Les Blessures/Bruno Ruiz/ Mon quattrocento


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Dessin : Etude de Signorelli Luca (1450-1523)

Les Blessures/Bruno Ruiz/ Mon quattrocento

Les blessures font partie des vivants, elles habitent leur vie comme une ligne d’infra basse dans la soute des machines, elles nous accompagnent dans nos rires, s’accrochent aux branches de nos arbres les plus paisibles. Elles dansent sur les houles de l’incommensurable peine des hommes, rejoignent les fantômes innombrables de l’absence, de nos erreurs et de nos lâchetés. Et je les porte en moi comme un sac de larmes sur les épaules, cheminant vers des sources légères, dans la cicatrice des mémoires et la trêve de sanglots lancinants. Un jour, un jour sans doute, je serai aérien dans l’étreinte sereine de l’univers, et rien ne pèsera sur mes pas. Il n’y aura plus d’ombre sur la joie de vous savoir si semblables.

Bruno Ruiz, 2017

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Morsure d’amour-propre, buisson épineux poussant sans prévenir sur la pelouse venant d’être tondue. Deux oiseaux jouent au badminton. Le cerf-volant s’envole, la main sournoise du semeur d’embrouilles sort du brouillard où elle réside et perche l’accessoire sur l’inaccessible.

Air glacé, la gerçure se saisit des lèvres.Adios sourire.On devra attendre. La commissure rogatoire autorisant une perquisition saura-t-elle hein ma soeur Anne ?

Je saigne très bien qu’au fond de moi rien n’envenimera la cicatrice de nos poignets nuptiaux. D’aucuns n’y auraient vu que l’image ex-voto du péri en mer. La blessure- notre est une sorte de troisième oeil, veillant sur Nous. L’ange à Nous, ne quittant pas un seul de nos mouvements. L’oreille à nos mots malheureux, nos tons faux, dérapage, sans qui nous n’aurions pas vraiment pouvoir pu prétendre au savoir lire de l’Autre. Le froid rend la graine vivace pendant son sommeil. Oiseau du pouls, animant la pompe du m’aime sang.

Je reste l’Enfant qui apprend la minute présente mon Coeur, Toi, étant en quelque sorte mon éternel quattrocento.

Niala-Loisobleu – 8 Janvier 2017

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Le jeune Ciceron lisant-1454-Vincento Fappa

SUIS-JE APTE A ME FAIRE ?


SUIS-JE APTE A ME FAIRE ?

 

Des fois, il se peut qu’on entre au coeur de son couloir et c’est possible qu’à l’abord d’une courbe on entende ce qui va conduire à voir… avant d’y être parvenu…

Voilà qui justifie d’entrée l’avertissement lancé au lecteur cartésien, de bien vouloir sortir . Afin que ceux pour qui, la métaphore bouche d’emblée, aillent paître…il y a plus de restos à bestiaux que d’endroits d’herbe  poétique pour nourrir sa vie.

Je me fous de l’imperméabilité lambda au surnaturel. Mon intime conviction s’est construite au travers d’un vécu renouvelé en permanence. Ne pas avoir la moindre vision des indispensables révélations de la poésie, met sans appel, un terme à la réalisation de l’égo prétendument souhaité.

Par tranches épaisses sa vraie vie se complait dans  l’indigeste auquel elle s’est soumise. Compromis désastreux faisant la part belle au si j’aurais su…Jusqu’au haut-le-coeur qui un matin déboule sans plus vouloir s’ignorer.

Entouré de murs, on devient l’insecte pris dans son propre abat-jour. De s’être mis en lumière, voilà qu’on se cogne à tout ce qui fait l’ombre de soi.

Plus possible de reculer, tout est grillé, mais où est-elle donc la sortie pour franchir le barrage et accéder à la lumière qui crie allez viens ?

La porte en trompe-l’oeil c’est celle qu’il faut repérer en premier….le risque de se foutre dans un nouveau vide est tendu…Un seul moyen de trouver le passage, regarder ce que l’on va devoir faire souffrir sans penser au plaisir qui se dessine pour soi sur l’autre bord.

On n’a à tuer que le Soi qui n’a pas de raison d’ être. Culpabiliser en fonction des autres est se retenir dans le larvé de sa lâcheté primitive.

Niala-Loisobleu – 5 Décembre 2016

 

Ancien hôpital de Saintes

 

La Mémoire des Muses 7 (De Paris à Cognac)


La Mémoire des Muses 7

(De Paris à Cognac)

C’est le dernier mets trot…

 

Sur les étagères du morne étendu, un sentiment de frustration a forcé ma porte.

Pour me squatter 47 ânées

Moi l’ouvert

me suis retrouvé bouclé

interdit de ces jours où vous avez été petits

petits, neufs, fragiles, bruts de sans moule en creuset

Ne pas aller vers reconnaître est d’usage en tyrannie

courage fuyons m’a joué vôtre mater closet

Devant mon regard où vous êtes crus usés de ma vue interne, pas un instant mon sang vous a vidé

Ah tiens bonjour je vous ai reconnu à tout jamais

votre invisibilité quiète mon pouls

je n’ai plus peur

mais je tremblera  à fendre les eaux

sur ce quai de Montparnasse

endroit maudit

que je connais si bien

Je vous vois à travers

de ces sentiments qui disait-on

faisaient l’homme qu’avait vu l’ours

A vous marcher à l’amble

au moins le doute est omniprésent caché

rassurant

tout est mis de côté

voici le figuratif-abstrait

beau comme ce qui outre mère indigne

l’élite mise sur le cheval gagnant

M’aime pu besoin de roi des cons pour être bourge-gentilhomme

je suis must

tu es must

ils sont musts

Must à fa

comme disent les quarante-voleurs

dans la caverne des

j’Arrive

dans moins de 24 heurs

Père

Néant-d’air-talé

primate qui vous donna

pas l’aria

mais le choeur avec ses couilles

sera

face à face au présent sorti de ses cendres

C’est le dernier mets trot…

Niala-Loisobleu

16 Octobre 2015

 

Redonnez-leur…


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Redonnez-leur…

Redonnez-leur ce qui n’est plus présent en eux,
Ils reverront le grain de la moisson s’enfermer dans l’épi et s’agiter sur l’herbe.
Apprenez-leur, de la chute à l’essor, les douze mois de leur visage,
Ils chériront le vide de leur cœur jusqu’au désir suivant ;
Car rien ne fait naufrage ou ne se plaît aux cendres ;
Et qui sait voir la terre aboutir à des fruits,
Point ne l’émeut l’échec quoiqu’il ait tout perdu.

René Char
(Fureur et mystère, Les loyaux adversaires, © La Pléiade, p.242)

La vie mise à l’affiche pour un simple spectacle s’étouffera d’elle-même dans un nombre réduit de représentations. Se laisser étonner par le marchand d’illusions du quartier, ça étourdit sans qu’on voit l’espace vide que ça brasse. Beau parleur, pas finaud finaud, mais vif comme une mouche à se poser sur le fromage qu’il sait vanter, il se pose comme s’il était opportun. Hélas ce n’est que l’artifice qui ne rend pas vraiment la langue moins pâteuse. Le remède est plus éphémère que l’avis.

Quand les murs vous rattrapent, la vérité fait sa bosse en disant « on te l’avaient bien dit que de sa bouche ne sortiraient que des maux.

Un jour que je serais grand, s’accroche alors dans la pensée comme un ex-voto.

Périr pour vivre, c’est naître rien.

Les champs cachent leurs éteules sous les tas de fumier qui précèdent l’épandage. Actuellement, je les vois s’étendre en allant et venant de la cabane à la ruche d’une couleur en gestation. Aux moissons succèdent  les labours pour les semailles du regain permanent. Avec cette différence que dans le geste semeur, la vie refuse de baisser la tête.

Je pense à Toi où que tu sois. Quelque forme que tu prennes. Et à voir l’infini que tu es, je m’émerveille de la fusion qui se marie dans nôtre creuset. Au matin le coq se prend le marteau du forgeron en tirant sur le soufflet de la forge de tout son éveil. La roue d’un Autre Jour emboîte ses rayons.

Niala-Loisobleu – 19/08/16

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INITIATION


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INITIATION

C’était avant…

à vent quoi

les mous lins

aux fils à croiser

pour en tirer l’étoile

Sur l’enlisé un songe bulle hors de la vase…

 Le jour viendra la nuit aussi J’ai peur, tout à coup, de ce qui gronde en moi comme un chacal en proie au mal de faim. j’ai peur de toutes mes faims de vivre, inassouvies et prêtes à me dévorer. Je suis la proie de ma propre faim. Je meurs de ce manque immense de l’univers: non désir, non échange, non transparence. Je meurs de froid dans le négatif du soleil.

Il y a pourtant, quelque part, des embrasements, des mots vibrants comme des violons, et des sources où boire à longs traits la lumière.

 

La pierre, comme nous, résiste, s’use, s’effrite et meurt. Elle est notre miroir. Elle porte nos désirs, et nos peurs aussi, d’immobilité, de densité, de pureté. Elle nous interroge sur des valeurs fondamentales, le lourd et le léger, le dur et le liquide, l’indifférence et le frémissement, la vie est la mort. Ces textes tentent d’explorer quelques-unes des correspondances entre le monde minéral et le monde humain, entre le rocher souffrant et l’homme qui cherche vainement à bâtir des murailles contre la douleur et l’Émotion, et qui les revendique pourtant.

Colette Gibelin

 

Lapidaire mon chemin de pierre taille le brut. Mes mains saignent de tant de larmes quand montant le rang, je vois s’ériger l’édifice à l’accroche d’une Lumière qui se débat.L’instant où l’on voit son souffle envahit par l’apnée bat aux tempes à décloisonner l’indistinct en posant les premiers traits de l’esquisse. La question-clef tient en corps la serrure au coeur de son mécanisme. Il faut dévérouiller la gangue pour toucher au seuil.De quel pigment minéral l’arc-en-ciel épure-t-il l’opaque ?

Niala-Loisobleu – 17 Juin 2016

 

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Temps d’Arrêt, avant Transe Plantation


Temps d’Arrêt, avant Transe Plantation

Je ne cherche pas le bruit d’ailes, mon Arbre vit, sa respiration est audible.

Voici simplement un nouveau chapitre qui s’apprête à cogner

à la Porte de l’Histoire.

« Aux Jardins de mon Amour »

ayant sonné

son 12ème coup

une prochaine série va venir se greffer aux autres.

Greffes

1

Lames grises du réveil
Péninsules éteintes
Quotidiennes et courtes morts

Où se greffe le vide?

Les filaments du monde se défont sous tes doigts

La nasse de tes pensées assourdit chaque source

Les brumeuses cités de toi engloutissent ta face

Plus de fleuves déployés

Plus d’herbes à venir

Plus d’agir plus de fables

Plus de suite plus de surplomb

A l’arraché

comme on extirpe l’ortie
On étripe ce mal

Il tenaille
Il résiste.

2

Sur toutes les terres du monde

L’agneau a greffé

sa face doucement ravagée

Sur toutes les terres du monde

Le bourreau greffe

Son masque impérissable et clos.

3

Où s’assemble notre double

sa voix nommant d’autres voies?

Où se greffe son rameau qui démantèle les ombres qui ronge les murailles?

Surgi des houles de notre soif
Il vient

par triomphe d’images

par vannes par grains par grappes

par ruptures et fusion

Il parle il vient
Ce double

tranchant les ligatures du mot instaurant l’autre connivence.

4

Je descends de tout un peuple de morts des charnières et du plein de ces corps révolus

Nos trames s’entrecroisent leur chair soude la mienne
Leurs rumeurs s’attachent aux lacis de mon sang

Enfant de toutes ces fibres
J’émonde les liens moisis

et me greffe aux vivants

à leur souffle à leurs chutes

à leur risque d’horizons

Visage d’un temps
J’arbitre

Et progresse dans l’onde des jours vers la tenace issue.

5

Marée bue par les sables Éclat retombé en cendres
Gorgée de battements la
Vie s’est défilée escamotant nos soifs

Cette soif

greffe de nos jardins levain de nos éveils amorce du futur

Cri d’alouette

le long des routes exténuées.

6

La ville aux trousses

ne nous exilerait plus

Si greffant l’oiseau

au cœur du cœur des pierres

Le cœur imaginait

La ville aux trousses

ne nous lapiderait plus

Si multipliant ses graines

obstinément tirées vers le jour

Le cœur nous fécondait.

7

Du fond des nuits sans âtre
Ton double assiège encore

Il éclate et questionne

comme pour mieux te greffer
A toutes les pousses de vie!

Andrée Chedid
Son titre j’en connais le thème
le t’Aime
devrai-je plutôt dire
Aboutissement
d’un passage
qui
s’écrira à la pierre du fronton
Métamorphose
prenant forme
de mon rêve poursuivit
Maisons bleues
Soleil lit de Lune
Oiseaux vols Amoureux
Mains de l’Espoir
Arbres Vergers
Chemins culottes courtes et rubans d’enfants
Niala-Loisobleu – 13/04/16
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Printemps, dédicace à s’ailes


 

Printemps, dédicace à s’ailes

Il pleut

c’est le Printemps aujourd’hui

je sais

il pleut qu’au dehors de mon coeur

c’est pour ça que c’est rassurant

ainsi ce jour m’apparait franc et généreux

d’un soleil désir de renaissance

non trafiquée

pure et carrée comme j’aime

Je me souviens

que le jour où j’ai peint cet arbre

presque 10 ans

je mettais un voeu d’amour sur la toile

Il s’exauce avec cette incroyable énergie

de  l’avènement de la vie

En dépit de la lutte et des souffrances

des frustrations

qui en marquent le chemin

la vie

rayonne de Toi mon Amour

mon grand Arbre

Niala-Loisobleu – 20/03/16

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Mon Ombre aile ma Lumière


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Mon Ombre aile ma Lumière

Aux lueurs de mon soleil-phare, tel un papillon sans gouverne serais-je l’ombre égarée se cognant à moi_même ?

Errance d’un ascenseur sans pilote balloté dans l’air rance d’un passé non dépassé …

Baudelaire mécontente Nietzsche

C’est

Baudelaire qui postdate et voit juste de sa barque de souffrance, lorsqu’il nous désigne tels que nous sommes.
Nietzsche, perpétuellement séïsmal, cadastre tout notre territoire agnostique.
Mes deux porteurs d’eau.

Obligation, sans reprendre souffle, de raréfier, de hiérarchiser êtres et choses empiétant sur nous.
Comprenne qui pourra.
Le pollen n’échauffant plus un avenir multiple s’écrase contre la paroi rocheuse.

Que nous défions l’ordre ou le chaos, nous obéissons à des lois que nous n’avons pas intellectuellement instituées.
Nous nous en approchons à pas de géant mutilé.

De quoi souffrons-nous le plus?
De souci.
Nous naissons dans le même torrent, mais nous y roulons différement, parmi les pierres affolées.
Souci?
Instinct garder.

Fils de rien et promis à rien, nous n’aurions que quelques gestes à faire et quelques mots à donner.
Refus.
Interdisons notre hargneuse porte aux mygales jactantes, aux usuriers du désert.
L’œuvre non vulgarisable, en volet brisé, n’inspire pas d’application, seulement le sentiment de son renouveau.

Ce que nous entendons durant le sommeil, ce sont bien les battements de notre coeur, non les éclairs de notre âme sans emploi.

Mourir, c’est passer à travers le chas de l’aiguille après de multiples feuillaisons.
Il faut aller à travers la mort pour émerger devant la vie, dans l’état de modestie souveraine.

Qui appelle encore?
Mais la réponse n’est point donnée.
Qui appelle encore pour un gaspillage sans frein?
Le trésor entrouvert des nuages qui escortèrent notre vie.

René Char

Nous sommes notre pire ennemi.
Une pierre brute qu’il nous faut polir au quotidien. Défait de cette illusion prétentieuse d’avoir  vaincu, nous serons lucide. Innocence préservée. Devant le derrière de chaque victoire une nouvelle bataille s’avance, ainsi va le voyage.
Niala-Loisobleu
4 Février 2016
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Ne pas être qu’un copié-collé en voilà une idée qu’elle est bonne


 

 

Ne pas être qu’un copié-collé en voilà une idée qu’elle est bonne !

D’une poussée bang, l’accommodement vient de tomber

toutes les feuilles noircies qui le couvraient

ont eu  maille à partir, v’là l’bon vent. R’euh grès éternels

Quand la tuile faîtière a chanté la première

la sébile de l’accordéon

était seule avec les lunettes noires de la chanson

au milieu d’attroupements d’hommes-sandwich

rassemblés pendant la pose. A paraître pro-chaînement

Lambdas non souhaités

C’est de l’amour à plaine main que j’essaime

pas un vide-greu nié

Ne pas être qu’un copié-collé en voilà une idée qu’elle est bonne

et m’aime

que vu que ça originale le moindre détail

je te ferais l’amour dans les autobus

en équilibre sur la plate-forme d’un machicoulis

la gargouille lyonnaise 69 fois et +

sur la brouette taille y landaise du berger qui échasse

les places st-marre aux pigeons

jamais les samedis soir

et seulement jours de paye

Té corser

contre un arbre en bois de vent-debout

jusqu’à c’que t’écume

la nuit comme le jour pêchée

encre mes mots-peints !

Niala-Loisobleu

3 Mars 2016

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EVENT


EVENT

Qu’est-ce qui claque et vibre là contre mon regard ?

Enfoui derrière les paupières d’un jour. Je me rappelle des bruits,

attends,

il y avait une couleur instrument à vent.

Non pas une trompette, des ailes grandes comme un moulin.

Une roue à aube ?

Oui c’est cela

Paula Goddard, I Am Sailing, Hungary I-Am-Sailing-940x940

Les lèvres de tes mots me reviennent une à une. Epèle. Le pré fixe revient comme la lune qui ouvre au soleil après une pluie d’étoiles. Ces bruits animaux et l’herbe qui ne s’en froisse pas. Une petite fille un sourire blond. Autour d’une clairière avance un élan de source, je crois que sans avoir à creuser profond il ne demande qu’à bondir. Cette longue robe bleue est restée toute froissée de tes caresses, comme l’oeil-de-boeuf ne s’en offusqua point.

Grand vent nettoie le regard

de la plume je revole

des heures de chemins avant les colles, par des vendanges bordées d’ô live

en allant  dans tes bras cathéchèses

battre au pouls de nos coeurs en poignets

ça tend à revivre

Niala-Loisobleu

9 Novembre 2015