ELLE VEUT (Serge Reggiani)


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ELLE VEUT (Serge Reggiani)

Dans un pays où il n’a jamais vraiment plu
Elle est arrivée dans ma vie à l’âge ou rien n’arrive plus
A l’âge où le bonheur est synonyme de défaite
Le passé est fouineur qui vient jouer le trouble-fêteElle m’abandonne son corps, qu’elle rit ou qu’elle soupire
La peur de tout rater encore la peur, la peur voilà le pire

Il peut chavirer le bateau à tanguer sous les souvenirs
Le passé est un vieux couteau mais qui menace la nuit

Mais elle veut, elle veut, elle le veut comme je le veux
Elle veut que s’exauce un unique vœu
Elle veut, elle veut autant que je le veux
Elle veut voir se blanchir nos cheveux

Au fil des jours, au cours des mois, au temps de guerre et de caresses
Quand elle est là près de moi, je tremble pour qu’elle disparaisse
Qu’elle s’en aille n’importe où, ou qu’elle se prenne le maquis
Et le passé ce vieux filou ajoute oui et avec qui

Veiller aux grains de ses envies vieillir au creux de ses plaisirs
Lui faire des petits câlins et oublier nos déroutes
Le passé est un vieux malin qui a fait se joindre notre route

Mais elle veut, elle veut, elle le veut comme je le veux
Elle veut que s’exauce un unique vœu

Elle veut, elle veut autant que je le veux
Elle veut voir se blanchir nos cheveux
Elle veut, elle veut autant que je le veux
Elle veut voir se blanchir nos cheveux

 

BRIBES (XXIII)


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BRIBES (XXIII)

 

Aux cris cassés d’un sursaut, mes bras écartés resserrent leurs mailles pour tenir l’alevin en eau

Un disque usé boucle les pellicules d’un regain tenu par les bretelles

Le cartel de la Fête du Citron gazéifie  la plus avenue : Liberté d’Expression la déesse aux pieds nus

Détourner mes mots d’oxygène en idée aile est un sacrilège,  leur pureté, leur essence  se passent de truc en plume pour s’émettre. Les déguiser en espoir qui pesticide est d’une bassesse destinée aux rampants dont on sait qu’il faut s’enterrer pour tenter les atteindre

 

O POESIE! 

                  «Je prends le risque de m’adresser à toi, directement…»

« Je ne puis m’empêcher de te nommer
Par ton nom que l’on n’aime plus parmi ceux qui errent
Aujourd’hui dans les ruines de la parole.
Je prends le risque de m’adresser à toi, directement,
Comme dans l’éloquence des époques
Où l’on plaçait, la veille des jours de fête,
Au plus haut des colonnes des grandes salles,
Des guirlandes de feuilles et de fruits.

Je le fais, confiant que la mémoire,
Enseignant ses mots simples à ceux qui cherchent
A faire être le sens malgré l’énigme,
Leur fera déchiffrer, sur ses grandes pages,
Ton nom un et multiple, où brûleront
En silence, un feu clair,
Les sarments de leurs doutes et leurs peurs (…) »

Yves Bonnefoy – In Les planchEs courbes, Editions Gallimard/Poésie.

 

Un jour traversant le piqué d’avions de chasse, j’ai passé la Loire en plein été de jeux interdits. Les bombes avaient été bénies par un certain Pie XII pape  à la solde des exécuteurs d’amour autrement que dans le vice d’un lupanar politique. Comme j’aurais pu rester innocent, devenir l’enfant de l’imaginaire si j’avais été pourri à l’image des donneurs de leçons ?

L’amour est heureux de l’imbécile que je suis….

 

Niala-Loisobleu – 9 Décembre 2018

 

SOLEIL ETEINT


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SOLEIL ETEINT

 

A l’heure lisse les oiseaux en papiers se sont froissés les zèles aux carreaux des cahiers à spirales. En marge d’une considération conforme à la réalité, d’autres impressions  sont venues sournoisement modifier le sentiment. De modèle l’oiso se voit montrer du doigt. A la tienne et tienne. Le marronnier pris d’assaut par le faux gilet-jaune voit sa grille de protection  servir de bélier pour la casse sur un mur fourbe, autour du matelas et de l’armoire à glace en barricade des mariés de la Commune, un gamin de Paris est brûlé pour sorcellerie. Les lacets défaits, le remorqueur du Quai aux Fleurs, sort le poète du printemps. Transatlantlque torpillé, j’irai revoir ma Normandie aux croix blanches. La nuit est tombée avec un cri sinistre. La manivelle des caméras pédale en piqué. As-tu déjà laissé ta pensée se promener dans le chant brûlé d’Oradour-sur-Glane ? Rue des Rosiers, la fleuriste a baissé le rideau. Un bruit de bottes traversant les Ardennes, coud les étoiles de la haine à l’orée des poitrines. Je réhabite un wagon à Drancy, si tu savais petit l’atrocité que contient la rayure au costume tu réfléchirais à deux fois avant de pousser la porte du tatoueur. Dimanche dernier au Pathé de campagne, un film d’horreur m’a noirci le blanc. des enfants qui s’aiment Le soleil joue à la roulette russe. Fais trois noeuds à ton mouchoir, et n’oublies pas qu’ils ont été des millions à vouloir mourir pour le bonheur des autres. Me remonte en haut-le coeur ce terrifiant poème concluant qu’il n’y a pas d’amours heureuses

Niala-Loisobleu – 9 Décembre 2018

TABLEAU DE BORD


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TABLEAU DE BORD

Vols de mouettes sourdes aux bruits des canons à eau comme à mitrailles, à n’être qu’en plein sel, la blondeur des dunes servant de caleçon pour le nu que la vieillesse gardera toute son enfance.La mer du grand bassin des Tuileries pour mettre le bateau en papier à l’eau. Oléron dans l’eau, Colomb à bord du caniveau de mon Paname à la découverte de s’amérique émoi , à dos de cheval de bois du manège grande roue universelle dans la putain de vie des guerres en mondiale et en coloniale, près de son Louvre délivré de roi, obélisque et chantent les nuits chaudes à Montmartre au fond de paradis latin, Lutèce sans son maillot de bains reniflant lesbos aux accents de Marguerite cadencée  par la fanfare de l’Ecole des Beaux-Arts sans plus chercher à savoir qui fera du Tabou le crachoir du cimetière où on finira certainement tombé d’une fenêtre de l’Observatoire du genre humain à Montparnasse, avec le seul cri de Jeanne Ebuquerque valant qu’on s’arme pour une cause qui pardonnerait pas l’existence des faiseuses d’anges du dogme pas plus que la peine de mort des républiques bananières, tumulte tueuse de jeunesse. Eperdu on se bat pour ne pas voir tout se perdre, on pleure lacrymogène , on hurle le profit et ses casseurs de paix à la solde de sombres éminences, on vomit et rompu de frustration on s’y remet comme par espoir plus fou que tout à vouloir mettre de l’ordre dans l’injustice. Dans la déception présente en fin de compte l’âge que j’veux au sens littéral est celui de ma jeunesse….

Niala- Loisobleu – 8 Décembre 2018

 

https://www.youtube.com/watch?v=ELgl_lSmXXg

MIROIR MON BEAU MIROIR


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MIROIR MON BEAU MIROIR

La glace de temps phrases je viens de la retourner

derrière sans qu’il y manque un tremblement d’espoir

mes attentes sont intactes

en titre j’ai vu ton nom mon amour

et à toucher contre

cette utopie

Pour l’égalité et la fraternité

Niala-Loisobleu – 08/12/18

LA LOI ET LES PROPHÈTES


Francis Ponge

LA LOI ET LES PROPHÈTES

 

« Il ne s’agit pas tant de connaître que de naître. L’amour-propre et la prétention sont les principales vertus. »

Les statues se réveilleront un jour en ville avec un bâillon de tissu-éponge entre les cuisses. Alors les femmes arracheront le leur et le jetteront aux orties. Leurs corps,
fiers jadis de leur blancheur et d’être sans issue vingt-cinq jours sur trente, laisseront voir le sang couler jusqu’aux chevilles : ils se montreront en beauté.

Ainsi sera communiquée à tous, par la vision d’une réalité un peu plus importante que la rondeur ou que la fermeté des seins, la terreur qui saisit les petites filles
la première fois.

Toute idée de forme pure en sera définitivement souillée.

Les hommes qui courront derrière l’autobus ce jour-là manqueront la marche et se briseront la tête sur le pavé.

Cette année-là, il y aura des oiseaux de Pâques.

Quant aux poissons d’avril on en mangera les filets froids à la vinaigrette.

Alors les palmes se relèveront, les palmes écrasées jadis par la procession des ânes du Christ,

De tous les corps, nus comme haricots pour sac de cuisine, un germe jaillira par le haut : la liberté, verte et fourchue. Tandis que dans le sol plongeront les racines, pâles
d’émotion.

Puis ce sera l’été, le profond, le chaleureux équilibre. Et l’on ne distinguera plus aucun corps. Plus qu’une ample moisson comme une chevelure, tous les violons d’accord.

Tout alors ondoie. Tout psalmodie fortement ces paroles :

« Il ne s’agit pas tant d’une révolution que d’une révolution et demie. Et que tout le monde à la fin se retrouve sur la tête. »

Une tête noire et terrible, pleine de conséquences en petits grains pour les prés.

Un grief, une haute rancune que n’impressionne plus aucun coup de trompettes sonnant la dislocation des fleurs.

 

Francis Ponge

LA BOÎTE A L’ÊTRE 45


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LA BOÎTE A L’ÊTRE 45

MON JARDIN D’ECRITURE 1

Perdu dans un fourbi hétéroclite parfaitement ordonné, où des ficelles, des bouts de bois, quelques morceaux de craie de plusieurs couleurs adaptables aux saisons des humeurs humanoïdes de prétendus êtres de chair, le plus souvent particulièrement chers, j’existe plutôt bien que mal au coeur d’un univers recréé pour sortir de l’ornière du Monde.

Humaniste dans l’âme, j’ai commencé de bonne heure à militer pour un monde meilleur. La politique , c’est par là qu’on fait ses premières armes, m’a retenu un furieux moment, avant de me faire toucher du doigt son sens unilatéral d’ambition de pouvoir. Et puis il y a eu tous les chemins par lesquels on s’élève, enfin c’est plus souvent ce que l’on en dit, que ce qu’y en découle. La tromperie est omniprésente. Elle vit en tout. Dans l’intention, l’exécution, le déroulement de chaque acte mis en scène.Elle doit sa réussite à l’espoir permanent qui règle le rythme de la vie. Qu’importe la situation, anodine ou très grave, légère ou lourde de conséquences, rocambolesque ment hasardeuse ou stratégique ment organisée, sans effet ou cruelle,individuelle ou enjôleuse de régiment, utile ou absurde, moche ou prétendument jolie, de confession marquée ou d’athéisme déclaré, le fabulateur a toujours sa place pour lancer l’imposture à la une.

Bonjour les dégâts, tout le monde en parle, personne ne fait en sorte de ne pas en être. Le mensonge a le plus souvent la tête de l’espoir.

Dramatique.

Ours patenté, j’ai choisi mon espace illimité dans mon ailleurs.

Je vis qu’en mon Jardin, ignorant tous les mirages vantés par les boutiques de mode. Non asocial, mais absolument pas clubiste de cette société qui pratique la lâcheté à tous les étages en hurlant au charron après elle. Quelle déchéance que cette option de l’abus en tout genre.

Je t’aime pour te tromper, voilà le programme.

J’écris la vie d’un pinceau plongé dans l’encrier des amarres rompues.

J’suis un vieux clochard vivant de ponts toujours ouverts, voilà ce que j’aurais été avant de partir sous un arc-en-ciel, qui n’aura fait que me prêter son landau garni de tous les biens spirituels, et d’un fabuleux trésor d’amour :le sésame donnant accès à l’entrée à ce jardin.

Des odeurs indéfinissables provenant d’assemblages de spartiates et de godillots, un soupçon d’espadrilles, et du râpé de plantes de pieds, en composent l’étrange attraction nasale qui saisit dès l’entrée. Le tout mêlé à des vapeurs de transpirations diverses, que les chevauchées à cru dans les immensités de la déraison, ont marqué d’indélébiles envoûtements.

Qu’il s’agisse de minéral ou de végétal, rien de ce que vous connaissez n’existe ici. Et c’est tout pareil pour l’animal. Une fourmi dans mon coin n’est pas pingre, elle partage le tour de champ avec la cigale.

Si les arbres causent ce n’est pas pour échanger des mots affligeants au bord d’un chemin de commentaires creux, ou pour s’inscrire à un quiz débile où l’animateur à un souffleur dans les oreilles pour avoir la réponse à toutes les questions.

L’eau se lave plusieurs fois par jour, la mer regardant les dents de ses petits rus qu’elle veut nacrées, pour y mettre son corail. Evidemment il faut un potager, l’esprit a besoin de se nourrir. Alors à côté des carrés de poésie, quelques plates-bandes de musique, sourient aux raves de sel de ris pas râpés Que de fruits pulpeux pendent à la poitrine des cabanes. Les oiseaux déplacent les graines avec l’aide du vent. La complicité étant de mise, chaque partie, même la plus infime, en est vêtue.

C’est ainsi que ce jardin cultive le rêve sans le moindre égard pour l’obsession qui s’acharne, au dehors, à développer ses mauvaises herbes. Entre deux pans damassés, le tant est maintenu ouvert par une embrasse. Fenêtre sur l’infini, le soleil entre la lune au bras. Les étoiles sont amphibies, elles voyagent d’un continent de ciel à une voûte souterraine sur le réseau des vibrations. Verticalement dressée la pyramide de l’amour monte dans le cosmos. Le tôt t’aime ouvre ses yeux vers tous les possibles, ses lèvres envoient leurs baisers en continu.

Le peintre et l’oiseau sont au lit du long fleuve de la vie. En paix ils naviguent. Des cathédrales en proue.

Dans le rien qui s’attache aux promesses, je perçois mieux certaines choses, Tout change autour de moi, je reste attaché à mes valeurs profondes. La vie se fait son film, en épisodes continus, les acteurs s’enfonçant petit à petit dans leur propre comédie. Jusqu’à ne plus s’apercevoir qu’ils ne trompent que leur égo à force de se mordre la queue, dans des enchaînements de projets n’aboutissant à rien, sinon à en trouver un prochain..

Le mal de vivre repose sur l’incapacité à changer de cesser de tricher avec soi-même . C’est un vaste jeu de dupes, où l’infidélité se prépare à toutes les sauces du plat du jour. Se plaindre de son sort en en étant le seul artisan voilà tout le secret de l’histoire des bides.

Demain change tout, me disait encore des années dernières, avant-hier, et hier, une victime de cette société d’aujourd’hui…et avec l’appui du bond dieu…ma foi, tant qu’on y est pourquoi se limiter à un crédo pur et sans tâche.

C’est quand deux mains disait le zèbre dans le canot de sauvetage perdu au milieu du naufrage (L’odyssée de Py) ?

Niala-Loisobleu – 23 Janvier 2013

 

Ayant vertement protesté et combattu l’élection du roi qui nous gouverne au moment où il s’est mis en avant, ce soir, je ne peux que ressortir cet article eu égard à la peur qui m’étreint à la pensée de ce que va être demain durant la manifestation des Gilets-Jaunes auxquels se mêleront des parasites dangereux.

Un massacre fratricide où l’échec d’une revendication noble on ne peut plus juste., où peut-être les deux à la fois ?

Qu’on puisse rester indifférent ou hostile au nom d’intérêts de tous ordres est  pour ma part indécent, mais qu’on dise ou fasse n’importe quoi à l’égard du mouvement des Gilets-Jaunes me paraît indigne. L’Homme a ce qu’il mérite, il est libre de sa pensée, mais qu’il se taise sans mettre son égocentrisme en avant, montrant ainsi le mérite de son choix.

Niala-Loisobleu – 7 Décembre 2018

J’AI LE COEUR AUSSI GRAND


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J’AI LE COEUR AUSSI GRAND

D’abord le galop des garennes

plus sauvages qu’une lampe de civet

près d’un livre pas en corps écrit

c’était lampion de la chanson de rues

le bagout du camelot vendant son sirop d’éternité

l’eau vivante du caniveau entre les jambes des quat’-saisons

bougnat sur façade

contre avaleur de couleuvre et sabreur de ragot

Les feux d’un réverbère prenant la voie fluviale

de l’éclusier

par la direction polaire de sa propre étoile

boussole de rêves boulimiques d’une géographie apprise chez Jules Ferry

entre deux éviers à faire la vaisselle

et un vers vide à remplir

sans jamais que mon coeur ne crise autrement que mis en étroitesse…

Niala-Loisobleu – 7 Décembre 2018

BRIBES (XXII)


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BRIBES (XXII)

Bruits secs et pas brisés au vent froid

est-ce un air qui refoule la chaleur d’un blocage

des enfants vides hurlent dans le chahut providentiel sans savoir pourquoi des hommes meurent de faim

le roi machiavélique monte sur son char un mobile en garde

le second R est prêt à s’introduire dans la terrible sensation de

GUERE CIVIL

Dans la sphère on ne voit plus le monde tant il a rétréci

le souffle désarme la gâchette de la sommation

Ne cherchez pas de moineaux à Paris ils sont allergiques aux paris

qu’un Ferrand félon lance du haut de son perchoir

alléguant que le roi se tait pour ne pas propager le feu mais qu’il se tient en grandes pompes sur sa grande-échelle le sceau à la main

Mon amour, je refuse le jeu de passe-passe d’un cri légitime en émeute sanguinaire

sortons d’un droit chemin tenant son labyrinthe en embuscade…

Niala-Loisobleu – 7 Décembre 2018