APOLLO


IMG-0023

 Apollo

La terre se résume en eux comme l’odeur d’une fumée.

Et

nous,
Sous le crâne épais qui tient plus d’étoiles que tout

l’espace,
Mesurons ce qui reste de terre ici, debout
Dans le rythme fondamental de la plaine sur les vallées, À moitié déjà confondus avec les graines des labours
Entre ces blocs rompus qu’on voudrait serrer comme des

têtes ;
Déjà perdus sur la route qui plonge encore par détours
Vers des vieux secrets d’arbre mort, de herse dans l’oubli

des herbes
Enfoncée — et le lourd présage encore de trois corbeaux À gauche avec le roulement des nuages dans les ornières
Où creusèrent les tombereaux.

En eux déjà le ciel recule ;
En eux s’accroît sans fin la distance, l’illusion,
Quand c’est le ciel ici qui vient encore sur les fronts
Et les murs, ses doigts bleus d’aveugle cherchant la

différence

Avec douceur, disant : comme je t’aime, comme je

t’aime,
Ecoute, est-il pour nous d’autre distance que l’amour,
Mais celle-là réelle où, comme les tours des villages,
Nous saluons au loin de toute notre stature ?
Ainsi parlait le ciel ; ainsi parle encore la terre.
Au flanc de la plaine qui s’adoucit en pentes sous les

futaies,
Les grands cassements souterrains délivrent encore des

sources,
Et les voix qui flottent le soir avec l’amitié de la brume
Touchent le cristal éternel, hantent le songe des collines.
Mais au-dessus, muet depuis toujours, l’entretien du

possible
Et du destin, comme l’arc et la flèche, se poursuit.
L’appel est tout-puissant, et notre réponse est obscure. (Cependant je suivais la route
Sous le ciel dont le bleu refuse l’abîme des astres ;
J’arrivais près du mur qui du lierre, dans la clarté,

s’élance telle une jeune fille —
Pour appeler aussi, me rappeler, et la réponse
Etait l’air immobile entre nous comme un sourire.)

Je suis sur le do pendant qu’il reste du vers dans le pré


Je suis sur le do pendant qu’il reste du vers dans le pré

Ainsi chante l’enfant qui est en moi depuis des années

oh si lucide

que ça échappe à plus d’un

Mais échapper au banc du galérien

n’est-ce pas nager libre ?

En tout cas c’est pas barboter

(au sens propre comme au sale)

Il y des crotales dans les escaliers des villes

comme des ailés fans dans la roseraie

mais des oiseaux qui nichent pour peindre bleu c’est plus rare

Quel foutu bazar que ce souk

où on peut même pas marchander la contrainte

Mais à tout prendre

je me sens moi d’être petit

je vois le monde tel qu’il hait

voilà qui me donne une raison majeure

d’aimer

Niala-Loisobleu – 21 Septembre 2017

 

1014735_v1

Suzanne Valadon

A LIRE OUVERT


A LIRE OUVERT

Ce coeur de page

comment peut-il rester chaud

à poursuivre

quand il fait si froid tout autour

de l’encrier ?

D’eux en un

nous sommes

celui

qui demeure à l’abri du monde

et celui

qui tangue autour de son cou

Je me souviens toujours de ma peur d’enfant

refus de grandir

avec eux

caché derrière une autre allure

en remontant les trottoirs

de la ville aux maisons  tendues comme des peaux

Il ne faudrait jamais sortir de la mer

avant qu’on ait repoussé la côte plus loin en son sel

le sablier de la pendule

crisse trop dans les dents

sans le sein graal

Niala-Loisobleu – 04/05/16

Ina Lukauskaite.7