La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
une ronde où l’enfant comptine pour ne pas grandir
là où on se moque de lui
La toile tisse au m’aime chant resté d’origine
Et le seoir tire l’haleine de son rouet pour que l’hiver ne l’emporte pas
J’ai dans l’idée des toiles un retour à la vérité
Pour la caresse d’un chat fauve
blé-noir des chapelles
blond-siamois à mon espoir
do rond à mes reins en ballade de la visite au bout du monde…
Niala-Loisobleu – 24 Octobre 2021
Ballade De La Visite Au Bout Du Monde – Jacques Bertin
Un soir de grande lassitude et de routes perdues Venant de loin comme toujours et sans calcul Parti trop tard comme toujours pour le voyage au bout du monde Où l’on va chercher l’or improbable des sept cités J’ai laissé l’auto tiède sur la place Le village est une rose noire au bord de mer jetée Par les ruelles dans la rose noire je suis monté Jusque chez vous sans savoir si j’allais oser frapper
Une silhouette dans le carré de lumière, femme aimée Je suis fou ! Je viens me cogner au bout du monde – Qui est-ce à cette heure ? Les enfants sont couchés ! Répondez-moi, répondez-moi, je suis traqué ! La porte qu’on dirait depuis cent ans fermée S’ouvre et la menace des chiens se desserre Tu me cherches, tu interroges, je sors de l’ombre Tu cries, tu fermes sur moi la porte, je suis sauvé
On s’installe autour de l’heure qui bat comme si rien n’était On questionne, on fait l’inventaire, on s’étonne Le cœur est grand offert sur la nappe cirée On parle de rien et sans attendre de réponse Je te demande sans pudeur : Es-tu heureuse ? et tu dis : – oui Tu ris de la question, on est au bout du monde On enlève à la table un éclat de soleil Et je te dis que tu es belle et que je t’ai toujours aimée
Jacques m’emmène voir la maison nouvelle au fond du jardin Dans la nuit noire c’est folie on ne voit rien Mais dans la nuit la plus noire tu connais ton chemin Chaque mur, chaque pierre, chaque ombre La maison est plantée devant le marais et la mer Tu es arrivé, pour toi la route ne va pas plus loin Il faut se battre sur place, la vie n’est plus pour demain Tu ne peux plus détourner la conversation, c’est bien
Et moi déjà je fuis sur la route qui file vers Royan L’auto rêve, elle n’a pas besoin de son maître Mais à peine je suis seul à nouveau, j’ai mal Je gâche le temps et les mots, j’ai peur du bonheur et des roses Le bonheur, est-ce que c’est vraiment si peu de choses ? Si le rythme du cœur est si lent… que sais-je… Pris dans cette solitude comme dans les glaces, on s’arrête, On étouffe, on ne ni avancer ni reculer, on crève…
Je rentre dans le premier hôtel ; on me prend pour un fou Moi aussi je connais mon chemin ! Dans le lit je me roule en boule J’oublie tout.
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