
LA LUNE EN TRAÎNE
Les femmes sont assises
sur une parole de chanson oubliée qui se rappelle
Hanches empoignées
Aisselles où se défendent les herbes du début
Coulisse l’échelle des vertèbres du secours accordé…
Niala-Loisobleu.
30 Décembre 2022

LA LUNE EN TRAÎNE
Les femmes sont assises
sur une parole de chanson oubliée qui se rappelle
Hanches empoignées
Aisselles où se défendent les herbes du début
Coulisse l’échelle des vertèbres du secours accordé…
Niala-Loisobleu.
30 Décembre 2022

Non, je n’ai jamais vu un arbre triste
mais je ne veux plus refléter le monde
comme un miroir ébréché,
découper les solitudes des après-midi de dimanche
en suivant la lumière qui saute de jardin en jardin,
raccommoder les bouts de mers inaccessibles
que tu m’envoies et je suis hors saison.
Le facteur a déjà vieilli et je n’ai pas encore réussi
à réconcilier le temps et le sel.
Parfois, je fais un éventail des cartes postales,
et je regarde de loin les façades des maisons,
pareilles à des volées d’oiseaux,
prêtes à repartir et douloureusement blanches
comme le ventre des hirondelles sur les fils
à la fin d’août dans mon pays.
Je n’ai jamais vu un oiseau triste non plus
car les oiseaux ne se nourrissent pas
comme les hommes avec une vie d’autrui pour vivre
mais je suis fatiguée d’être à moi seule le capitaine,
le bateau et la mer, et les vents tardent.
Je ne sais pas si je monte ou descends
cette colline mais les matins sans toi
sont une église vide où j’entre et prie : Seigneur,
je veux seulement ce que tu veux pour moi.
Et toi, qui n’entends pas mes pleurs,
pour quoi pries-tu ? Regarde, la lumière
sous le dôme tresse un filet argenté qui m’enlace
et me tire déjà vers le haut.
Toi, qui pêches des nuages,
fais un peu de place dans ta mer interne
pour l’impossible étrangère que je suis
avant que le crépuscule ne tourne la clef
de ta vue.
C’est tout ce que je peux dire pour le monde
qui t’a amené chez moi
et avant que je reprenne le chemin de retour
où ce monde sera un reflet de ce que je suis,
écoute l’oiseau dans mes yeux qui demande :
As-tu jamais vu un arbre triste ?
Aksinia Mihaylova (née en 1963 à Rakevo, Bulgarie) – Ciel à perdre (Gallimard, 2014)

ONDE
Prise des doigts la page en retour fait la couverture
Les marques de l’ancienne grange sont clouées dans leurs planches
La haie-vive tient l’églantier comme essence au rythme des lourds pis de meuhs en balade sous la garde du chien noir
La pluie traîne son essorage au tamis bleu du chevalet des doigts
Le roulement du train berce cette nuit -là
…
Niala-Loisobleu – 30 Décembre 2022

VOLUPTÉ
Grimpante que la lumière dresse à deux mains
Vrilles qui font le tour du corps en défiant le vide
De l’envol de l’abeille pour la fleur à la course du cri du loup.
Niala-Loisobleu – 30 Décembre 2022
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