EXTRAIT


+Sans aucun désir de compter le nombre de doigts que la main de mon coeur donne à l’intouchable, porté par la force du vent je me fends l’étrave sans plus me poser de question. A force de voir le point de départ s’éloigner, on finit par perdre le détail du visage. Ce qui chérit demeurant dans une image n’ayant plus d’extrémité. On est dans rien, en plein tout. Est-ce pour apprendre ce que l’on doit connaître de la mort, qu’arrive cette période où les doigts n’ont plus qu’un effleurement virtuel ? Les gens qui n’ont rien vécu des guerres ne peuvent pas comprendre. De ceux qui y sont passés restent trois types. Le premier est fait d’une absence définitive provoquée par un incendie volontaire dès le traité de paix. Le second rassemble les êtres qui jamais plus ne sauront s’ils sont dedans ou dehors de leur existence. Enfin le troisième type qui n’a rien arrêté des combats. Il continue à se peindre le visage de peintures de guerre, marche dans les marécages jusqu’aux épaules, des serpents lui escaladant la pensée, un enfant décapité au bout de la baïonnette montrant le blanc de ses yeux au bord du viol de sa mère. Les explosions sont de tous les silences. Tout autour de n’importe lequel de ces trois vétérans, un élevage en batterie de colombes dans des enclos à musique entre en bourse.
Un avion au-dessus bouscule les nuages, sous mes pieds j’entends craquer la ouate. Il y a des fourmis qui ont rejoints un escargot sur la ligne d’horizon. On va tous quelque part où personne ne nous attend, une conviction venue de je ne sais où nous guidant mieux qu’un GPS. Le mouvement perpétuel déparalyse mes bras quand je suis certain d’avoir ta langue dans le baiser de la mienne. Et ce qui n’est pas classable, tu le sens tout en gardant tout pour toi.
Niala-Loisobleu – 25 Juin 2016

Qui d’eux porte l’arbre ? Le sang qui, en nouant la branche, a su amener la terre à s’offrir, ou la nuit cherchant l’aube qui a pu pleurer le jour, alunie ? Sel du rêve essentiel au Jardin.
La mer présente, comblant le voeu parti naviguer depuis la nuit des temps sans couper l’ombilic des marées, a fait en sorte qu’aucun connard curieux ne stationne sur le pont. Laissant le mystère au cru. Tout commentaire s’autodétruisant par la vertu du silence avortant la parole monstrueuse.
Un tremble me traverse, tes seins sautent, le germe éclate le noyau. La rage fend l’inerte d’un signe de présence.
Niala-Loisobleu – 09/06/16
er
L’intelligence avec l’ange, notre primordial souci. (Ange, ce qui, à l’intérieur de l’homme, tient à l’écart du compromis religieux, la parole du plus haut silence, la signification qui ne s’évalue pas.
Accordeur de poumons qui dore les grappes vitaminées de l’impossible.
Connaît le sang, ignore le céleste.
Ange : la bougie qui se penche au nord du cœur.)
Vous serez une part de la saveur du fruit.
Amis, la neige attend la neige pour un travail simple et pur, à la limite de l’air et de la terre.
L’acte est vierge même répété.
Le poème est ascension furieuse ; la poésie, le jeu des berges arides.
Si l’homme parfois ne fermait pas souverainement les yeux, il finirait par ne plus voir ce qui vaut d’être regardé.
Notre héritage n’est précédé d’aucun testament.
On ne se bat bien que pour les causes qu’on modèle soi-même et avec lesquelles on se brûle en s’identifiant.
Agir en primitif et prévoir en stratège.
Nous sommes des malades sidéraux incurables auxquels la vie sataniquement donne l’illusion de la santé.
Pourquoi •>
Pour dépenser la vie et railler la santé ?
(Je dois combattre mon penchant pour ce genre de pessimisme atonique, héritage intellectuel…)
René Char (Feuillets d’Hypnos – Fragments)

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