LES DOIGTS DANS LA BRANCHE


LES DOIGTS DANS LA BRANCHE

A la fourche du puisatier

le peintre explore la saignée du coude

ferme sa main à pleine touffe

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Le chien est à l’arrêt

Soulevant le pan de mur

le vent teinte l’herbe du musc cherché.

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Niala-Loisobleu.

20 Février2023

HORS DE ROUTE


HORS DE ROUTE

Hier, aujourd’hui et demain sont là sans discernement

le haut des cuisses entre

comme la course passée et le stationnement du moment

assis à quai sans savoir qui ou quoi bouge sous la mer dans le ventre des épaves

.

La cavité du derrière le genou

reste l’impression d’une caresse sortie de la mémoire

dans les contorsions d’un tango glissant au plafond

.

Si on arrive à sérier ce qu’on cherche au plus creux de la vallée

il se pourrait qu’un nid de coquelicots éclabousse d’un peu de sang

la menstrue sèche d’un amour tari pour lui faire un enfant sans besoin de mer porteuse

.

L’ourlet de la fleur qui me borde les yeux

tient une sorte de campagne où l’herbe mène combat

j’ai l’épine dorsale en volute

écrasée

qui monte au-dessus du cendrier

.

Niala-Loisobleu.

20 Février 2023

ODEURS DE NUIT


ODEURS DE NUIT

L’indistinct bat de tous côtés

on ne voit rien de la vague qui roule

le mur garde l’image et la parole

lâchant à l’aveugle un grimpant d’odeurs

ficelées au treillis des non-dits.

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Niala-Loisobleu.

20 Février 2023

DANS LA DIFFÉRENCE CETTE HERBE PAR JEAN CLAUDE RENARD


DANS LA DIFFÉRENCE CETTE HERBE

PAR

JEAN CLAUDE RENARD

Comme un linge rouge baignant dans la fumée d’un feu de branches

L’île attend.

Des boiseries en ruine parlent du froid.

Où naître?
Où devenir par profonde rupture
Le père tué, — l’exil qui exauce l’image obscure, inachc-Vable…

Sous l’auvent brûlé du lavoir

Je n’entends plus les merles s’enivrer de fourmis.

De l’eau, du sable : l’importance reste ambiguë.

Si j’écartais de moi ce sang

Peut-être qu’auprès de l’autre puits

L’air neuf luirait avec la menthe.

Les ornières portent des empreintes dont je ne sais rien.

Me les concilier

Donncra-t-il un sens à ce qui est absent?

Dans les érables défeuillés

Un clan de corbeaux loge sa fable comme des pommes bleues,


Présageant la nuit.

Je devine qu’en ce détour

Le vide est aussi doux qu’une fourrure de martre.

A la lisière des champs

Où la pluie installe une odeur de noix et d’oronges,

Qui fêtera la tentation de la mort?

Même ici, dans l’herbe transparente, la paille est prête pour la foudre.

Au risque d’aucune langue.

Je m’avancerai vers l’énigme

De quelque braise possible sous les pierres.

Mais les bois ont un autre nom

Quand personne n’y passe plus.

L’étroite piste ouverte en ces fougères

Aurait pu pourtant signifier…

Un dolmen méditant une lumière inconnue

Accueillera-t-il la neige?

Je cherche quelle différence

Continue d’écrire dans la boue.

Les femmes qui rapportent les lampes de la mer

Ont sans les voir croisé des pas trop purs.

Seul un briard

(Humant quoi sous le houx)

Semblait lire de minces gouttes d’or blanc.

Là-bas, entre ces murs de tourbe et de varech,

Une prophétie éclaire les buissons.

Est-ce l’hiver empli de sainteté

Qui possède le chiffre de la métamorphose?

Au bord de la rivière des traces, éloignant vers où le silence.

M’invitent à les suivre

En n’interrogeant rien que la paix des mouettes propices !au mystère.

En aval, derrière l’oseraie,

Patiente une maison déserte.

De quel signe

(Comme selon le vent variable les augures du hêtre pourpre)

Honorera-t-elle le matin?

Une enfance doit y apprendre

A ne pas guérir de l’incertitude.

Toucher la source enfouie parmi ces failles

N’eût fait qu’offrande à l’être

Sans s’allier ce qui vient…

Après l’averse.

Les oreillards frayèrent dans la brume des couloirs de soie et de verre.

Toute veille est longue sans lune

Sur une promesse de joie.

J’obtins à peine de ces petites briques aiguës

Le don d’être un instant l’argile,


Une blessure plus proche du dieu.

Le courage de vivre rend-il tout espérable ?

A l’aube.

Quand les chevaux partirent vers la grève.

La glace brillait sur les marais.

Jean-Claude Renard