LA NUIT FUT TRAVERSEE


 

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LA NUIT FUT TRAVERSEE

 

On entendait la rivière respirer calmement, à peine si la lune rencontrait un poids mort dans son quartier, la nouvelle, petite-débutante a fait sa rentrée sans bruit, jolie comme tout, passant sur le ventre de la terre un peu gonflé par un pouvoir maléfique. Les marches ont commencées par se mettre en pente, ce qui rend la descente de lit plus glissante, le café quant à lui avait un goût fade à le croire américain. Mes oreilles en partirent sans chercher à comprendre. Mais au fond de l’imprécis retenu pour créer une ambiance favorable aux couleuvres à faire avaler au bon peuple, me souvint sans douter de tes atouts gardés dans ma poche à coeur, la celle où je tiens le caillou: Ô mon guide.

A peine passé la porte, la comptine fait sa ronde, j’attrape d’un baiser la natte du delta, ma copine fait tourner les carreaux de sa saline, culotte petit-bateau, et hop nous voilà partis

Un ange repasse

En pesée

Des quatre fers

Sur le col et les poids niais

Le prochain qui s’y colle

Recopuleras 100 foies

au présent

Les soleils d’automne sont l’or du feuillu, dans le bois elles couchent le champignon sous l’humus, en se mettant en drap de dessus, l’odeur de terre ouverte monte au-dessus des châtaignes pour les marrons chauds des terres à labours. Le cheval monte au devant des semailles, sans gêner les vaches dans leur contemplation d’entrain. Des doigts de peint regardent la Chaume, un tant se met au chevalet.

Quelque chose décoince…ça culbute…

Niala-Loisobleu – 12/09/18

PREMIERE HERBE


Peinture 3

PREMIERE HERBE DE ST-JEAN

S’ouvrant fraîche peau

formes couleurs

mouillent les doigts

Je remonte ton rêve

pas à pas

souffle attendri

N’en rien tondre

flamme dans nos main

sautons dans l’été

Niala-Loisobleu – 21 Juin 2018

 

Tu m’as trouvé comme un caillou


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Tu m’as trouvé comme un caillou

Tu m’as trouvé comme un caillou que l’on ramasse sur la place
Comme un bizarre objet perdu dont nul ne peut dire l’usage
Comme l’algue sur un sextant qu’échoue à terre la marée
Comme à la fenêtre un brouillard qui ne demande qu’à entrer
Comme le désordre d’une chambre d’hôtel qu’on n’a pas faite
Un lendemain de carrefour dans les papiers gras de la fête
Un voyageur sans billet assis sur le marchepied du train
Un ruisseau dans leur champ détourné par les mauvais riverains
Une bête des bois que les autos ont prise dans leurs phares
Comme un veilleur de nuit qui s’en revient dans le matin blafard
Comme un rêve mal dissipé dans l’ombre noire des prisons
Comme l’affolement d’un oiseau fourvoyé dans la maison
Comme au doigt de l’amant trahi la marque rouge d’une bague
Une voiture abandonnée au milieu d’un terrain vague
Comme une lettre déchirée éparpillée au vent des rues
Comme le hâle sur les mains qu’a laissé l’été disparu
Comme le regard blessé de l’être qui voit qu’il s’égare
Comme les bagages laissés en souffrance dans une gare
Comme une porte quelque part ou peut-être un volet qui bat
Le sillon pareil du cœur et de l’arbre où la foudre tomba
Une pierre au bord de la route en souvenir de quelque chose
Un mal qui n’en finit pas plus que la couleur des ecchymoses
Comme au loin sur la mer la sirène inutile d’un bateau
Comme longtemps après dans la chair la mémoire du couteau
Comme le cheval échappé qui boit l’eau sale d’une mare
Comme un oreiller dévasté par une nuit de cauchemars
Comme une injure au soleil avec de la paille dans les yeux
Comme la colère à revoir que rein n’a changé sous les cieux
Tu m’as trouvé dans la nuit comme une parole irréparable
Comme un vagabond pour dormir qui s’était couché dans l’étable
Comme un chien qui porte un collier aux initiales d’autrui
Un homme des jours d’autrefois empli de fureur et de bruit.

Louis Aragon, le roman inachevé, 1956

 

C’était avant que l’apporte claque. Voilà trente-six mois et + , que j’arrose l’arbre de vie d’air de sel qui ne peut faire semblant. Toujours naturel comme le cycle des saisons sur lequel mon vélo tisse la toile. La chaleur est trop lourde , il faut que j’aille au creux, à l’endroit où les fougères écartent leurs palmes. Lit d’aiguilles dans la pinède, trouée par où passent les vieilles pierres de l’abbaye. Près des plantes médicinales du jardin de curé. La grande arche fend le ciel. Un saut de vague écume la plage d’un sourire chantilly. J’ai écouté l’oiseau revenu de sa traversée océanique, me dire que les lointains sont bien plus près que des voisins de palier qu’on ne rencontre jamais. Il n’y a pas d’oubli du silence. Seul le bruit ne peut garder de mémoire. On a toujours fait la voile en fonction du vent. Les matériaux changent pas le souffle des poitrines. As-tu vidé le sas de plongée ? L’arbre est en première page à la hune. La mer garde cette odeur de cabane en couleur vive. L’écaille y mouille son fruit. Algue marine couvrant ton front pour ne rien perdre du vert de tes yeux où je vis à te voir. La chanson de ton clapot me roule bord à bord, posée sur mes lèvres comme le caillou pour ne jamais te perdre.

Niala-Loisobleu – 6 Juillet 2017