Traversée sans nom, loin des fontaines, loin du pain, aveugle. La promesse est devant.

Un nom de terre, bois et buissons en semailles, un nom intouché, l’origine de chacun. Dans l’œil tatoué du lieu s’inscrit l’intime. Témoin de l’ailleurs, le marcheur va cherchant le lieu. Dans un retour à hier, images sauves du réel, il rejoint sa promise.

Des regards qui sont à lire, comme on sait écouter. Silence du souvenir. A-t-on manqué ? Pain blanc, pain noir, chaleur du ventre. A-t-on manqué ? Drap blanc, drap noir, pâleurs des voix. Peu de paroles, peu de gestes, toujours la main absente revient en mémoire.

Le sommet inaccessible. L’autre versant quel est- il ? L’oiseau s’y posera suivi du regard qui l’accompagne. Devançant l’espace, le neutralisant, l’œil gravit l’obstacle. L’ailleurs qu’il façonne le libère du réel. Un rêve à la mesure de l’infini.

Béatrice Pailler

DEVANT LA PALEUR DES JOUES


DEVANT LA PALEUR DES JOUES

Entre la promesse et la tante, Burgos leur semble le bout du monde

En hiver les vergers sont sur le point de fleurir entre deux chutes de neige

les champs attirent moins les tracteurs que les accès d’autoroutes

pendant que des enfants sèchent les cours pour se faire guetteurs d’écoulement de trafic de drogue

dans les fermes les agricultrices suppriment un repas sur deux pour régler leur pas sur le régime d’amaigrissement

La RN 10 mise en jachère, le long reptile des camions vers le Portugal ce cloud à la colère paysanne en regardant Paris avec des idées de siège

Les mannequins lambdas coupent les ficelles pour tendre le bras à la transfusion qui les sortirait de la mer morte

en entrant les engins agricoles au garage du Service d’Urgence…

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Niala-Loisobleu.

29 Janvier 2024