DEMAIN, SI LA MER – FELIX LECLERC


DEMAIN, SI LA MER – FELIX LECLERC

Demain, si la mer est docile
Je partirai de grand matin
J’irai te chercher une île,
Celle que tu montres avec la main.

Je la ceinturerai en filet
La traînerai près du grand quai
Tu l’offriras au jour
En l’honneur de nos amours.

Si l’océan frémit
Au toucher de ton doigt,
Que penser mon amie
Quand tu te donnes à moi ?

Passerai-je la nuit
Immobile comme marbre
Si tu prends comme lit
Mon hamac sous les arbres ?

Quand ils t’ont aperçue
Les oiseaux en folie
Ont envahi la rue
Et reculé la nuit.

Les fleurs de mon jardin
Se sont déracinées
On les voit le matin
Dans l’air se promener.

Viens, nous nous coucherons
Sous le même manteau
Nous nous endormirons
Liés comme roseaux.

APOCALYPTIQUE ENSEIGNE


APOCALYPTIQUE ENSEIGNE

Parmi les pierres que le tant n’a pas moussues, des gisants en veux-tu en voilà, à côté d’une cheminée qui n’a pas été au bout de sa randonnée

Sur une crédence à côté d’un bout de viande quelques notes de musique rédigées à la hâte

l’oeil d’une peluche en pendentif demande si l’on a vu un bateau pour partir

Une rampe et sa boule de cristal en bas des marches se proposent en folle aventure

C’était du corporatif le bon quartier

le cuir sentait chaud auprès d’un repousseur de cuivres, une marieuse sur parole, puis de la boulange les mains qui pétrissent mieux qu’un zouave le dos de ma soeur, des petits cris , un soupir de Venise, une gondole arrivée tout droit d’un canal carpien, un géranium encore chaud du crottin du cheval qui gît au milieu de ses entrailles, quelques tomettes, pas d’entr’acte, mais les tréteaux d’un drame humanitaire avec des poutres dans l’oeil de l’établi, l’atelier des mécaniques déboîte son outil symbolique

Entre à l’aveugle le début de la patience abattant ses cartes à bout portant

dans l’ancienne maternité une barricade est dressée face à leurs mitrailleuses

Ce que le réflexe du dernier souffle attire fonce tête baissée

je bouche-à-bouche l’instinct de survie, fusil à la bretelle, de seins tombés s’enfante la liberté dans ce qui reste de notre chambre d’amour

S’il en sort quelque chose ce sera citoyen, dit un étranger qui traverse la frontière.

Niala-Loisobleu – 4 Mars 2022

MES MAINS EFFLEURENT TON SOURIRE


MES MAINS EFFLEURENT TON SOURIRE

Aux jonctions de l’herbe sauvage
Et du « forget-me-not »
Se tient une promesse
A conquérir …

J’applique le savoir de mon amour
Laissant vivre la fleur –
Secouant l’arbre
Pour ramasser
Ses fruits
Que j’ajouterai aux tiens

Les mains rougies par leur suc
Je les laverai sur
Tes lèvres …

C’est toi sur ce chemin
Toi dans la jachère
Et je ne t’oublie
Même si je ne
Te cueille pas

Au loin la lune prépare les étoiles
Sur la cime de mon
Orgueil
C’est toi la chair de la promesse
Qui les accueille

Pour toi la rougeur du soir
En une double maraude :
Celle sur le seuil
D’une montagne
Avec celle
Sur le seuil de ton pays !

Jusqu’au-delà de la mer :
C’est toi ma cime
D’orgueil

Sur tes lèvres :
L’herbe folle des oasis
Où tu siffles la source
Délicate …

Mais je n’achèverai pas ton nom
Avec les rutilances
D’un poème
Mes mots traîneront sur
Ta peau solaire …

Peut-être glisseront-ils
De tes yeux d’océan
A ton ventre pétri
D’écume de
Sable

Et la paume sensible de tes mains
Recueillerait la respiration
De mon sourire
Et
Tu la porterais à ton cœur
Comme pour ta
Nouvelle
Jeunesse

Tous les fruits se confondront
Dans la corbeille de fleurs
Que le « Forget-me-not »
Rehaussera sur
Ta tête
Comme au royaume de tes pensées

Mais je ne t’épuiserai pas …
Si ton hasard de reine
Rejoint celui de
Tant de mes bénédictions pour toi

Délicatesse de ta patience
Qui ouvre à une bienveillance
Pour celui qui veut poser
Ses genoux à
Tes pieds asséchés
Au sel du
Désert …

J’entends et je vois sur tes pas
La danse du travail et
Des jours
Que les enfants suivent
En battant le rythme
De ta voix
Qui les baigne d’Humanité

La bienveillance grandit la délicatesse
A la fenêtre d’où s’exhalent
Les parfums de ton grand
Monde généreux

Délicate ! Est-ce ta beauté
En ton grand jardin
Laissant affleurer
Ces fruits de
La nouveauté ?
Je m’y confie
Pour surpasser tout champ d’herbes folles
Et y dégager un sens
Au monde

Au creux de ton pays :
Ton chemin où se croisent
Tant de richesses –
Borde les secrets
D’un continent
Tu les prends
Et les garde
Loin de toute finitude –
Là avec la si délicate énigme
Où tu ranges ton histoire
Si fidèle au souvenir
Où ta liberté
A depuis longtemps
Posé sa trace.

Alain Minod

LETTRES D’AMOUR


LETTRES D’AMOUR

Le piano laisse déborder sa lutte de soutien à côté du pianiste sur lequel ils ont tiré

Dehors le soleil se racle la voie

La mer caresse les corps qui flottent dans l’objet du refus d’abdiquer.

Niala-Loisobleu – 4 Mars 2023