JACQUES BERTIN – L’ESPERANCE


JACQUES BERTIN

L’ESPERANCE

Oh, s’il te plaît, reparle-moi de ces hôtels
Où nous aurions pu aller tous deux hors saison
Vacances studieuses, plage des Demoiselles,
Reparle-moi de ce passé, nous y serons

Des formes figées sous le kiosque, le quatuor
Dans ce parc où un astrolabe fut perdu
Sur le violon du cap, l’archet du vent du nord
Des drapeaux pendant comme des amours déçues

Terrasses vides, gravillons blancs, tourbillons
Une ondée, on s’ennuie, tu as garni un vase
Tourne les pages du passé sans jours, sans phrases
Contre le futur, enfant triste, mets ton front

Tu y voyais des coeurs appareillant aux nues
Tu y voyais danser d’anciennes demoiselles
A quoi tu rêves, avec ta belle âme en dentelle?
Nous y errions, puis ce souvenir s’est perdu

Comme effacé sur l’aquarelle l’espérance,
Elle, demeure à tout jamais, ne parlons pas
Je vois une villa isolée sur la Rance
Et toi, dans les soirs qui reviennent sur tes pas

AU COEUR DE L’ÂTRE (REPRISE)


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Au Coeur de l’Âtre (Reprise)

Dans la chambre des enfants tout est simple, et poignant. La fenêtre est ouverte. Elle bat, elle respire. L’eau de la pluie ruisselle sur les marches. Il faudrait d’autres paroles pour éponger une eau-mère si amère. D’autres musiques pour danser. Devant la fenêtre ouverte, transportée.

Jacques Dupin (Ecart)

Nous avons fatigué l’orée des bois au point de tarir le brin de sève,

les cheminées refoulent de ragots et la suie nitre le devant-soi d’efflorescences sépia

Le fruit percé sanguine entre les dents du râteau

pourtant il reste dans les reins des vertèbres qui s’opposent à l’abandon.

L’amour n’apparaît que dans de multiples contrefaçons, coeur étouffé au sein de la prothèse mammaire.

J’ai cru et bien que ne croissant plus à mon âge, je rêve toujours du m’aime bleu apparent. Stupide au milieu des petits-hommes, vaillant chevalier au chemin de la croisade enfantine. Le sac de billes au moyeu du vélo, la craie au bâton de marche, des moulins à la sortie du remous des castors. La vague humaine phosphoriphore en gilets obligatoires sur ses routes pour s’inventer un reste de présence. Pauvreté en tous domaines, le drame du bulbe pour lequel le bio n’a plus de recours.

l’imbécillité avance à grand pas vers un néo-no-bel.

Hourra les réseaux sociaux essaiment la solitude en grand-format.

Mes amours pochés  saignent sous les arcades. Le frisson se cherche au long des rues vides d’un centre-ville désaffecté. Vitrines à vendre, parcomètres volubiles et silence coupe-gorge.Refusant de mourir con, je tiens à le rester de tout mon vivant. Ainsi la bile qui ronge l’estomac ne viendra pas pisser dans mon encre. Le monde est décadent. Pas une raison pour sauter du train dans le précipice

Que la flamme vive !

Niala-Loisobleu – 6 Octobre 2017

« A L’AUBE NAISSANTE »- NIALA 2021 – ACRYLIQUE S/TOILE 65X54


NIALA

« A L’AUBE NAISSANTE »

2021

ACRYLIQUE S/TOILE 65X54

Je suis allé au cellier pour voir les claies sans attendre que l’automne ait fini son ouvrage

Dans ce qui presse, trouver de la pulpe pour sauver le goût de l’intelligence est urgent

Oh mais comme la nuit d’à présent est épaisse

En courant d’une main à l’autre j’ai senti passer du souffle

L’enfant encore saignant avait le cri que la foi sauve

La fenêtre ne s’est pas retenue

La buée n’a fait que confirmer que du fruit était bien en claies.

Niala-Loisobleu – 5 Novembre 2021

LE FEUILLAGE ECLAIRE – YVES BONNEFOY


LE FEUILLAGE ECLAIRE

YVES BONNEFOY

Ironie du sort ?

Ce matin, loin de vouloir jouer au Socrate je serais passé à côté du propos

Pour je n’avais pas lu le Sud-Ouest du jour

Amusant mais bien ressemblant à l’impression que je laisse …

Niala-Loisobleu – 5 Novembre 2021

LE FEUILLAGE ÉCLAIRÉ

Dis-tu qu’il se tenait sur l’autre rive.
Dis-tu qu’il te guettait à la fin du jour ?

L’oiseau dans l’arbre de silence avait saisi

De son chant vaste et simple et avide nos cœurs,

Il conduisait

Toutes voix dans la nuit où les voix se perdent

Avec leurs mots réels.

Avec le mouvement des mots dans le feuillage

Pour appeler encor, pour aimer vainement

Tout ce qui est perdu,

Le haut vaisseau chargé de douleur entraînait

Toute ironie loin de notre rivage.

Il était l’ange de quitter la terre d’âtres et de lampes

Et de céder au goût d’écume de la nuit.

II

La voix était d’ironie pure dans les arbres,

De dislance, de mort,

De descellemeni d’aubes loin de nous

Dans un lieu refusé.
Et notre port

Était de glaise noire.
Nul vaisseau

N’y avait jamais fait le signe de lumière,

Tout commençait avec ce chant d’aube cruelle.

Un espoir qui délivre, une pauvreté.

C’étaii comme en labour de terre difficile
L’insiant nu, déchiré

Où l’on sein que le 1er trouve le cu’ur de l’ombre
Et invente la mort sous un ciel qui change.

III

Mais dans les arbres,

Dans la flamme des fruits à peine aperçue,

L’épéc du rouge et du bleu

Durement maintenait la première blessure,

La souflerte puis l’oubliée quand vint la nuit.

L’ange de vivre ici, le tard venu.
Se déchirait comme une robe dans les arbres,
Ses jambes de feuillage sous les lampes
Paraissaient, par matière et mouvement et nuit.

IV

Il est la terre, elle l’obscure, où tu dois vivre.

Tu ne dénieras pas les pierres du séjour.

Ton ombre doit s’étendre auprès d’ombres mortelles

Sur les dalles où vient et ne vient pas le jour.

Il est la terre d’aube.
Où une ombre essentielle
Voile toute lumière et toute vérité.
Mais même en lieu d’exil on a aimé la terre.
Tant il est vrai que rien ne peut vaincre l’amour.

Yves Bonnefoy

LA BOÎTE A L’ÊTRE 46


LA BOÎTE A L’ÊTRE 46

L’oiseau est posé sur la veine du poignet de sa vie

cicatrisation ?

Le hachoir est sur le billot, il attend pas le Messie

Dans l’obscur installé, le jour doit lever son emprise de non-dits

Et il regarde en pesant la manière d’élucider la contradiction pour clarifier les circonvolutions comportementales d’une relation boiteuse

Facteur aggravé par le like ambigu

marquant certainement une possessivité exclusive à défaut de sentiment clair

Bon signe, le tableau lui, a tourné l’expression au contact du tain remis

Un enfant à la case départ marque la ligne de séparation entre ce qui flèche le bon sens et ce qui l’enlise

Tirer l’aile du moulin du marais sans sel ne peut avoir lieu en Mer Morte

Aux vignes qui ont apporté le vain, l’oiseau presse le raisin au nerf du cep.

Niala-Loisobleu – 5 Novembre 2021