L’EVIER BLEU – EDOUARD VUILLARD


L’EVIER BLEU – EDOUARD VUILLARD

Plongée jusqu’à la bonde, la vie écoule ses eaux grasses sur les sécheresses inopportunes en triant ses lentilles

Il y a eu les passages où la laitue croquait entre les dents

aussi les cressonnières entre l’entrée des champs et les dépendances des propriétés de famille dans l’angle d’un rôti pommes-frites du dimanche

les écoles séparant les garçons des filles comme un caleçon long d’un petit-bateau à l’écart de l’eau, recentraient le regard sur les mouvements de jambes de la maîtresse et boostaient les fausses confidences aux récréations

A l’arrière des églises on apprenait à faire du vélo à la fille qu’on avait descendue de balançoire, quelque chose de différent des tournantes d’aujourd’hui au plus profond de la cave

Cet Evier Bleu qu’Edouard a mis sur le gris de sa cuisine me ramène aux Nabis qu’il a créé dans l’extase d’une maturité acquise à l’écoute de la beauté

Je sais que je viens de mourir à la laideur, remis sur les rails de ma traversée

sans compter sur ce qui reste

juste en sortant le rêve des tiroirs, c’est le tout que j’ai bonheur à dire dans ton image qui me saute d’un oeil à l’autre

C’est vrai, j’ai fait ce que je voulais de ma vie.

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Niala-Loisobleu.

9 Janvier 2024