BRIBES (XXVII)


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BRIBES (XXVII)

L’arrondi d’un vol d’oies sauvages marque le refus de raideur du vide

que leurs cris ventilent

en tranchant l’étouffant cheval de frise aux épines d’acier mis en écharpe

L’avion sort du hangar

et bientôt prendra son élan sans écraser les pâquerettes du rêve vierge

que les laves ont laissé en gardien pour maintenir la flamme en éveil

En altitude les ondulations des dunes sont corps vivant

je ne lâche pas d’un oeil notre route de la soie

sans jumelles on voit pointer les prochains arbres la piste est là…

Niala-Loisobleu – 13/12/18

GRIPPE HALL


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GRIPPE HALL

Recroquevillée ma tête entre mes genoux remue son verre pilé sans que l’esprit s’apprête à ressembler au corps l’énergie primordiale, ça dégaze pire que marre et noir.

– C’est quoi le destin ? demanda l’enfant à l’ombre d’un matin,

-Attraper ce dont on a nullement besoin comme la grippe du voisin,,,

Où porter ma gueule de bois fendue du manque de sommeil, la fièvre j’en avais pas cette idée,

Niala-Loisobleu – 13/12/18

DE BATEAU-DE-PAPIER


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DE BATEAU-DE-PAPIER

 

Noircie de laves anciennes cette plage aux erres échouées lèche le quartz blond d’un bac à sable livré par la marée

Jusqu’aux genoux

l’écume entre aux douves du château

larmes de joie de deux enfants  sortis du film d’horreur

un vol d’oiseaux blancs remorquant ce ras d’eau transporteur de sel

largue les mauvaises nouvelles pour les plier…

 

Niala-Loisobleu – 12/12/18

 

BRIBES (XXVI)


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BRIBES (XXVI)

LA CABINE

Dans une cabine de miroir, à bord d’un migrateur vaisseau, avec son image en voyage, vivre ! La sentir se mouvoir en balancement lent de la houle, caressée de soleil d’aurore ou de
soir, et ne connaître l’heure que par le déplacement des clartés de glace en glace et de coin en coin. Sans que le corps ne bouge, aller avec le seul but de ne plus revenir
à l’endroit quitté, n’y plus revenir jamais et parcourir l’univers tout en gardant l’intensité d’une toujours même chambre étincelante et merveilleuse, dont la porte
défendrait le rêve de toute intrusion du dehors, excepté de la lumière.

La douce et chimérique lumière ! Combien l’aimerais-je ainsi, me créant des paysages inédits, dans cette cabine de reflets, sous toutes les latitudes de la terre. N’est-ce
pas qu’une lettre d’or réfléchie par un biseau, qu’une lame rouge historiée de vert, alors qu’on la sait mirage, suffisent à susciter ce que le plus enivrant regard confie
à l’âme de plus triomphal et de plus glorieux ? La victoire, l’amour, la joie, la beauté, l’orgueil, que sont-ils à qui pense les choses plutôt qu’il ne les voit, sinon
une bande d’or lamée de pourpre ou bien une épée rouge damasquinée de feuillages en frêle et soudaine irréalité dans un miroir?

Et tant divers et multiple, et fuyant et intangible, et mêlé à des attitudes et des gestes qui n’existent point et qui se font et se défont en courbes déjà
évanouies, alors que derrière la boiserie miraculeuse de feux le monde entier défile, n’est-il pas d’exquis et rare délice de se goûter tel ? Aussi : j’ai mis mon corps
en une case myriadaire d’ors, d’argents, de métaux et de pierres, en une gaine de verre et de cristal, en un mensonge de soir et de matin, et mon âme elle est par-dessus flottante, ne
voulant plus sentir, ne voulant plus songer, ne voulant plus vouloir que la dispersion de mon être en parcelles de clarté, tout comme l’univers en globes et en astres tombés de
leur premier soleil, afin de réaliser pour moi et en moi l’image de l’infini.

(Société nouvelle, 1891.)

Emile Verhaeren

 

 

Cheval carquois qu’il advienne…

Niala-Loisobleu – 12/12/18

AU M’AIME PONTON 


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AU M’AIME PONTON

Dans l’enveloppe un battement à bout de code barres éclot , l’oreille en vrille d’une vigne partagée, deux vers transfusent, une paire d’oiseaux se déploie dans le cri chien délivré de la chaîne. De l’écorce d’une coque posée sur les tréteaux du charpentier-naval un identique sursaut parcourt la longue ligne de vertèbres centrale. Quelque déploiement en grand pavois rappelle un Tibet proche quand les trompes népalaises étendent les tissus de couleur sur la blancheur montagneuse. La pente nerveuse du bord de cabane tressaille à l’éventré du mystère tenant son secret comme vérité. Quelle correspondance évoquer pour décrire pareille émotion ? Ils sont désormais au coude à coude, plus besoin de demander, au premier regard les seins gonflent un air pur et porteur de félicités simples. Il y a de cette petite fille au mur qui tient le passage à deux mains, innocence florale sur lit de pierres émergentes au galop du torrent. La truite sauvage trace d’un éclair argenté le rayon qui portera la roue. Que de fruits pour sortir les saisons des confitures et les laisser librement pendre. Si les branches prennent la flamme au disque de feu chromatique c’est  en raison de la bassine d’ô tenue en permanence au bandé de l’arc-en-ciel. L’Atelier déambule, l’Atelier flotte, l’Atelier vacance, l’Atelier campe  à domicile. Dans le bain où ton image trempe,  se développe à venir positive au mur, une envie commune…

Niala-Loisobleu –  11/12/18

BRIBES (XXV)


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BRIBES (XXV)

L’archipel aux canaris étend son gilet jaune comme un symbole d’union sacrée

cet oiseau présente un modèle unique en son genre

le couple d’Inséparables qui garde les laves  sèches en éruption

pugnace il aime montrer sans démonstration à grand spectacle qu’il a compris le fond de l’amour en connaissance de ses besoins, de ses droits et de ses obligations, de ses peurs et de ses joies

Comme un chant de terre aride baigné par la mer, cordes de guitares envols de gorges creusées pour le passage des rivières de lin à la montée du tapis

OSER ET L’ESPOIR

 

Lorsque le pélican

Les murs de la maison se ressemblent

Une voix enfantine répond

Oui comme un grain de blé et les bottes de sept

lieues
Sur l’un des murs il y a les portraits de famille
Un singe à l’infini

Sur l’autre il y a la porte ce tableau changeant
Où je pénètre moi
La première

Puis on devise sous la lampe

D’un mal étrange

Qui fait les fous et les génies

L’enfant a des lumières

Des poudres mystérieuses qu’elle rapporte de loin

Et que l’on goûte les yeux fermés

Pauvre petit ange disait la mère

De ce ton des mères moins belles que leur fille
Et jalouses

Violette rêvait de bains de lait
De belles robes de pain frais
De belles robes de sang pur
Un jour il n’y aura plus de pères
Dans les jardins de la jeunesse
Il y aura des inconnus
Tous les inconnus

Les hommes pour lesquels on est toujours toute neuve
Et la première

Les hommes pour lesquels on échappe à soi-même

Les hommes pour lesquels on n’est la fille de personne

Violette a rêvé de défaire
A défait

L’affreux nœud de serpents des liens du sang.

 

Paul Eluard

 

Montgolfière-transe-porteuse

Une autre Epoque est attelée au dernier voyage

 

 

Niala-Loisobleu – 11/12/18

DANS CET ARBRE


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DANS CET ARBRE

Descends et dors dans cet arbre, dans cet arbre.
Repousse la terre dans cet arbre, dans cet arbre.
Ecope la terre dans cet arbre, dans cet arbre.
Désinvente le noir dans cet arbre, dans cet arbre.
Reconstruis des jambes dans cet arbre, dans cet arbre.
Décline les poussières dans cet arbre, dans cet arbre.
Coupe la lumière dans cet arbre, dans cet arbre.
Emplis les orbites dans cet arbre, dans cet arbre.
Ecris, écris toi vivante dans cet arbre.

Jacques Roubaud

Dans de laids arguments qui prennent l’eau le roi dément

il déclare avoir compris la misère de certains de ses sujets

faut-il entendre par là que ce qu’il dit est plus que misérable ?

Oui, vu comme son spectacle fut minable…

 

Niala-Loisobleu – 11/12/18

 

D’UN  BAISER


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D’UN  BAISER

Silencieux, puisque là où les feuilles et le vent prêchent, les mots taraudent la forme avant de savoir si elle saura se dire

Remonte le geste en cours

qui prend soudain corps, le moment précis où ce que tu as ressenti s’est exprimé par ces mouvements que ton ventre n’avaient pas prononcé dans une tiédeur semblable

Alors, je ferme les yeux sur ce j’appelle égoïstement à rester au plus profond de nos creux, en restant embrassés ….

Niala-Loisobleu – 10/12/18

BRIBES (XXIV)


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BRIBES (XXIV)

Les yeux posés en arrière de Toi mon regard est devant découvert

parfois plus tremblant de vent que le brin étendu en prairie

quand sans cloisonnement d’arbres

la Chambre Sacrée

qu’est l’Atelier

entre au regard livré sans vouloir offrir d’autre que pureté

Tu es là vivante

tu présides au toucher de lin

vertèbres dressées du chevalet

jaune de soleil

tu es nue à mon côté

non-offerte au voyeurisme de propos profanateurs

MAGIE

 

Tu es ma douleur mon effroi mon amour

O imagination

Tu es mon bourreau ô livre où j’ai traduit

La montagne la rivière et l’oiseau

Tu es ma misère ô confession.

Ainsi parlait le poète déchu

Et il déchirait son livre imprimé au milieu des villes

humaines.
Mais son autre voix tout emplie d’un murmure de

saules
Répondait

Ô livre malgracieux ô poème manqué,
Erreur erreur toujours de celui qui n’a pas encor fait,

Oh tu es mon dernier lieu ma forteresse

Contre l’armée des infidèles

Ailleurs n’est plus que ruine et toi tu es l’endroit

sacré.
Le démon aurait-il vraiment manqué tout ce qu’il

voulait ?

Et que veut le démon —

Un livre
Répondait sa voix éclairée par un ancien cyprès

solaire.
Le tien le mien ou l’autre, Écris sous la dictée.
Et tous les oiseaux chantèrent plusieurs fois sur le

ciel.

Et le poète était encore une fois illuminé

Il ramassait les morceaux du livre, il redevenait

aveugle et invisible,
Il perdait sa famille, il écrivait le mot du premier

mot du livre.

 

Pierre Jean Jouve

 

 

Dans l’Atelier  ne présente rien du caravansérail

tout sauf étape à caravanier

ni port à soldats….

 

Niala-Loisobleu – 10/12/18

INSTANT TANNE


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INSTANT TANNE

Je te vois assise dans l’atelier

baguette d’orchestre odeur de peint

pression retenue tube bleu de cobalt

lèvres rose tyrien sur les joues d’un chrome orange au couchant

la menthe couchée par le vent

à genoux

en retenant les volets j’ai murmuré d’une voix douce

le regard tourné sur l’attente de livraison

un code barres muet en ligne fait feuille-morte

venu des îles le remuement poitrinaire de la mer roule les galets jusqu’à la falaise

les oiseaux-marins passent à bord des canots d’embruns

le nez coule d’un virus grippal

je t’aime en formes sur la toile

 

Niala-Loisobleu – 09/12/18