Jacques Bertin/Les lèvres bleues


Jacques Bertin/Les lèvres bleues


<lyrics>Tes lèvres bleues, j’ai dit, comme un lagon tes lèvres peintes Ouvrant ciel sur une prairie de nacre veinée de ruisseaux Tes seins, j’ai dit, j’ai voulu peints méticuleusement, ô sainte Couleur pierre et lune et marquée ton épaule avec becs d’oiseaux

Un pendentif descendant, lourd, par un fil de ton ventre Comme à la façade du temple aussi l’homme qu’on égorgea Rappelle-toi, et dont le sang faisait tapis sur l’aube errante Tu le buvais, un adolescent sans visage t’observa

Des voix, milliers de voix te liaient, te lisaient malfaisante et fière Tu retrouvais des mots sacrés perdus, germés, la nuit tournait Sur son socle jusqu’à ce que ton prix fixé. Moi, j’en tremblais De fièvre dans la porte sombre, à minuit sonne la lumière

Un motif aux chevaux cabrés laqué sur l’intérieur des jambes Débridées, les cuisses je veux cueillies comme chacune un pleur Et tu piétines, mors aux dents, ahanant, la langue violente La danse où la haine lance. Je veux des perles de sueur

Tes poignets sont tenus à tes reins, ce château C’est celui que l’on détruisit, la hache dans la hanche Et ton regard dernier dans le marbre comme un couteau Se brisa et la lame est une aile dans la campagne blanche

J’ai rampé dans les nefs sombrées, la forêt d’écume où deux fauves Col mouillé contre col, poussèrent la tapisserie ouvrant La caverne des pluies infiniment où l’or est veuf. Le temps S’arrête en entendant ton rire qui est neuf, et d’un enfant

Je t’aime ainsi qu’un pauvre revenant des guerres saintes La tête nue et quémandant aux fermes un peu de pain Et chaque ferme est un trésor, c’est vrai, posé dans une main Je t’aime ainsi. Me restent, au-dessus des fermes dorées, tes lèvres peintes

Tes lèvres bleues comme un lagon, j’ai dit, tes lèvres peintes 

Jacques Bertin

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