LES PREMIERES GOUTTES


40a89f482fbc5669540dc49fe7565183

LES PREMIERES GOUTTES

 

Le chien n’a pas interrompu son rêve, on le voit par moment tressaillir, tu vas prendre la route, déchirer de tes phares l’espace encore sec, il ne va pas le rester bien longtemps, on sent venir l’humide. Le vent déjà porte à porte les premières gouttes, sur le chemin l’herbe clapote sous les pieds, toute dressée de joie. L’oiseau trempe son bec et fait toilette dans la cuvette d’un pétale rose…

Niala-Loisobleu – 11/10/1

VÉGÉTATION

La pluie ne forme pas les seuls traits d’union entre le sol et les cieux : il en existe d’une autre sorte, moins intermittents et beaucoup mieux tramés, dont le vent si fort qu’il l’agite

n’emporte pas le tissu. S’il réussit parfois dans une certaine saison à en détacher peu de choses, qu’il s’efforce alors de réduire dans son tourbillon, l’on s’aperçoit
à la fin du compte qu’il n’a rien dissipé du tout.

A y regarder de plus près, l’on se trouve alors à l’une des mille portes d’un immense laboratoire, hérissé d’appareils hydrauliques multiformes, tous beaucoup plus
compliqués que les simples colonnes de la pluie et doués d’une originale perfection : tous à la fois cornues, filtres, siphons, alambics.

Ce sont ces appareils que la pluie rencontre justement d’abord, avant d’atteindre le sol. Ils la reçoivent dans une quantité de petits bols, disposés en foule à tous les
niveaux d’une plus ou moins grande profondeur, et qui se déversent les uns dans les autres jusqu’à ceux du degré le plus bas, par qui la terre enfin est directement
ramoitie.

Ainsi ralentissent-ils l’ondée à leur façon, et en gardent-ils longtemps l’humeur et le bénéfice au sol après la disparition du météore. A eux seuls
appartient le pouvoir de faire briller au soleil les formes de la pluie, autrement dit d’exposer sous le point de vue de la joie les raisons aussi religieusement admises, qu’elles furent par la
tristesse précipitamment formulées. Curieuse occupation, énigmatiques caractères.

Ils grandissent en stature à mesure que la pluie tombe; mais avec plus de régularité, plus de discrétion; et, par une sorte de force acquise, même alors qu’elle ne
tombe plus. Enfin, l’on retrouve encore de l’eau dans certaines ampoules qu’ils forment et qu’ils portent avec une rougissante affectation, que l’on appelle leurs fruits.

Telle est, semble-t-il, la fonction physique de cette espèce de tapisserie à trois dimensions à laquelle on a donné le nom de végétation pour d’autres
caractères qu’elle présente et en particulier pour la sorte de vie qui l’anime… Mais j’ai voulu d’abord insister sur ce point : bien que la faculté de réaliser leur propre
synthèse et de se produire sans qu’on les en prie (voire entre les pavés de la Sorbonne), apparente les appareils végétatifs aux animaux, c’est-à-dire à toutes
sortes de vagabonds, néanmoins en beaucoup d’endroits à demeure ils forment un tissu, et ce tissu appartient au monde comme l’une de ses assises.

Francis Ponge

 

Mais fait en corps chaud


140379

Mais fait en corps chaud

Au premier coup du tonnerre, j’attrape le polo par les basques en refusant d’en faire un ber eh..

-Tiendrai debout sans besoin d’étai, lançai-je à la cantonnée, si je vouloir être ça ne peut passer

Déjà que maille à partir de ceux qui s’accrochent dans la peur de pas trouver mieux ailleurs, des trucs collent mieux qu’un réputé morpion au coeur de sa toison, je dois à mon tour faire face à ma réputation. J’ai trop voulu ne pas dépendre pour devoir me soumettre maintenant et secoue l’en-tête pour que la peinture se défroisse. On ne peint pas sur commande dans ce que mon père m’a appris. C’est bon pour les écoles de formater, moi je m’y oppose.

Je n’aime que librement., voilà c’est dit et fait, bonne journée.

L’arrose du ciel est mine de plomb, faut voir l’azur au fusain qu’ils lui ont fait au ciel de maintenant, en plus il déchire en zébrures rouge-violet comme un vieux-chiffon détramé.

Mais fait en corps chaud pendant que ça boum…

Niala-Loisobleu – 4 Juillet 2018

Non-retenue d’eau


ef3e4d46e2af5b3d27e827b4d1cf24a7

Non-retenue d’eau

L’ongle endormi d’une lunule dévitalisée, le doigt tangue , la phalange molle, prise de crampe se noie  à sec

Ce geste pendule que la pluie bête agite comme un bénitier non-potable sur le fond baptiste

mal du jour nouveau-né est infanticide

Léthargie picturale d’une couleur chienne

veille d’un oeil refusant le sommeil, aboie, mais aboie, plus fort et mord la poisse scoumoune, monstre d’un film d’horreur, prends-là par le paon d’un plumet d’aigre être

retrouverons ce panache qui proteste vaut mieux sentir l’ail que les maux hémorragiques

La Maison dÔ philtre trémie d’union, le caillou mis en poche sépare le grain de lin pur du ton rabattu d’un office religieux

Quelques épouvantails s’animent, le vent d’un pet chambre à gaz

Sur l’arbre à médecines l’oiseau greffe sa molécule…un fruit jaune rougit !

Niala-Loisobleu – 18 Juin 2018

 

LA RIVIERE VERTICALE


 

50389081

 

LA RIVIERE VERTICALE

 

Je devais rêver, les mains à cueillir des douceurs de peau, corps laissé à la paisible sensation horizontale du liquide

soudain des craquements explosifs

le ciel s’alluma de zébrures électriques

l’orage en son et lumière venait de tirer le rideau de nuit  pour mettre le jardin  sur la scène d’un faux jour

Tout s’est dressé à la verticale  la rivière a quitté le sol pour ne plus faire qu’un avec le ciel déversoir

En allant ouvrir l’atelier j’ai découvert le tapis en crue. Un vieux cauchemar resurgit…

Niala-Loisobleu – 11 Juin 2018