Rides du temps


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Rides du temps

Plus je crie plus le vent est fort

La porte se ferme

Emporte la fourrure et les plumes

Et le papier qui vole

Je cours sur la route après les feuilles

Qui s’envolent

Le toit se soulève

Il fait chaud

Le soleil est un aimant

Qui nous soutient

À des kilomètres

J’aime le bruit que tu fais

Avec tes pieds

On m’a dit que tu cours

Mais tu n’arriveras jamais

Le vieil amateur d’art a un sourire idiot

Faussaire et cambrioleur

Animal nouveau

Tout lui fait peur

Il se dessèche dans u musée

Et participe aux expositions

Je l’ai mis dans un volume au dernier rayon

La pluie ne tombe plus

Ferme ton parapluie

Que je voie tes jambes

S’épanouir au soleil

Pierre Reverdy (La Lucarne ovale, dans Œuvres complètes, I)

 

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Pris de folie, l’arbre s’arnacha et monta dans le gros avion pour sauter en parachute, inspiré par le mouvement automnal.

  • A mis l’pied. ?
  • J’sais pas. Impossible de savoir l’altitude à adopter.

Cette vague m’en fit voir tant qu’à part une peau de vache en fleur de Tonton Georges, je crois pas avoir mis mon nez dans un pareil monologue du vas geint.

C’est pas dur plus tu nageais à toucher la côte, plus tu te retrouvais au plus loin de la vue du premier cocotier.

Une sorte de film à rembobinette.

Oh, les stries que ça laisse, j’te dis pas. Que ta gueule on dirait une coupe de montagne avec ses strates.

  • Sioux plait, m’entendis-je interpeller par l’indien qui faisait concierge dans le scénario. Vous allez où là ?
  • Ben……….

Réalisant que je grattais son absence comme dans une case de loto de présence aléatoire, je descendis de la vague de la plage, m’ébrouais comme le clébard qu’on fait courir pour le fatiguer afin d’être peinard et relevais le store de la marée basse pour jeter un oeil sur la ligne de vie en attente.

Et de la pluie revenue, devant la pierre, un brin d’air reverdit.

Niala-Loisobleu – 18 Octobre 2017

 

SUIS-JE APTE A ME FAIRE ?


SUIS-JE APTE A ME FAIRE ?

 

Des fois, il se peut qu’on entre au coeur de son couloir et c’est possible qu’à l’abord d’une courbe on entende ce qui va conduire à voir… avant d’y être parvenu…

Voilà qui justifie d’entrée l’avertissement lancé au lecteur cartésien, de bien vouloir sortir . Afin que ceux pour qui, la métaphore bouche d’emblée, aillent paître…il y a plus de restos à bestiaux que d’endroits d’herbe  poétique pour nourrir sa vie.

Je me fous de l’imperméabilité lambda au surnaturel. Mon intime conviction s’est construite au travers d’un vécu renouvelé en permanence. Ne pas avoir la moindre vision des indispensables révélations de la poésie, met sans appel, un terme à la réalisation de l’égo prétendument souhaité.

Par tranches épaisses sa vraie vie se complait dans  l’indigeste auquel elle s’est soumise. Compromis désastreux faisant la part belle au si j’aurais su…Jusqu’au haut-le-coeur qui un matin déboule sans plus vouloir s’ignorer.

Entouré de murs, on devient l’insecte pris dans son propre abat-jour. De s’être mis en lumière, voilà qu’on se cogne à tout ce qui fait l’ombre de soi.

Plus possible de reculer, tout est grillé, mais où est-elle donc la sortie pour franchir le barrage et accéder à la lumière qui crie allez viens ?

La porte en trompe-l’oeil c’est celle qu’il faut repérer en premier….le risque de se foutre dans un nouveau vide est tendu…Un seul moyen de trouver le passage, regarder ce que l’on va devoir faire souffrir sans penser au plaisir qui se dessine pour soi sur l’autre bord.

On n’a à tuer que le Soi qui n’a pas de raison d’ être. Culpabiliser en fonction des autres est se retenir dans le larvé de sa lâcheté primitive.

Niala-Loisobleu – 5 Décembre 2016

 

Ancien hôpital de Saintes

 

EN SORTANT D’UNE CERTAINE PEINTURE


lunaaaa

EN SORTANT DU TABLEAU

Me brisant, la chute décrypta en un instant des jours de course au sac. Que les oiseaux en devenaient noirs.. Boum.Tant pis pour la toile, en la perçant c’est comme repartir tapis volant.Un trou? La meurtrière à lumière peut-être ?

Du haut des tours le panorama entre dans le moindre détail. Du crénelé de soi-même défilent les chapitres.. Questions labourées, l’automne se blottit le semis aux plus fertiles. La réponse lève. Dans l’ocre terre percent de minuscules points vers.

Arrêter. Ne plus peindre, écrire d’abord. Vox je t’écoute sans brouillon. Lettres capitales. Epitre. Heures riches ?

 Le feuillage éclairé – 2

La voix était d’ironie pure dans les arbres,
de distance et de mort,
de descellement d’aubes loin de nous
Dans un lieu refusé. Et notre port
était de glaise noire. Nul vaisseau
n’y avait jamais fait le signe de lumière,
tout commençait avec ce chant d’aube cruelle,
un espoir qui délivre, une pauvreté.
C’était comme en labour de terre difficile
l’instant nu, déchiré
où l’on sent que le fer trouve le coeur de l’ombre
et invente la mort sous un ciel qui change.»

Yves Bonnefoy,

(Le chant de sauvegarde, extrait de Hier régnant désert)

Avec timidité le sourire se remet en marche. Sur les pierres le son de l’écume blanchit les passages. On dirait que le soleil avale les carreaux. Il manque la rage, la vague s’est faite étale. Temps mort. Je me regarde de face. Quel baume mettre à la douleur ? Les maux débusqués demandent l’attention. Convalescence. Le cheval ira en alpage, l’air d’altitude de lui redonner confiance en lui-même. D’oublier de guérir les autres. Se porter à la partie accessible du graal. Ulysse, rappelles-moi…

Reste du feu sous la cendre. L’âtre n’a pas refroidi ses pierres. La crémaillère tend les bras et la table allonge son bois. Du bleu ramure de l’intérieur. La saison d’automne fait ses coupes avant la vendange. Le printemps ne monte que de la chute des feuilles

Niala-Loisobleu

18 Septembre 2015

Johnny Palacios Hidalgo 1970 - Peruvian Surrealist painter - Tutt'Art@ (1)

https://www.youtube.com/watch?v=KTtZhaDZfyk