Isabelle Aubret – La Source



Isabelle Aubret – La Source

Elle chante au milieu du bois
La source et je me demande
S’il faut croire en cette légende
D’une fille qu’on y trouva
Elle était blonde elle était douce
Elle aimait à se reposer
Dans les bois couchée sur la mousse
Écoutant les oiseaux chanter
Un jour qu’elle allait à la ville
Par le bois où elle passait
Elle vit soudain immobile
Trois hommes qui la regardaient
Trois hommes qui la regardaient
Elle chante au milieu du bois
La source et je me demande
S’il faut croire en cette légende
D’une fille qu’on y trouva
Ils étaient là trois à l’attendre
Trois hommes-loups cette brebis
Elle avait la chair bien trop tendre
Ils avaient bien trop d’appétit
Elle ne savait pas défendre
Le souffle léger de sa vie
Elle tomba sur l’herbe tendre
Comme un oiseau tombe du nid
Comme un oiseau tombe du nid
Elle chante au milieu du bois
La source et je me demande
S’il faut croire en cette légende
D’une fille qu’on y trouva
Quand on la souleva de terre
Comme une grande fleur coupée
Sa robe blanche et la lumière
On aurait dit une mariée
Quand on la souleva de terre
On aurait dit comme un grand lit
Entre les feuilles entre les pierres
Une claire source a jailli
Une claire source a jailli
Elle chante au milieu du bois
La source et je me demande
S’il faut croire en cette légende
D’une fille qu’on y trouva
S’il faut croire en cette légende
D’une fille qu’on y trouva

BALLADE ANEMONE


BALLADE ANEMONE

Si au loin se rapproche un ciel traversé de désirs funestes, viens et pose ton coude sur la table pour que l’anémone dise à ta tête de s’incliner vers elle, ça lui donnera matière à pencher du bon côté

Il nous reste, sans rien mesurer en dehors de l’instant présent, qu’à choisir librement la position qui enfantera le bien-être

Je sais qu’on ne peut pas savoir où et quand la bombe tombera, je me souviens seulement comme durant la dernière oppression, l’amour a gardé l’envie au-dessus de tout dans ses insurrections

Varsovie est-ce que ça te dit quelque chose ?

Niala-Loisobleu – 25 Février 2022

PAR L’ÉTANG QUI COURT


PAR L’ÉTANG QUI COURT

Des murs qui posent un cerne sous l’aire de jeux comme une escarbille dans la fenêtre, en glissant mon levier sous l’éboulis, je soulève de quoi voir au-dessus du JE NOUS

D’un accent comme d’une couleur à l’autre le lien devrait voir en commun le beau sans le vouloir pour lui tout seul

N’arrête rien de l’oiseau qui vole ou du chien qui flaire ils transportent l’un comme l’autre le savoir mystique de là sève dans la tige-mère

Voilà pourquoi j’ai pris un billet pour ta gare avant que le train s’arrête

Niala-Loisobleu – 25 Février 2025

GUERRE PAR ANDRE BRETON


GUERRE PAR ANDRE BRETON

Je regarde la
Bête pendant qu’elle se lèche

Pour mieux se confondre avec tout ce qui l’entoure

Ses yeux couleur de houle

A
Pimproviste sont la mare tirant à elle le linge sale

les détritus
Celle qui arrête toujours l’homme
La mare avec sa petite place de l’Opéra dans le

ventre

Car la phosphorescence est la clé des yeux de la
Bête

Qui se lèche

Et sa langue

Dardée on ne sait à l’avance jamais vers où

Est un carrefour de fournaises

D’en dessous je contemple son palais

Fait de lampes dans des sacs

Et sous la voûte bleu de roi

D’arceaux dédorés en perspective l’un dans l’autre

Pendant que court le souffle fait de la généralisation à l’infini de celui de ces misérables le torse nu qui se produisent sur la place publique avalant des torches à
pétrole dans une aigre pluie de sous

Les pustules de la
Bête resplendissent de ces hécatombes de jeunes gens dont se gorge le
Nombre
Les flancs protégés par les miroitantes écailles que

sont les armées
Bombées dont chacune tourne à la perfection sur sa

charnière
Bien qu’elles dépendent les unes des autres non

moins que les coqs qui s’insultent à l’aurore de

fumier à fumier
On touche au défaut de la conscience pourtant

certains persistent à soutenir que le jour va

naître
La porte j’ai voulu dire la
Bête se lèche sous l’aile
Et l’on voit est-ce de rire se convulser des filous au

fond d’une taverne
Ce mirage dont on avait fait la bonté se raisonne
C’est un gisement de mercure
Cela pourrait bien se laper d’un seul coup
J’ai cru que la
Bête se tournait vers moi j’ai revu

la saleté de l’éclair
Qu’elle est blanche dans ses membranes dans le

délié de ses bois de bouleaux où s’organise le

guet
Dans les cordages de ses vaisseaux a la proue desquels

plonge une femme que les fatigues de l’amour ont

parée d’un loup vert
Fausse alerte la
Bête garde ses griffes en couronne

érectile autour des seins
J’essaie de ne pas trop chanceler quand elle bouge

la queue
Qui est à la fois le carrosse biseauté et le coup de

fouet
Dans l’odeur suffocante de cicindèle

De sa litière souillée de sang noir et d’or vers la lune elle aiguise une de ses cornes à l’arbre enthousiaste du grief

En se lovant avec des langueurs effrayantes

Flattée

La
Bête se lèche le sexe je n’ai rien dit.

André Breton

RECALAGE


RECALAGE

Du vent explosif qui envahit les alentours, les oiseaux se resserrent au cœur de la ramure

Se tenir à l’encre d’eux-mêmes en retendant les amarres est le seul abri dans la mitraille

Du ventre que l’abominable menstrue tord sort le germe de ce qui veille.

Niala-Loisobleu – 25 Février 2022