
ATTENTE DE REPONSE
Saupoudré de fusain, la feuille écrue
sanguine
dans un soupir
La salle est debout face aux fauteuils vides
d’un théâtre à l’italienne en panne de rideau.
Les loges gardent des frôlements de mains épars,
esquisses anonymes,
gestuelle murmurante,
sous la couverture des fougères en stuc.
Promenoir discret des mots tus,
bus au Foyer,
par l’éponge de la moquette épaisse
que les lourdes tentures essorent
avant que les glaçons ne les mouillent de bruits de couloirs
Les peintures des plafonds jouent au baccarat
avec les larmes en verre du grand lustre
Qui sait où les décors sont remisés,
l’imaginaire dans un sursaut de panique, roule des yeux fous.
La concierge sort les poubelles côté cour,
une sonate inachevée tombe du programme illustré.
Côté jardin,
un choeur de nurses refait ses comptines, chercher l’erreur.
Entre les spirales du bloc à dessein, le chariot de la grande ourse déambule,
dans la veine perfusée
, sous l’oeil attentif du souffleur.
qui annonce la nouvelle-lune
Niala-Loisobleu – 28 Mars 2017

Plus la technique avance et plus les caprices se montrent, je suis un adepte du manuel impénitent.
Merci Boris.
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Ce que j’aime chez WP c’est sa simplicité, ça change tout l’temps d’un p’tit rien…
Merci beatricelise.
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L’Attente
Au bout du vieux canal plein de mâts, juste en face
De l’Océan et dans la dernière maison,
Assise à sa fenêtre, et quelque temps qu’il fasse,
Elle se tient, les yeux fixés sur l’horizon.
Bien qu’elle ait la pâleur des éternels veuvages,
Sa robe est claire ; et bien que les soucis pesants
Aient sur ses traits flétris exercé leurs ravages,
Ses vêtements sont ceux des filles de seize ans.
Car depuis bien des jours, patiente vigie,
Dès l’instant où la mer bleuit dans le matin
Jusqu’à ce qu’elle soit par le couchant rougie,
Elle est assise là, regardant au lointain.
Chaque aurore elle voit une tardive étoile
S’éteindre, et chaque soir le soleil s’enfoncer
À cette place où doit reparaître la voile
Qu’elle vit là, jadis, pâlir et s’effacer.
Son cœur de fiancée, immuable et fidèle,
Attend toujours, certain de l’espoir partagé,
Loyal ; et rien en elle, aussi bien qu’autour d’elle,
Depuis dix ans qu’il est parti, rien n’a changé.
Les quelques doux vieillards qui lui rendent visite,
En la voyant avec ses bandeaux réguliers,
Son ruban mince où pend sa médaille bénite,
Son corsage à la vierge et ses petits souliers,
La croiraient une enfant ingénue et qui boude,
Si parfois ses doigts purs, ivoirins et tremblants,
Alors que sur sa main fiévreuse elle s’accoude,
Ne livraient le secret des premiers cheveux blancs.
Partout le souvenir de l’absent se rencontre
En mille objets fanés et déjà presque anciens :
Cette lunette en cuivre est à lui, cette montre
Est la sienne, et ces vieux instruments sont les siens.
Il a laissé, de peur d’encombrer sa cabine,
Ces gros livres poudreux dans leur oubli profond,
Et c’est lui qui tua d’un coup de carabine
Le monstrueux lézard qui s’étale au plafond.
Ces mille riens, décor naïf de la muraille,
Naguère, il les a tous apportés de très loin.
Seule, comme un témoin inclément et qui raille,
Une carte navale est pendue en un coin ;
Sur le tableau jaunâtre, entre ses noires tringles,
Les vents et les courants se croisent à l’envi ;
Et la succession des petites épingles
N’a pas marqué longtemps le voyage suivi.
Elle conduit jusqu’à la ligne tropicale
Le navire vainqueur du flux et du reflux,
Puis cesse brusquement à la dernière escale,
Celle d’où le marin, hélas ! n’écrivit plus.
Et ce point justement où sa trace s’arrête
Est celui qu’un burin savant fit le plus noir :
C’est l’obscur rendez-vous des flots où la tempête
Creuse un inexorable et profond entonnoir.
Mais elle ne voit pas le tableau redoutable
Et feuillette, l’esprit ailleurs, du bout des doigts,
Les planches d’un herbier éparses sur la table,
Fleurs pâles qu’il cueillit aux Indes autrefois.
Jusqu’au soir sa pensée extatique et sereine
Songe au chemin qu’il fait en mer pour revenir,
Ou parfois, évoquant des jours meilleurs, égrène
Le chapelet mystique et doux du souvenir ;
Et, quand sur l’Océan la nuit met son mystère,
Calme et fermant les yeux, elle rêve du chant
Des matelots joyeux d’apercevoir la terre,
Et d’un navire d’or dans le soleil couchant.
François Coppée, Poèmes modernes
L’attente est le début du voyage qu’on esquisse assis sur un quai. Merci affranchie.
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En marchant lentement dans les joints des pierres, j’ai vu le sens de la carrière, son ambition cathédrale et son acte humble.
Merci Margot.
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Hier… là-bas ❤
Où serez-vous demain, mon amour dites-moi
Serai-je à vos côtés, serons-nous déjà morts
Et si notre cœur bat, sera-t-il aux abois
Sera-t-il tout léger, verrons nous l’âge d’or
Ou plutôt verrons nous venir le temps des pierres
Où serons-nous demain si demain c’est la guerre
D’immenses fleurs de feu au dessus des jardins
Peut-être 100 fois pire ou peut-être la fin
Où serez vous demain, vous que j’aime aujourd’hui
Aurez-vous le sourire que vous avez ce soir
Demeurons tous les deux pour traverser la nuit
Je saurai bien trouver mon chemin dans le noir
Le jour peut se lever sans que l’amour finisse
Il nous faut le bonheur sans que la peur s’y glisse
Mais le temps va si vite où serons-nous demain
Viens, suis-moi sans rien dire et sans lâcher ma main
Hier, où étais-tu, t’en souvient-il encore
Avais-tu le sourire étonnant de ce soir
Où serons-nous demain, serons-nous les plus forts
Cette nuit qui nous reste est notre seul espoir
L’amour est désormais la seule chose à faire
Où serons-nous demain si demain c’est la guerre
D’immenses fleurs de feu au-dessus des jardins
Essayons d’être heureux du moins jusqu’à demain
Bernard Dimey
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Exceptionnel Bernard. Merci.
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Simple pourquoi fer, ça rouille…merci Célestine, toi l’inoxidable !
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