
LA CHAMBRE DANS L’ESPACE
Tel le chant du ramier quand l’averse est prochaine – L’air se poudre de pluie, de soleil revenant –, je m’éveille lavé, je fonds en m’élevant ; je vendange le ciel novice.
Allongé contre toi, je meus ta liberté. Je suis un bloc de terre qui réclame sa fleur.
Est-il gorge menuisée plus radieuse que la tienne ? Demander c’est mourir !
L’aile de ton soupir met un duvet aux feuilles. Le trait de mon amour ferme ton fruit, le boit.
Je suis dans la grâce de ton visage que mes ténèbres couvrent de joie.
Comme il est beau ton cri qui me donne ton silence !
René Char
Les Matinaux, La Parole en archipel, © La Pléiade, p.372
La Peinture m’est , je suis Peinture depuis une naissance que je ne recopie pas mais crée jour après jour.
Foutue présence du son. La tôle frappée des pensées en couleur non retenue entraîne les stimuli sensoriels.
Derrière le papier-peint l’espace a le goût du plâtre. La fissure insinue l’air.
Marches-tu sur un fil ô Peinture funambule, qu’à peine mue, tes pieds me jettent leurs chansons aux paumes.
Bleu
Outremer
Cobalt
Phtallocyanine
Prusse
Coeruléum
Vos pierres aiguisées au fusil, allument un rai sous ma porte.
J’ai pu lire l’arc-en-ciel l’instant de l’éclair.
Mot à mot.
En courant sur la passerelle de ses voyelles.
Cadnium d’un escabeau jaune levé le premier.
Des rouges remuent aux queues des branches, déplaçant le suc sorti de la motte de tes reins adossés à l’espalier. Une nervure prometteuse à la ligne de la feuille.
Je dirais à tout le Monde comme je t’aime. A toi je tairais l’artificiel.
Mes mains iront écoper les sueurs de la canopée, pour ranimer les volcans éteints.
Pas besoin d’un silex. Il suffit que tu dégrafes tes aisselles pour que tes seins glissent.
Vas où la virginité indélébile regarde les viols s’auto-détruire. J’ai ta robe blanche à mes nuits pures.
Les arbres sont en orée des clairières. J’ai peint, je peindrai.
Pour limer la solitude stérile au ras des barreaux du lit des rivières.
Un rose tyrien émergé des fraises de ta poitrine. Pris à pleine bouche.
L’eau pure fait chanter tes battements de pieds.
Ecailles dépeignées tu bruisses aux branchies de mon oui.
Tu as aboli le temps. Empalant la pendule sur les aiguilles d’un maquis corse.
Ils seront aucun. Nous serons deux à comprendre l’auto-da-fé
Ma mer cobalt rejoint les ocres où les coraux se reproduisent. A pas lents d’une course océane.
Je t’aime partout
ma Muse m’y guide dans la transparence de ton rayon.
Je t’aime à la force du souffle qui me donne ton existence !
Niala-Loisobleu – 7 Avril 2018
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