UNE POUR TOUTES


UNE POUR TOUTES

 

Paul Eluard

 

 

Une ou plusieurs

L’azur couché sur l’orage

La neige sur les oiseaux

Les bruits de la peur dans les bois revêches

Une ou plusieurs

Dans les coques de glaise on a semé des corbeaux

Aux ailes fanées au bec de tremblement de terre

Ils ont cueilli les fantastiques roses rousses de l’orage

Une ou plusieurs
La collerette du soleil
L’immense fraise du soleil
Sur le goulot d’une clairière

Une ou plusieurs

Plus sensibles à leur enfance

Qu’à la pluie et au beau temps

Plus douces à connaître

Que le sommeil en pente douce

Loin de l’ennui

Une ou plusieurs

Dans des miroirs câlins

Où leur voix le matin se déchire comme un linge

Une ou plusieurs

Faites de pierre qui s’effrite

Et de plume qui s’éparpille

Faites de ronces faites de lin d’alcool d’écume

De rires de sanglots de négligences de tourments ridicules

Faites de chair et d’yeux véritables sans doute

Une ou plusieurs

Avec tous leurs défauts tous leurs mérites
Des femmes

Une ou plusieurs

Le visage ganté de lierre

Tentantes comme du pain frais

Toutes les femmes qui m’émeuvent

Parées de ce que j’ai souhaité

Parées de calme et de fraîcheur

Parées de sel d’eau de soleil

De tendresse d’audace et de mille caprices

De mille chaînes

Une ou plusieurs

Dans tous mes rêves

Une nouvelle fleur des bois

Fleur barbare aux pistils en fagot

Qui s’ouvre dans le cercle ardent de ses délires

Dans la nuit meurtrie

Une ou plusieurs

Une jeunesse à en mourir

Une jeunesse violente inquiète et saturée d’ennui

Qu’elle a partagé avec moi

Sans se soucier des autres.

 

Paul Eluard

Flottage


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Flottage

Jaillie comme une lumière du noir

le  rai d’un levé

qui vide-chenal

ébranle le mas cigales

à la ramasse tige de bottes

pleure de soif pierre à pierre

Le feu d’un soleil raccroché par derrière

plonge au galop d’un cheval

la surface au fond de la vague

goémon…

Niala-Loisobleu – 16 Juillet 2018

AUX LARMES CITOYEN


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AUX LARMES CITOYEN

 

La vitre a les larmes aux yeux

LA VIE L’AMOUR

se perd dans les turbulences d’un vent de rage

Tout est devenu de glace

sous l’orage

plus une feuille où écrire un grain charnu au jus d’ambroisie

le vain est tiré.

 

Niala-Loisobleu – 29 Mai 2018