LES JARRES CAUSEUSES


LES JARRES CAUSEUSES

Une grande fatigue s’en prenant à la verticalité du corps, il lui fallut se rendre au fauteuil qui est au bout de la palette et du chevalet

Temps mort surprenant par sa méconnaissance

Qu’est-ce que ce nouveau venu ? demanda-t-il en tournant la tête à la recherche d’une réponse faute d’interlocuteur

Le cheval fit semblant d’être occupé, en gardant son écuyère en l’air au-dessus de la soupe du quotidien

Bien gaulée la mignonne, au moins ça détourne du découragement qui gagne

La lascivité végétale de l’endroit finit par le tirer de l’état proche d’un sommeil de moustique à malaria. La mémoire lui revînt

Ces seins-là gros comme des jarres n’arrêtaient pas de causer

Dans l’angle du porche la vie criait qu’elle voulait pas qu’on la mette dehors, l’arbre à soie et ses lunettes roses en faisaient voir en cinémascope

L’apéro et ce qui donne soif faisant office les jarres ne tarissent plus de dire la différence entre le garder sec et l’humidifié

Nous ne quitterons que nos habits, pas norre nudité

Niala-Loisobleu – 24 Novembre 2021

JACQUES BERTIN – L’ESPERANCE


JACQUES BERTIN – L’ESPERANCE

Oh, s’il te plaît, reparle-moi de ces hôtels
Où nous aurions pu aller tous deux hors saison
Vacances studieuses, plage des Demoiselles,
Reparle-moi de ce passé, nous y serons

Des formes figées sous le kiosque, le quatuor
Dans ce parc où un astrolabe fut perdu
Sur le violon du cap, l’archet du vent du nord
Des drapeaux pendant comme des amours déçues

Terrasses vides, gravillons blancs, tourbillons
Une ondée, on s’ennuie, tu as garni un vase
Tourne les pages du passé sans jours, sans phrases
Contre le futur, enfant triste, mets ton front

Tu y voyais des coeurs appareillant aux nues
Tu y voyais danser d’anciennes demoiselles
A quoi tu rêves, avec ta belle âme en dentelle?
Nous y errions, puis ce souvenir s’est perdu

Comme effacé sur l’aquarelle l’espérance,
Elle, demeure à tout jamais, ne parlons pas
Je vois une villa isolée sur la Rance
Et toi, dans les soirs qui reviennent sur tes pas

AU SI LOIN DES CHOSES


AU SI LOIN DES CHOSES

Je me rapproche le plus possible de moi , autour les rues ne mènent plus au même endroit, ils ont gardé les noms en changeant le sens

Cette statue équestre sans crottin dessous , je ne sais pas pourquoi, je la sens suspecte

Quand j’ai demandé du bleu de cobalt, la femme m’a regardé méchamment avec dans le regard une dénonciation vigilance

J’ai pas pu courir

La lanterne-magique était éteinte

Martin m’a dit viens on a carotté un bout de ciel, on peut le partager en semble.

Niala-Loisobleu – 24 Novembre 2021

PORTE BATTANTE


PORTE BATTANTE

Des miettes sur la table

la cheminée s’accorde une pensée pour les cendres

dehors le nouveau matin se dirige à l’aurore du chemin

le chat n’est pas rentré de ses escapades

Nouvelle fumée sur la colline

avant de te réveiller de l’enfance

garde la file indienne d’un rêve à danser autour du tôt t’aime

Niala-Loisobleu – 24 Novembre 2021