La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
<lyrics>Tes lèvres bleues, j’ai dit, comme un lagon tes lèvres peintes Ouvrant ciel sur une prairie de nacre veinée de ruisseaux Tes seins, j’ai dit, j’ai voulu peints méticuleusement, ô sainte Couleur pierre et lune et marquée ton épaule avec becs d’oiseaux
Un pendentif descendant, lourd, par un fil de ton ventre Comme à la façade du temple aussi l’homme qu’on égorgea Rappelle-toi, et dont le sang faisait tapis sur l’aube errante Tu le buvais, un adolescent sans visage t’observa
Des voix, milliers de voix te liaient, te lisaient malfaisante et fière Tu retrouvais des mots sacrés perdus, germés, la nuit tournait Sur son socle jusqu’à ce que ton prix fixé. Moi, j’en tremblais De fièvre dans la porte sombre, à minuit sonne la lumière
Un motif aux chevaux cabrés laqué sur l’intérieur des jambes Débridées, les cuisses je veux cueillies comme chacune un pleur Et tu piétines, mors aux dents, ahanant, la langue violente La danse où la haine lance. Je veux des perles de sueur
Tes poignets sont tenus à tes reins, ce château C’est celui que l’on détruisit, la hache dans la hanche Et ton regard dernier dans le marbre comme un couteau Se brisa et la lame est une aile dans la campagne blanche
J’ai rampé dans les nefs sombrées, la forêt d’écume où deux fauves Col mouillé contre col, poussèrent la tapisserie ouvrant La caverne des pluies infiniment où l’or est veuf. Le temps S’arrête en entendant ton rire qui est neuf, et d’un enfant
Je t’aime ainsi qu’un pauvre revenant des guerres saintes La tête nue et quémandant aux fermes un peu de pain Et chaque ferme est un trésor, c’est vrai, posé dans une main Je t’aime ainsi. Me restent, au-dessus des fermes dorées, tes lèvres peintes
Tes lèvres bleues comme un lagon, j’ai dit, tes lèvres peintes
António Ramos Rosa | [Il y a une terre qui halète dans la gorge]
[HÁ UM OFEGAR DE TERRA NA GARGANTA]
Há um ofegar de terra na garganta, há um feixe de ervas que perfuma a casa. O ar é solidez, o caminho é de pedra. Procuro a água funda e negra de bandeiras.
Encho a cabeça de terra, quero respirar mais alto, quero ser o pó de pedra, o poço esverdeado, o tempo é o de um jardim em que a criança encontra as formigas vermelhas.
Vou até ao fim do muro buscar um nome escuro: é o da noite próxima, é o meu próprio nome?
António Ramos Rosa, Ciclo do Cavalo, Limiar, Colecção Os Olhos e a Memória, Porto, 1975, pág. 36.
Il y a une terre qui halète dans la gorge, il y a un bouquet qui embaume la maison. L’air est solide, le chemin pierreux. Je cherche l’eau profonde et pavoisée de noir.
J’emplis de terre le crâne, je veux respirer plus haut, je veux être la poussière de la pierre, le puits verdi de mousse ; le temps est celui d’un jardin où l’enfant rencontre les fourmis rouges.
Je vais jusqu’à la fin du mur chercher un nom obscur : est-ce celui de la nuit proche, est-ce le mien ?
António Ramos Rosa, Le Cycle du cheval suivi de Accords, Éditions Gallimard, Collection Poésie, 1998, page 43. Traduction du portugais par Michel Chandeigne. Préface de Robert Bréchon.
la bêtise tire le vocabulaire comme on gâche l’eau en laissant les caniveaux ouverts
Je risque gros si je dis le nom de celui qui écrit pour le compte d’un autre
tout comme si je déclare qu’untel est d’un pays méditerranéen sans faire attention à ne pas devenir raciste
et puis là j’allais sur ma bille de bois descendant mon fleuve en état de joie, me déplaçant à la gaule quand on me dit non, pas d’atteinte à la pudeur
alors je suis descendu de bidet avant qu’on me dise de laisser la porte de la salle de bain femée quand je me baigne
C’est triste d’en arriver là dans un monde qui se roule dans la fange et se fait juge….
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