MUSIQUE ETEINTE


MUSIQUE ETEINTE

Il était bien avant qu’il fasse jour

l’atelier n’avait pas les jambes à ça me sembla-t-il

j’ôtais juste du poids au chevalet pour lui donner plus de léger au sommeil

et rentrais

Demain il pleuvra, le soleil d’aujourd’hui pour la quatrième dose et se faire à l’idée de tout ce qui ne sera plus pareil

S’efface et pile.

Niala-Loisobleu – 11 Avril 2022

APSARA


APSARA

Le charme des Apsara, danseuses et courtisanes célestes a été popularisé par la reproduction des bas-reliefs d’Angkor. L’étymologie que donne Râmâdyana (ap: eau+sara: essence) indique assez qu’il s’agit de symboles, et non de figurines annexes et gracieuses de la mythologie. Essence des eaux, parce qu’elles sont nées du barattage de la mer, de la légèreté de son écume. Evanescentes comme telles, elles symbolisent les possibilités informelles, dont les eaux supérieures sont une figuration plus générales ….

L’anémone porte dans la Bible le Cantique des Cantiques

cette fleur éphémère est la fleur d’Adonis

Adonis est changé par Vénus en une anémone rouge pourpre. Ovide a décrit la scène dans les Métamorphoses

La mer se couvre du voile horizontal d’un deuil dans lequel les bateaux chargées d’amphores et de jarres tournent en rond

L’anémone couvre le désert de Palestine, la blanche dominant, elle prend alors le nom de Lis des Champs dont il est constamment parlé dans la Bible

Le tableau vit sa troisième métamorphose

Ce visage qui attire le regard va apparaître à travers du nouveau souffle venu dépendant de l’Esprit, symbole de l’âme ouverte aux influences spirituelles.

Niala-Loisobleu – 11 Avril 2022

BASSE OURTHE ET GEL PAR JACQUES IZOARD


BASSE OURTHE ET GEL PAR JACQUES IZOARD

Déjà, les sucs émeuvent les enfants minuscules qui vivent dans les souches, les dés à coudre, les très petites boîtes d’allumettes.
Et nous osons longer la longue eau glauque.
Je romps le soleil de laine qui cache mes bonnes paroles.
Fragile tige de verre qui relie deux tempes.
L’évasion nous tente et nous courons toucher la menthe amie, l’herbe et ses scalpels, ses étendards aigus qui blessent les mains. 0 soleil sans souffle, te voici couché sur la
rivière, te voici noyé, doré liquide, écho sans tumulte, iris pur.

Corps hérissé: ficelles, bagues, fils de fer…
Le cœur d’un castor bat.
Les vêtements dont dieu tissa velours et flanelles se déchirent, s’éparpillent.
Le genou paraît bleu.
J’ai caché les échasses dans l’armoire en noyer.

Village: boule de maisons.
L’odeur blanche des tilleuls ameute bras et jambes.
Je passe la langue sur celle de l’agneau.
Le bleu monte à la tête.
Le tambour bat les tempes des voleurs de garçons.

À beau moudre

un cri d’oiseau dans sa cheville

celui que pique un coq…

Dès qu’un château flambe,

un enfant rêve.

Dès qu’un chemin se perd,

parmi ronces et rocailles,

bat le cœur, bat le tocsin.

Les doigts posés

sur les doigts : mûres

et pêches douces, et grenades

ont des noms de fruits.

Le pain fomente

complots bleus, provoque

cris de cris.

Et sonnailles de pleuvoir !

Parole de fil blanc

cousue de verre ou de liseron.

J’entoure ton corps

sans savoir qui tu es,

lampe où l’été

est torrent de poissons.

Pille tout: les œufs, les outils,

les vêtements

qu’on ne mettra plus.

Les doigts toucheront

les nouveaux doigts.

Pouces, pierres, pupilles

ont des souffles cachés.

Je les connais à peine:

je dors dans mon sommeil.

Tu tiens à peau de loup

la rivière dans ta nage.

Et voici nos habits déchirés.

Le cidre et l’oiseau

sont à nous.

Nos yeux nous appartiennent.

Salons carcasse et pain.

Suce la langue

de celui qui t’aime.

Pose le pouce

au milieu du dos de la main,

près de ta belle veine.

Et sois noir.

Déjà, tu changes

comme à chaque essaim,

dès la mort.

Contradiction du cœur

d’un coq-bulbe:

le mien devient sourd,

a de longues pattes,

au lever du soleil

est de verre.

C’est la rançon du souffle.

Automne.
J’erre

de herse en herse.

J’accours.
Je cours.

Je couds ensemble

doigts et cheveux.

Dans l’œil, la rivière

caresse le regard,

à l’insu des fileuses.

Qui veut me dire ou qui

me dira «j’étouffe»?

Là, dans le poing, le sabot,

là, dans le dé à coudre

où vit la flamme amenuisée.

Ronce, le feu.

Liesse d’eau.
Bel engin

qu’un colporteur de quilles

porte sous la peau.

Le pouce cherche l’ouverture.

Tombe le sel où le sel

n’assourdit ni la langue

ni le bleu couteau du savetier.

En parlant d une arme à feu, j’embrasse un feuillage.
J’étreins l’instrument qu’un enfant fabriqua, l’objet long de l’angine et du serpent à plumes.
Je surprends l’horloger, le maître et son enclume.
Déjà, les échines, les exils annoncent un bel hiver.

Médian, le vif.

Cœur très sûr dont le feu

enveloppe les doigts réunis,

enveloppe la langue de miel

Découvre émail ou molaire.

Sois détaché,

sois en
Asie,

debout, debout,

dans tes jambes.

Empêche la soif d’être à la bouche l’empire veuf.
Demeure très sec, à la limite de la peau, comme opaque.

Le givre affiche.
Le givre est rond dans l’odeur de l’œil.
Tu veux venir chez moi laver le feu, boire à l’aiguière, emporter l’étau.

Noueux mars dilettante voici ta graine.
Quel pouce te garde au bout de la quinzaine?
Dur noyau d’hiver enveloppé de laine.
Corps à quatre sangs dont la cheville s’enfonce vers le pays coiffé.

La ville de cent maisons est mangée de machines.
Nul puits n’y protège le cœur et sa flamme.
Billots, sacs éventrés, à vau-l’eau font vacarme.
On croit apercevoir des filous noirs de suie.

L’haleine halète et le feu sourd

sous les ongles et les paupières.

Je traverse la peau des autres

et je serre l’instrument bleu

que ma langue aspire.

Ô moulins des mains, des bergers.

L’étrave et l’écharde

sont sœurs de lait.

Le dieu dans la bouche

est mon sifflet d’ivoire.

L’haleine est feu d’herbe : en silence, je lève le bras, je parle ou je marche. Étrave qui me suit.
Bel ami d’hébétude.
Avancée du pied, du genou : le buis tourne, et l’âne, au jardin des ânes, est le bon dieu de tous.

Petits mots : poivres, moineaux.

L’haleine à fleur de peau

court la prétentaine.

Dès que la langue allume

sébiles, escarcelles,

nous vivons.

Le corps nous vide

en chacun de nos pas.

Le
Bien
Né se penche

et l’étang l’attire, l’embrasse.

Un seul étau broie les tempes

de qui s’habille de blanc.

Je vois ta peau mince

et, sous elle, pays de verre:

on n’ose rien toucher.

Le moindre souffle :

ton regard fragile.

Salée salive…

Coulée de gel

aux commissures des lèvres.

Bonne abondance

de jus de mûres.

Je l’appelle du tréfonds,

je la sens venir,

inonder la maison

dont je suis le furet.

Siffle salive.

Nul rouet n’abandonne

le long fil

des lèvres et des paroles.

Nul templier n’insulte

la bouche creuse, le sabot.

Le feu mince unit

ma jambe à la tienne.

La salive en petite écume est belle en elle, elle bouge à peine, elle est salive, ou vêtement léger peint sur les lèvres. À fleur de peau, je la suce.
Elle nourrit le bonheur de la langue éphémère.

J’entre un doigt

dans la bouche du dormeur.

La salive me happe,

me lèche la peau.

Un petit venin me tire

vers la calèche

que le cœur accompagne.

Jacques Izoard

FENÊTRE ACCESSIBLE


FENÊTRE ACCESSIBLE

Le vent démonté, je traverse le jardin à travers un soleil revenu

tes doigts ont ratissé le bois mort de la tempête

j’ai bu tes seins avant de pousser la porte

tu m’as dit chouette met du bleu en anneau autour des aréoles, je me sens planante

et ta langue vitre m’en tu verras plus loin par tous les temps

J’ai monté le chevalet pour sentir ton ventre venir à la peinture…

Niala-Loisobleu – 9 Avril 2022

L’œil en coing


L’œil en coing

Planté au milieu de l’arbre couché en travers, le coing dégage le chemin

Et l’herbe se redresse en avant-marche

L’oiseau sorti de son abri vole vers l’atelier pondre une musique pré-Pascale…

Niala-Loisobleu -9 Avril 2022

ACCOSTAGE


« Viens plus près.. » Georges Rouault

ACCOSTAGE

J’abandonne ma casquette au vent mendier tout Messi

en passant mes doigts dans la mie du peint j’ai retrouvé ton genre

Georges Rouault venu à la barre a juré sur sa bible

j’ai craché non par besoin, t’étais pas sèche, tes gouttes étant à leur place

ta pâte à modeler alors a embauché mes mains à pétrir le plus fol espoir qui soit, ce qui t’a fait valser comme une viennoiserie quand t’as vu la veine du Danube Bleu gonfler comme un pélican se tapant le président sorti du Cabinet de Curiosités has been

On a crié en même tant que le cinéma fermait pour laisser courir la poésie comme une musique soul…

Niala-Loisobleu – 8 Avril 2022

La langue à la vitre


La langue à la vitre

Le vent qui cogne la pluie sur le balcon me tient derrière la vitre la langue à retrouver le soleil

passé le contact froid le goût en revenant transpose ce qui bouge dans l’herbe humide

amenant le ventre à ouvrir un matin bleu en plein après-midi en décroisant la cuisse et voir le haut du bas de la femme qui dans l’atelier parle à l’abeille tenant la fleur sous son parapluie

La vie trébuche en rencontres opposables

la dernière se balance comme la règnée à sa toile, tisserande genre Bayeux

plus accrochée qu’un humanisme volatile en se rusant du ménage arracheur de pages employé à la surface, le fond symbolique de la poésie cultivé en dehors du désert

A l’entrée du jardin l’obélisque face au grand bassin garde son mystère dans la pérennité du hiéroglyphe. tuilerie en chauffe à côté du théâtre de verdure, qui l’a peinte plus verte qu’un bronze de Maillol, le cerceau double le bateau de papier en l’envoyant rejoindre le rire des enfants à Guignol

Le matin perce…

Niala-Loisobleu – 8 Avril 2022

Amarre


Amarre

Quai balayé, les oiseaux ont la voix couverte de gémissements d’ anneaux et d’élingues dans le resserrement des amarres

Venue se recueillir au phare la pieuse image rousse oriente son feu à la lanterne porte fermée à la pluie

Niala-Loisobleu – 8 Avril 2022