DISCORDE de Jacques Dupin


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DISCORDE de Jacques Dupin

Paru au printemps et relativement passé inaperçu (tout comme la mort du poète en 2012), «Discorde» de Jacques Dupin est pourtant un livre essentiel pour qui aime la poésie de langue française et voudrait en saisir, dans la durée, une des expériences les plus fondées qui soient.

Discorde, de Jacques Dupin, qui paraît quelques années après la mort du poète, n’est pas à proprement parler une publication posthume, au sens usuellement entendu. Fruit d’un précieux et documenté travail de recension, s’y trouvent rassemblées, hors quelques documents choisis (correspondance, préambule de l’auteur…), des suites de poèmes publiées pour l’essentiel en revue que Jacques Dupin n’a pas reprises en livre. C’est donc une anthologie singulière par rapport à l’œuvre même constituée par l’auteur. Son apport majeur est de laisser percevoir en un volume le geste du poète sur un temps long de création, s’échelonnant des années 1950 aux années 2010.

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Cette mise en regard de certains poèmes des années 1950 avec quelques séries des années 2000-2010 est en effet profondément troublante. On peut se suffire de la « beauté » des poèmes, telle que leur lecture les restitue à plus d’un demi-siècle d’écart, pour les plus anciens. On peut aussi s’émouvoir de la transformation de ce même sentiment à leur lecture dans des séries de poèmes bien plus postérieures, alors que le geste du poète a pourtant rencontré son temps – un temps âpre, peu amène pour la poésie, que Dupin n’a pas esquivé. Là est même tout le sel, ou le miel, de Discorde que d’innerver plus d’un demi-siècle de création et de réflexion poétique auquel le poète a pris part, discrètement, et on en jugera peut-être avec le même retrait qui fut le sien, d’une façon singulièrement féconde.Un premier poème extrait d’une série publiée dans la revue Botteghe oscure (1951-1955) met sur la piste de cette singulière métamorphose à venir de la matière poétique chez Dupin. Comment ne pas s’émouvoir de cette « beauté » qui s’ébroue de n’en rien savoir, de ne rien entendre à cette adresse du poète dont les mots glissent telles des figures sur le miroir du langage ? Il n’y a littéralement, dans cette stance en vers non métriques, rien qui ne se perçoive d’autre que le miroitement au fil de l’eau d’un motif insaisissable :

– L’iris –

Qu’attendez-vous, jeune fille,
Dans cette barque sans mémoire ?

Peut-être une autre enfance, une autre épée,
et peut-être le bruit de pas de celui
qui crève l’œil des fées, avec sa fronde…

Quand les fleurs des berges seront hautes,
m’échangeras-tu avec l’eau ?

Elle tourmentait ses cheveux pour savoir.
Et sa beauté était libre et cernée.

Ces mots du poème n’ont plus d’imagé que le sens figuré du langage. Tout y cède d’avance devant le mouvement d’une pensée qui ne vise qu’à isoler son motif. Les lectures de grands passants de la poésie française sourdent de ces vers, Rimbaud, Reverdy, Char, comme dans ce deuxième poème de la même série où, toutefois, l’attention du poète paraît se resserrer encore :

– Les aiguilles –

Il a neigé pour que je tremble et que je crie
Sans que mon amour le soupçonne.
Il a neigé. Tous les morts se ressemblent.
Les moulins ne voient pas que le grain devient noir
tant la rivière les fascine
dans les arbres émondés de décembre
les oiseaux sont plus près des hommes que du ciel.
Je chasserai le cygne de ma page
pour épouser la naissance du cygne.

Ce poème comme le précédent est donc antérieur aux premiers livres (L’Embrasure paraît en 1969, puis précédé de Gravir, dans la collection « Poésie » de Gallimard, en 1971) qui vont valoir au poète quelque reconnaissance critique (notamment celle de Jean-Pierre Richard), à un moment où il collabore à L’Éphémère (voir ici pour rappel). Parallèle au cheminement d’un André du Bouchet, le poème de Jacques Dupin ne l’incline pas cependant à s’abstraire de la réalité du monde par quelque côté du langage. Un de ses critiques, Dominique Viart, a donné les lignes de tension de cette poésie : « élémentaire », « physique », « verbale ». Elle ne cède pas davantage à la tentation ontologique, alors même qu’elle refrène l’adresse à autrui, toute relation dialogique paraissant se suspendre dans le constat d’une présence solitaire au monde. Mais si le silence du monde se fait jour, il n’interrompt pas, n’annihile pas toute relation aux choses : le poète introduit ce blanc qui cerne l’objet du poème (la neige, le cygne ici) comme un élément de « discorde » qui noircit, force le trait. Tel est le sens de l’autonomie laissée aux mots chez Dupin.

De ce point de vue, on peut rapprocher les derniers vers du poème « Les aiguilles » (« Je chasserai le cygne de ma page / pour épouser la naissance du cygne ») de ceux qui referment un poème de la série « La mèche », bien postérieure (2012) : « Je suis revenu […] pour éparpiller / la parole // avant d’être à la fin le mort dans la lettre / et la lettre dans la mort ».

Paul Rebeyrolle, « Manipulation », lithographie, 1979 © Maeght
Paul Rebeyrolle, « Manipulation », lithographie, 1979 © Maeght

On le voit, cette autonomie laissée aux mots est singulière chez Dupin, qui est reprise, coordonnée au vif de l’écriture dans une trame existentielle que ne surplombe nul fatum, la lettre étant glissée sous la porte de la mort, au bout du corridor du poème que l’on emprunte, et où l’on ne se guide qu’à la lumière des portes laissées entrouvertes par le poète. Lequel « éclabousse » in fine (derniers mots du dernier poème) « de merde / la postérité ».

De toute urgence, c’est-à-dire dans le temps infini de la lecture, il faut reprendre ce chemin de « discorde » avec Jacques Dupin. Si l’on s’y sent plus seul, ce ne sera pas sans y avoir fait des rencontres essentielles dans la « beauté » oscillante des mots. Voici un poème où s’entend toute la relation féconde du poète à la peinture extrait de la série intitulée « Discorde » (de 2011) :

Je la soulève elle est nue
elle pose je la peins

un trait la surprend la tire
la couleur la fait ondoyer
j’affûte un fusain, j’attends
je presse les tubes

je tire un trait dans le vide
je jette la couleur sur blanc
elle s’éclipse sous la touche

mais si j’avais su peindre
ou la mordre

ce ne serait pas la croupe
ni les seins ni la chevelure

pas même l’œil ou la bouche
mais le murmure ou la peur

ce n’est pas toi que j’étreins
ni moi qui peine et qui meurs

et si tu ne m’aimes pas
tu poses

je ne crois pas en dieu
je te peins

 *

Jacques DupinDiscorde, édition établie par Jean Frémon, Nicolas Pesquès et Dominique Viart, P.O.L., 240 p., 23 €.

Source: Médiapart

Mon Ombre aile ma Lumière


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Mon Ombre aile ma Lumière

Aux lueurs de mon soleil-phare, tel un papillon sans gouverne serais-je l’ombre égarée se cognant à moi_même ?

Errance d’un ascenseur sans pilote balloté dans l’air rance d’un passé non dépassé …

Baudelaire mécontente Nietzsche

C’est

Baudelaire qui postdate et voit juste de sa barque de souffrance, lorsqu’il nous désigne tels que nous sommes.
Nietzsche, perpétuellement séïsmal, cadastre tout notre territoire agnostique.
Mes deux porteurs d’eau.

Obligation, sans reprendre souffle, de raréfier, de hiérarchiser êtres et choses empiétant sur nous.
Comprenne qui pourra.
Le pollen n’échauffant plus un avenir multiple s’écrase contre la paroi rocheuse.

Que nous défions l’ordre ou le chaos, nous obéissons à des lois que nous n’avons pas intellectuellement instituées.
Nous nous en approchons à pas de géant mutilé.

De quoi souffrons-nous le plus?
De souci.
Nous naissons dans le même torrent, mais nous y roulons différement, parmi les pierres affolées.
Souci?
Instinct garder.

Fils de rien et promis à rien, nous n’aurions que quelques gestes à faire et quelques mots à donner.
Refus.
Interdisons notre hargneuse porte aux mygales jactantes, aux usuriers du désert.
L’œuvre non vulgarisable, en volet brisé, n’inspire pas d’application, seulement le sentiment de son renouveau.

Ce que nous entendons durant le sommeil, ce sont bien les battements de notre coeur, non les éclairs de notre âme sans emploi.

Mourir, c’est passer à travers le chas de l’aiguille après de multiples feuillaisons.
Il faut aller à travers la mort pour émerger devant la vie, dans l’état de modestie souveraine.

Qui appelle encore?
Mais la réponse n’est point donnée.
Qui appelle encore pour un gaspillage sans frein?
Le trésor entrouvert des nuages qui escortèrent notre vie.

René Char

Nous sommes notre pire ennemi.
Une pierre brute qu’il nous faut polir au quotidien. Défait de cette illusion prétentieuse d’avoir  vaincu, nous serons lucide. Innocence préservée. Devant le derrière de chaque victoire une nouvelle bataille s’avance, ainsi va le voyage.
Niala-Loisobleu
4 Février 2016
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Un vide grrrrrrr nié ça te dit ?


 

Un vide grrrrrrr nié ça te dit  ?

« A te regarder devant la glace du quotidien, tu ne vois que l’image en partie déformée par l’interposition de la pensée des autres à ton égard, lui dis-je in petto avant que la faune des réseaux sociaux ne déboule dans la conversation. »

Je vis un grand reste de chandeleur parti du coin de son oeil droit embraser le gauche . Et pas que le regard, à ses défroncements frontaux, décontraction des zygomatiques que le courant serein était en marche dans ses creux privés.

« Ben oui tu es unique, ne l’oublie pas  »

Il y a le ciel et l’amer, dans une proportion où le principe inéquitable est majeur. Alors les abus, les tromperies, les trucs qui trahissent et qui trompent, qui abusent et t’abusent, excuse-moi on va passer dessus en ne retenant que ce qui seul doit compter : le principe de ton individuation.

ÊTRE OU NE PAS ÊTRE, l’english au crâne chauve qui erre en cent pas dans sa chambre n’a toujours pas été enlevé du programme des terriens. On le joue non stop à la Comédie Humaine. Si tu pars du seul absolu qui compte : le temporel, qu’est-ce que tu vas aller t’emmerder avec un truc éternellement fondu comme la névrose et ses possibilités d’ouverture sur la paranoïa. Enfin mets donc sur le devant tous ses trésors que tu tiens à l’ombre dans ton intérieur.Un simple compte montre que dans les kilomètres du parcours, y a davantage du con battant en retraite que du combattu par k.o….

Un vide grrrrrrr nié ça te dit  ?

 

http://www.jrcoaching.fr/coaching/chemin-individuation-jung.php

 

Niala-Loisobleu

3 Février 2016

 

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MAINS TENANT 1


MAINS TENANT 1

D’une averse aux sauts vicieux, le sol se mit à grimper le ciel

Comme un chien  sur le trottoir

Sur l’ardoise en fond de rideau, impossible d’écrire de la peinture,

la craie des pinceaux délébile ne tenant pas le cou sous les rafales des trempées

Rage dedans

Dehors affalés

le peintre et sa toile plantés

se remisaient dans les albums d’un alphabet qui avait perdu sa langue

Foutre

je te pisserai à la raie

sale épouvantail chasseur de moineaux

et je te couperai la continence

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Aromates Chasseurs

Je voudrais que mon chagrin si vieux soit comme le gravier dans la rivière: tout au fond.

Mes courants n’en auraient pas souci.

Maison mentale.
II faut en occuper toutes les pièces, les salubres comme les malsaines, et les belles aérées, avec la connaissance prismatique de leurs différences.

C’est quand on ne s’y reconnaît plus, ô toi qui m’abordas, qu’on y est.
Souviens-t’en.

La foudre libère l’orage et lui permet de satisfaire nos plaisirs et nos soifs.
Foudre sensuelle! (Hisser, de jour, le seau du puits où l’eau n’en finit pas de danser l’éclat de sa naissance.)

II y eut le vol silencieux du temps durant les millénaires, tandis que l’homme se composait.
Vint la pluie, à l’infini; puis l’homme marcha et agit.
Naquirent les déserts; le feu s’éleva pour la deuxième fois.
L’homme alors, fort d’une alchimie qui se renouvelait, gâcha ses richesses et massacra les siens.
Eau, terre, mer, air suivirent, cependant qu’un atome résistait.
Ceci se passait il y a quelques minutes.

Détesté du tyran quel qu’en soit le poids.
Et pour tout alpage, l’étincelle entre deux flammes.

Il arrive que des actions légères se déploient en événements inouïs.
Qu’est-ce que l’inepte loi des séries comparée à cette crue nocturne?

René Char

Déglinguant la vitre pleine de chiasses, le voilà qui se mouche

et morve bleu

à déclouer le cercueil pour redonner aux fleurs la tige et la sève hors de la couronne

Je ne suis pas de ceux qui noient

reprenez vos vases et vos bals cons

je vole, je vole, je vole !!!

Niala-Loisobleu

18 Septembre 2015