Mécanique Verbale et Don de Soi


Mécanique Verbale et Don de Soi

Aucun mot n’aurait mieux pu, sans doute, exprimer sa joie.
Il le dit et tous ceux qui attendaient contre le mur tremblèrent.
Il y avait au centre un grand nuage — une énorme tête et les autres observaient fixement les moindres pas marqués sur le chemin.
Il n’y avait rien pourtant et dans le silence les attitudes devenaient difficiles.

Un train passa derrière la barrière et brouilla les lignes qui tenaient le paysage debout.
Et tout disparut alors, se mêla dans le bruit ininterrompu de la pluie, du sang perdu, du tonnerre ou des paroles machinales, du plus important de tous ces personnages.

Pierre Reverdy

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L’Arbre pris de Gélivure


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L’Arbre pris de Gélivure

 

Muette

la branche

ne sève plus quoi dire

 

Un gel de silence

qui crante au fond du sceau

se demande comment coi fondre

 

Je cherche les oies

dans un ciel en rase-motte

hyper trop fié de ma candeur

 

Niala-Loisobleu – 4 Décembre 2017

 

 

Nocturne en plein jour


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Nocturne en plein jour

Quand dorment les soleils sous nos humbles manteaux

Dans l’univers obscur qui forme notre corps,

Les nerfs qui voient en nous ce que nos yeux ignorent

Nous précèdent au fond de notre chair plus lente,

Ils peuplent nos lointains de leurs herbes luisantes

Arrachant à la chair de tremblantes aurores.

C’est le monde où l’espace est fait de notre sang.

Des oiseaux teints de rouge et toujours renaissants

Ont du mal à voler près du cœur qui les mène

Et ne peuvent s’en éloigner qu’en périssant

Car c’est en nous que sont les plus cruelles plaines

Où l’on périt de soif près de fausses Fontaines.

Et nous allons ainsi, parmi les autres hommes,

Les uns parlant parfois à l’oreille des autres.

Jules Supervielle (Extrait de La fable du monde)

ATONIE


ATONIE

Les pleurs des autos mobiles repoussés au lointain

l’horizon ne montre pas clairement

les traits de son visage

Il faut franchir la côte pour les eaux profondes

et sortir de la voie des sirènes

Sentir enfin la laine de ton ventre

se déshabiller du vague

me Nous rirait.

Niala-Loisobleu – 10 Mai 2017

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RICOCHETS


 

 

RICOCHETS

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A des couverts – mais lesquels -le vent rabote à rebrousse cailloux, les pilastres ont le mollet raide et là où reste de l’herbe les arômes se sont embusqués

Un filet monte , des algues en épis dressent des plis sur la plage
ne laisse pas le sable ne pas conter le tant
en posant un couvercle le chant  qui sèche l’aqueux de la rosée

Une planche après l’autre la cabane sent toujours l’huître
de la vase lui colle en corps
les bottes chuintent
tire-moi du lit de la claire que je vois juste

D’aurore en crépuscule
que de soleils sautent dans la brume
entre le mouvement des marées
la sécheresse des mots feints ne déglace pas l’inavoué

Niala-Loisobleu
24 Juillet 2016

SAUF QUI PLEUT


SAUF QUI PLEUT

Un matin de lendemain sans journaux, il ouvrit sa chemise pour reclasser les idées laissées sans suite, puis sortit par la porte de service.Le jour était en train de se poser des questions rien d’extraordinaire , juste bon à s’éviter de donner des réponses.Une partie au-dessus de l’horizon, floue et opaque, l’autre invisible, probablement en-dessous encore à ranger des trucs dans la cave. Il demeura coi, sans trop savoir pourquoi, mais à quoi bon. Ce qui est certain c’est qu’il mûrissait un projet dans sa tête. Un plan de dertalien, comme disait mon p’tit gars un ami cher, une exception au parcours, absolument rien à voir avec des envies de corrézien jouant les fan fans de la tulipe.

Le ciel qu’était plus lourd qu’une bise légère de ma p’tite-fille aux yeux bleus sur ma barbe, se chargeait d’un plomb à courir chez le charpentier pour tout étayer avant la fin de la Genèse. Mais z’est t-il encore temps, se hurla t-il afin de sortir de sa torpeur.

D’un coup de reins, il se précipita au port.

Avisant une barque, il la rama dard dard, afin de l’aiguillonner au RER francilien, que le développement des banlieues étendait désormais à tout l’hexagone. Avec sa pelle et son p’tit seau, il écopa d’une averse d’intérêt général qu’un maton qui faisait de la photo porc no, lui intima de reverser dans l’esquif échoué au milieu de la mère morte de chagrin. Des roms de passage par ici, sortirent leurs violons en déployant les accords d’Eon , l’édit des nantis et des sans-papiers, pour la parité, une sombre histoire de taupe. Un long cortège conduit par Charles, conduisit la Mama à sa nouvelle demeure, ramassant au passage tout ce qui se traînait rien que vaille.

Pendant ce mauvais temps, le ciel s’étant chargé davantage en nature, le ferry la barre dévissée, tournait en rond dans la tourmente. Une vierge s’en vînt à passer, noire comme un préposé au vain de messes, grand dam des flamands roses et des wallons beiges que le père Noé, poussait à embarquer pour sortir de cette impasse.

Combien d’épisodes durent subir les passagers de la croisière joyeuse, en compagnie des affligeantes productions de la télé, impossible à dire, mais qu’importe le voyeur de l’audit-mate vérifie les comptes.

Le vent qu’avait rugi et secoué l’embarcation tombait feuille à feuille. La mer se remontait comme un bidet produit par hic et ah. Compliqué, à cause des vices, mais suivre la notice avec son GPS pour trouver le bon trou.

Les gros nuages avaient quitté les lieux, tout était calme comme après une rave-party.Quand l’ô se fut totalement retiré, on vit un arbre posé sur une échelle. Il avait échappé à la sécheresse du coeur.

Niala-Loisobleu – 11/04/16

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ONDES DE FREQUENCE


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ONDES DE FREQUENCE

Des parasites bafouillent sur la modulation de fréquence
La méga herse s’est couchée en travers de la chaussée
Au milieu du canal le pont-levis est relevé
Les notes s’engloutissent
Le sabre de la nouvelle lune coupe le crêpe de la nuit
Pas un geste de la parole ne rompt les barreaux
Au pied de la geôle chaloupe l’évasion
Les hommes dorment d’inaction
Aux mains griffant les décombres d’un bonheur arraché
Sur la langue de la plage sèchent des mots échoués

Salive enregistrée
Raides d’un sel qui les a conservé intacts
Mots de tout que le silence n’a pas étouffé
Juste mis en attente
Ma mémoire d’amour guette
Du plus haut de la hune
Le signe
Le souffle
L’onde

Qui va recercler les hanches des canards

Le lien patient a cassé la glace de son étrave
Elle se dresse
Son jour en corps au centre de la nuit
Demandant pardon aux hommes de n’avoir su trouver l’emplacement du bonheur
Présentant sa présence à portée de coeur
Debout dans ses yeux
Sur le sable qui moule ses chevilles
Au seau appâté par la pelle de son désir
Trois cormorans crient d’elle et de lui
L’île n’est plus lointaine
Ile y est pour ailes
La marée s’est retirée pour laisser passage aux pieds
A contre-courant la nage est vaine
Les coquilles crissent leur vide au marché des nus pieds
L’eau douce sale les larmes et bleuit les joues
Le jour n’est plus loin
Occis gênes et pièges menant droit aux naufrages
Une lueur tend son cordeau mauve sur l’horizon
Qui dévoile le chenal
Sur le môle nimbé de blanc un home attend
L’ouverture des portes de l’écluse pour changer d’étiage

Niala-Loisobleu

19 Octobre 2015

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https://www.youtube.com/watch?v=zIyxfQvGih0

HALEINE HALEINE GROSSE HALEINE


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HALEINE  HALEINE GROSSE HALEINE

Gris vert le sable s’avale les galets

mi-ombre mi soleil

la gueule grande ouverte des moules à qui manque le couvercle baillent à jamais

quelques coques enrouées ne chantent pas non plus le levé du jour

c’est pas un changement d’heure qui donnera de la voie à l’à venir

Les années a ronger la côte ont changées la place que les oyats tenaient à me piquer les pieds quand,

dans ma nudité autorisée d’enfant, j’allais faire des châteaux à Oléron

sans qu’une arrière-pensée puisse mettre l’oeuvre en contestation

pas plus philosophique qu’architecturale

Faut dire à la décharge des adultes qu’ils engendrent plus souvent

pour donner la vie aux rêves qu’ils n’ont pu mettre à terme

que pour apprendre à grandir d’eux-mêmes

Parents c’est le repentir d’un enfantement non demandé

Une peinture neuve glisse entre bois et écaille

des odeurs de peint frais remontent la carène

sur son ber la coque devance la marée

elle tressaille à l’idée de mouiller

autrement que comme il se doigt

se laissant hâler aux oublis des raideurs d’un quotidien rouillé

Petit bateau deviendra grand

personne ne pourra lui interdire de se faire les plus beaux voyages

au plus près

ou

au plus lointain

c’est jamais la distance qui fait la découverte de soi

personne ne peut être plus près de son égo que son alter

quelque soit l’endroit où on le pose

dans quelque décor

quelque musique

quelque pêche miraculeuse

quelque roi mage

quelque mais si

Je péniche

tu chalands

île hirondelle

Ce bout de ficelle

auquel on accroche son destin a des dons élastiques inimaginables

si t’as pris soin de te munir du couteau

un ô-pinel

tu seras à m’aime de graver, tailler, façonner ta nourriture spirituelle

en coupant que les barbes

Que ferions-nous sans nos merdes

l’espoir ne servirait même pas à s’en torcher

Haleine haleine grosse haleine

toi la fille qui m’accompagne

t’es bonheur de te mettre en mon air d’accordéon au ton du jour bon

que rien des orages, malheurs des chemins défoncés, impasses, bifurcations, détournements,

changements de cap, guerres d’influences, programmes menteurs, réformes à réformer, contes à rebours

ne pourraient mieux me faire denser

Haleine haleine grosse haleine

fais le bon poids et Jonasse moi bord d’aile

Je t’aime tout simplement pas compliquée,

au contraire de ce qui m’a été proposé par temps d’autres…

Niala-Loisobleu

27 Mars  2015

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https://www.youtube.com/watch?v=S8tMIHmYkTs

DE NOUS A LA


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DE NOUS A LA

D’un bout de lagune au ponton d’embarquement un instant nous voici en mode pose

Nos chemins d’ardoises auraient-ils atteint la côte d’alerte

conduisant le tavernier à fermer le robinet ?

Que nenni mes Beaux

vos gorges en craies ne sont que momentanément à sec

la fin d’hiver peine à mettre le printemps à bas

A flan de ventre trop de neige dans temps avalanche le nerf amoureux

Le sol entre mou et dur se fraie la jacinthe contre l’envie de gagner des narcisses

Parfois les nuages ont besoin de faire escale

heureusement les arbres gardent toujours une chambre libre pour que le rêve se revitalise

Le rythme scolaire en cale sèche et la grippe en java

dans leur tour de France ont freiné la crise  en posant des chicanes sur l’itinéraire

Le cheval fourbu se démêle la crinière aux bons soins des verres de taire

Je vois le grand  rocher de Vincennes se parer des premiers bourgeons d’espaces ouverts

l’embrun qui me vient de derrière la ligne

m’a dit en un tour de langue

que tu n’as rien perdu de ton sel d’encre

Au sommeil d’hivernage tes seins ont retissé de la toile

tendu le quai frétille

l’accordéon des soirs en relevant les draps soulève la chanson de ton corps

plus loin de vent

A la montée des mâts

Je t’as sise chat peau point tu…

Niala-Loisobleu

5 Mars 2015

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