Que ça Chante à gargouille !


Que ça Chante à gargouille !

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Par paquets la vague balaie.Tout vole, oh non où est le devant du derrière. D’un papier qui accompagne les casseroles, je ma tâche d’encre sur l’oeil du cyclone, que je ressemble au chien de la voix d’son mètre. A court de mot.

Pourquoi l’amour ça peut faire mal à faire passer du sublime au vil ?

Les millions de baisers qui mordent dans l’hostile d’un monde lupanar, aides-moi à en savoir lire le bon regard. Ta langue suce un nectar, viens pas l’inciter en m’aime tant à arroser nos fleurs de nitrate au moment où tes seins m’en serre le petit haricot dans le  peau de terre.

J’ai la passion pour Toi, me demande pas pourquoi, regarde juste les dégâts quand tu me débranches, tu comprendras alors le déréglage des tiennes dans le rapport qu’elles ont aux miennes

Tout ça n’existerait pas si t’étais pas une femme et moi un homme. Peut-être la vraie merveille du monde, j’en suis sûr, que j’efface le doute, te connais trop bien, ô sublime bonheur du complémentaire qui sans, néantiserait la nature de nôtre vie.

Un homme et une femme r’heusement qu’c’est différent

Toi c’est ta tripe en mon intestin, le boyau par lequel on résonne, on vibre, on allume, par l’Y de notre branchement grâce auquel on casse la gueule à la scoumoune.

Que ça chante !

Niala-Loisobleu – 20 Novembre 2016

https://brunoruiz.wordpress.com/2016/10/31/hommage-a-janis-joplin/

Fire On The Floor


 Fire On The Floor

 L’amour est une fièvre

Et brûle-moi en vie
Il ne peut pas être apprivoisé ou satisfaits
Il n’y a pas de pitié
Pour ceux qui sont tombés ou pour les faibles
L’amour est un vilain mot pour parler

Je ne veux l’aime pas plus
Il n’y a rien comme l’homme que j’aimais avant
Mais la douleur est réelle confortable
Quand tout y a obtenu
Les cendres et la fumée, ils ne peuvent pas concurrencer
Pas même l’enfer peut prendre la chaleur
Je serai glisser hors de mon siège
Pour sa flamme

Son amour est comme le feu sur le plancher
Il m’a en cours d’exécution pour la porte
Mais je serai de retour pour plus rampais
De son feu sur le plancher

Il n’a pas d’importance ce que disent ya
Vous ne pouvez pas survivre, il n’y a pas moyen
Alors ce soir, je vais rester
Et jouer avec son feu sur le plancher
Voulez-vous jouer avec son feu
A l’étage enfant, enfant

Cet amour un peu
Ne pas besoin pas de draps de lit ou de satin
Rien doux
Rien doux ou sucré à boire
L’amour est une leçon
Vous êtes né pour ne jamais apprendre
Et votre âme mendier à brûler

Je ne veux l’aime pas plus
Il n’y a rien comme l’homme que j’aimais avant
Il y a un panneau au-dessus de la porte
Dire sans issue
Les cendres et la fumée, ils ne peuvent pas concurrencer
Pas même l’enfer peut prendre la chaleur
Je serai glisser hors de mon siège
Pour sa flamme

Son amour est comme le feu sur le plancher
Il m’a en cours d’exécution pour la porte
Mais je serai de retour pour plus rampais
De son feu sur le plancher
Il n’a pas d’importance ce que disent ya
Vous ne pouvez pas survivre, il n’y a pas moyen
Alors ce soir, je vais rester
Et jouer avec son feu sur le plancher
Je vais rester
Et jouer avec son feu sur le plancher
Je vais jouer avec son feu sur le plancher

 

Point à la ligne…qui sait ?


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Point à la ligne…qui sait ?

Ô ma Vie, je cueille une mèche à ton front

curieusement elle fouille

remue

et retourne ma poitrine

pour trouver ce peu de terre humaine où sont restées les marques des courses animales passées au travers des pierres. Disséminant ici et là, faines, glands. Ô non, n’ayez crainte je ne vous oublie pas mes paumes de peint, tant d’aiguilles en travaux de lisse du métier en ont tapissé l’odyssée.

Sans autre demande qu’un parlé des lèvres

la nuance insère la teinte de la vibration

au blanc no man’s land d’une virginité

poussant la couleur intérieure à se prononcer

Le silence change de portée

nous amenons nos doigts au coeur de l’herbe à tresser des paniers

La gorge en feu le soleil irradie les vases de verts maraîchins

les lentilles gardent au secret

le temps d’un nuage transbordeur

 le ballant désordonné de tes seins

mes lèvres métronomes attrapent la cadence

je ratèle ton ventre de mes dents

pour retenir la senteur de ton creux

L’arbre surgit de temps de poussée

mirliton dépliant sa musique

aux extrémités de ses bras

tranquille

insignifiant

telle cette force qu’aucun pouvoir tramé ne saurait avoir en dû.

Témoignages de mon Univers durant 62 Années qui défilent ici, là, là-bas, au-delà du Monde depuis 1954, sans jamais rechercher par les couloirs des lupanars de la société à putasser pour Plaire.

Point à la ligne…qui sait ?

Niala – 1er Octobre 2016

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Et c’était encore plus tard…


Et c’était encore plus tard…

Nous avions jeté l’encre

d’un pont entre deux-rives

qui use pas les

Je Nous

en traverse de boue

des lettres des lises

Antre le sort et l’hareng

ce bleu qui du blanc vacille au noir

résultat non venu

d’une analyse de sans

met deux seins en front tiers

en tirant à bout portant  des gueuses

l’embu l’anse en crique…

Niala-Loisobleu – 22 Septembre 2016

 

https://www.youtube.com/watch?v=aTWP0WYbxqo

LA BOÎTE AU L’ÊTRE 3


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LA BOÎTE AU L’ÊTRE 3

CHANT BLEU

S’il pleut dans ma mémoire c’est pour être au plus pré de toi ma folle herbe, comme en tendant les lèvres pour prendre ton pouls aux veines du plein champ.
Pourtant t’as pas la veine apparente, tu s’rais plutôt genre gros lot qui ne gagne qu’au jeu de cons. A désintéresser le voisinage, du plus intime au plus aveugle qui ne t’aura jamais découvert de l’intérieur.
C’est pas faute d’avoir du chien, c’est faute de trop l’sentir qui les éloigne les pratiquants du formatage personnel.
Mais c’est qui que ça repousse ?
Hein dis-moi, c’est qui en dehors du banal monté sur jambes ?
C’est vrai au sens du canon grec tu navarone pas pin-up, t’es pas sexy sexy, rien dans la ficelle-string ne t’y attache, tu n’as pas besoin d’bretelles pour empêcher ta poitrine de courir dans tous les sens, laissant à découvert toute l’artillerie en solo de batterie faire son boeuf avec les trompettes de l’amor.
Faut une âme d’artiste dérangé pour te dessiner sur le motif, nature authentique, plus qu’à poil, nue de vérité, sans rimmel et pâte à remodeler, sans prothèse à resserrer le sourire en tirant depuis le point d’assise, zygomatiques rivetées.
Ton tant c’est le contraire de la météo du pouvoir d’achat que tout candidat annonce, quelque qu’il soit, il te fout let au premier service, les primes de loyaux rendements c’est pas pour te refaire la garde-robe, t’as pas l’profil à t’balader en vous le valez bien

Et alors…

Tes cheveux d’herbe ma poitrine n’en tond rien,
avec chaque brin
elle gramine d’autres espaces défaits de clôtures.
Hors de ce monde on steppe
Tout gonflé de joues, le ciel sourit, visages en mouvement
sur lequel s’aère aux nefs les voies, je plane.
Innocent comme une fontaine qui pleurniche pas de son sort sur la table de l’écarté au ch’min d’faire casino
au milieu d’un lit de sentiments humains totalement à sec.
Des tâches de couleurs que tu m’envoies, j’expose aux cimaises de l’orée,
les images d’un tableau hors mesures qui ne peut se poser que chez nous.
A cause d’un format que les plafonds des constructions ordinaires des petits nains
ne peuvent accueillir, faute de hauteur au-dessus des plaintes.
Accrochée aux branches des toits, ta robe blanche fleurit le patio intérieur de ta p’tite-culottte d’une musique géranium, feu de tomettes aux tiges des belvédères
Quand tes cuisses guitares ouvrent les portes des chemins berbères
la grange au sel tend les bras pour que le delta compose son plan d’ô.
Mes doigts polissent les pierres pour te donner la douceur des paumes aux seins,
cette grâce qui coule de tes aisselles à faire sourdre la source bleue
l’oued qui va s’greffer aux chenaux du marais des salines
soulevant d’un horizon bouché un envol d’oiseaux aux couleurs d’un état long sublimant l’abolition du système maître trique
frissons du vent au mépris du quotidien.
Ne dis rien, je te respire au point d’épeler chacune des nages de ta langue,
au grand bain de ta baie où j’ai jeté l’encre de mes mots bleus.
Fidèle au vrai visage blotti au creux de ta boîte à peint

Ce matin dans un grand saut, je me sens que guitare et flammes and co

Niala-Loisobleu
17 Janvier 2015

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ÎLE ETAIT UNE FOI


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ÎLE ETAIT UNE FOI

Je n’ai pas eu à mettre l’air en flacon pour garder le sel
la chanson de marin qui cherche son pore va au gant pas dans ma main
le grand A amarré à l’embarcadère du Sacré ne s’est point tassé.

A l’encre se tend l’orin
les haubans cliquètent
en suivant des yeux
le tourbillon des mouettes

Je manège à rab andalou hors du cadre noir. La mantille par laquelle tu me fais voir le poids de tes seins brise la ségrégation du moucharabieh. Ton corps me parle de toute son en vie que le tant garde hors du temps. Sur les pointes de tes saltos l’arabesque musique monte et descend au rythme du roulis de tes hanches.
.
Sur les pavés que la pluie fait briller
des sépias sont restés sous les casiers
qu’en sortira-t-il
un corps mort où le n°5 de channel ?  Non l’iode qui nous émet

Voilà le coefficient qui monte
jours de grandes marées annoncés
les estrans remonteront ta jupe
jusqu’au haut des cuisses du rivage pour mettre la fente de l’estuaire en chenal J’entends déjà la cloche des balises
sortir l’enfoui en surface
la vraie couleur du fond exècre les formules chimiques
dans l’habillage des mots qui dissimulent l’origine pigmentaire.
Le silence jauge l’exacte profondeur de l’expression orale en n’ôtant rien de l’haleine du cri quand de l’Atlantide nue tu surgis. 
La plage peut alors étendre tout ton corps à la rencontre de l’horizon que nous n’avons pas remis en question.

Niala-Loisobleu – 7 Juillet 2016

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Pensées Vagabondes en Cabane le Temps d’une Marée Basse


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Pensées Vagabondes en Cabane

le Temps d’une Marée Basse

 

« …J’imagine que les mots ont de petits bonheurs quand on les associe d’un genre à l’autre—de petites rivalités aussi dans les jours de malice littéraire. Qui de l’huis ou de la porte ferme mieux le logis? Que de nuances «psychologiques» entre l’huis rébarbatif et la porte accueillante. Comment des mots qui ne sont pas de même genre pourraient-ils être synonymes. Il faut ne pas aimer écrire pour le croire.

Comme le fabuliste qui disait le dialogue du rat des villes et du rat des champs, j’aimerais à faire parler la pampe amicale et le stupide lampadaire, ce trissotin des lumières du salon. Les choses voient, elles parlent entre elles, pensait le bon Estaumié qui faisait raconter, comme des commères, le drame des habitants de la maison. Combien les discours seraient plus vifs, plus intimes entre les choses et les objets si «chacun pouvait trouver sa chacune». Car les mots s’aiment. Ils ont été, comme tout ce qui vit, «créés homme et femme».

Et c’est ainsi que, dans des rêveries sans fin, j’excite les valeurs matrimoniales de mon vocabulaire. Parfois, dans des rêves plébéiens, j’unis le coffret et la terrine. Mais les tout proches synonymes qui vont du masculin au féminin m’enchantent. Je ne cesse d’en rêver. Toutes mes rêveries se dualisent. Tous les mots, qu’ils touchent les choses, le monde, les sentiments, les monstres s’en vont l’un cherchant sa compagne, l’autre son compagnon: la glace et le miroir, la montre fidèle et le chronomètre exact, la feuille de l’arbre et le feuillet du livre, le bois et la forêt, la nuée et le nuage, la vouivre et le dragon, le luth et la lyre, les pleurs et les larmes…

Parfois, lassé de tant d’oscillations, je cherche un refuge dans un mot, dans un mot que je me prends à aimer pour lui-même. Se reposer au cœur des mots, voir clair dans la cellule d’un mot, sentir que le mot est un germe de vie, une aube croissante… Le poète dit tout cela en un vers:

un mot peut être une aube et même un sûr abri

Dès lors, quelle joie de lecture et quel bonheur d’oreille quand, lisant Mistral, on entend le poète de Provence mettre le mot «berceau» au féminin.

L’histoire serait douce à conter dans la beauté des circonstances. Pour cueillir des «fleurs de glais», Mistral qui a quatre ans est tombé dans l’étang. Sa mère l’en retire et lui met des vêtements secs. Mais les fleurs sur l’étang sont si belles que l’enfant pour les cueillir fait encore un faux pas. Faute de nouveaux vêtements, il faut lui mettre sa robe des dimanches. En robe des dimanches, la tentation est plus forte que toutes les défenses, l’enfant retourne à l’étang et derechef tombe à l’eau. La bonne mère l’essuie dans son tablier et, dit Mistral, «de peur d’un effroi, m’ayant fait boire une cuillerée de vermifuge, elle me coucha dans ma berce où, lassé de pleurer, au bout d’un peu, je m’endormis».

Il faut lire dans le texte toute l’histoire que je résume, ne pouvant retenir que la tendresse qui se condense dans un mot qui console et qui aide à dormir. Dans ma berce, dit Mistral, dans une berce quel grand sommeil pour une enfance:

Dans une berce, on connaît le vrai sommeil, puisqu’on dort dans le féminin.

* * * * *

Un des plus grands travailleurs de la phrase a fait un jour cette remarque: «Vous avez certainement observé ce fait curieux, que tel mot, qui est parfaitement clair quand vous l’entendez ou l’employez dans le langage courant, et qui ne donne lieu à aucune difficulté quand il est engagé dans le train rapide d’une phrase ordinaire devient magiquement embarrassant, introduit une résistance étrange, déjoue tous les efforts de définition aussitôt que vous le retirez de la circulation pour l’examiner à part, et que vous lui cherchez un sens après l’avoir soustrait à sa fonction instantanée?» Les mots que Valéry prend comme exemples sont deux mots qui, l’un et l’autre, depuis longtemps, «font l’important»: ce sont les deux mots «temps et vie». Retirés de la circulation l’un et l’autre de ces deux mots font immédiatement figures d’énigme. Mais pour des mots moins ostentatoires, l’observation de Valéry se développe en finesse psychologique. Alors les simples mots—des mots tout simples—viennent se reposer dans le gîte d’une rêverie. Valéry peut bien dire «que nous ne nous comprenons nous-mêmes que grâce à la vitesse de notre passage par les mots», la rêverie, la lente rêverie découvre les profondeurs dans l’immobilité d’un mot. Par la rêverie nous croyons dans un mot découvrir l’acte qui nomme.

Les mots rêvent qu’on les nomme

écrit un poète. Ils veulent qu’on rêve en les nommant. Et cela, tout simplement, sans creuser l’abîme des étymologies. Dans leur être actuel, les mots, en amassant des songes, deviennent des réalités. Quel rêveur de mots pourrait s’arrêter de rêver quand il lit ces deux vers de Louis Émié:

Un mot circule dans l’ombre
et gonfle les draperies.

De ces deux vers j’aimerais faire un test de la sensibilité onirique touchant la sensibilité au langage. Il faudrait demander: ne croyez-vous pas que certains mots ont une telle sonorité qu’ils viennent prendre place et volume dans les êtres de la chambre? Qu’est-ce donc vraiment qui gonflait les rideaux dans la chambre d’Edgar Poe: un être, un souvenir, ou un nom?

Un psychologue à l’esprit «clair et distinct» s’étonnera devant les vers d’Émié. Il voudrait qu’on lui dise au moins quel est ce mot qui anime les draperies; sur un mot désigné, il suivrait peut-être une fantomalisation possible. En demandant des précisions, le psychologue ne sent pas que le poète vient de lui ouvrir l’univers des mots. La chambre du poète est pleine de mots, de mots qui circule dans l’ombre. Parfois les mots sont infidèles aux choses. Ils tentent d’établir, d’une chose à une autre, des synonymes oniriques. On exprime toujours la fantomalisation des objets dans le langage des hallucinations visuelles. Mais pour un rêveur de mots, il y a des fantomalisations par le langage. Pour aller à ces profondeurs oniriques, il faut laisser aux mots le temps de rêver. Et c’est ainsi qu’en méditant la remarque de Valéry, on est conduit à se libérer de la téléologie de la phrase. Ainsi, pour un rêveur de mots, il y a des mots qui sont des coquilles de parole. Oui, en écoutant certains mots. comme l’enfant écoute la mer en un coquillage, un rêveur de mots entend les rumeurs d’un monde de songes.

D’autres rêves naissent encore quand, au lieu de lire ou de parler, on écrit comme on écrivait jadis au temps où l’on était écolier. Dans le soin de la belle écriture, il semble qu’on se déplace à l’intérieur des mots. Une lettre étonne, on l’entendait mal en lisant, on l’écoute autrement sous la plume attentive. Ainsi un poète peut écrire: «Dans les boucles des consonnes, qui jamais ne résonnent, dans les nœuds des voyelles, qui jamais ne vocalisent, saurais-je installer ma demeure?»

Jusqu’où peut aller un rêveur de lettres, cette affirmation d’un poète en témoigne: «Les mots sont des corps dont les lettres sont les membres. Le sexe est toujours une voyelle.»

Dans la pénétrante préface que Gabriel Bounoure a mis au recueil des poèmes d’Edmond Jabès, on peut lire: le poète «sait qu’une vie violente, rebelle, sexuelle, analogique se déploie dans l’écriture et l’articulation. Aux consonnes qui dessinent la structure masculine du vocable se marient les nuances changeantes, les colorations fines et nuancées des féminines voyelles. Les mots sont sexués comme nous et comme nous membres du Logos. Comme nous ils cherchent leur accomplissement dans un royaume de vérité; leurs rébellions, leurs nostalgies, leurs affinités, leurs tendances sont comme les nôtres aimantés par l’archétype de l’Androgyne».

Pour rêver si loin, suffit-il de lire? Ne faut-il pas écrire? Écrire comme en notre passé d’écolier, en ces termes où, comme le dit Bounoure, les lettres, une par une, s’écrivaient ou bien dans leur gibbosité ou bien dans leur prétentieuse élégance? En ces temps-là, l’orthographe était un drame, notre drame d’écriture travaillant dans l’intérieur d’un mot. Edmond Jabès me rend ainsi à des souvenirs oubliés. Il écrit: «Mon Dieu, faites qu’à l’école, demain, je sache orthographier «Chrysanthème», qu’entre les différentes façons d’écrire ce mot, je tombe sur la bonne. Mon Dieu, faites que les lettres qui le livrent me viennent en aide, que mon maître comprenne qu’il s’agit bien de la fleur qu’il affectionne et non de la pyxide dont je puis à volonté colorier la carcasse, denteler l’ombre et le fond des yeux et qui hante mes rêveries.»

Et ce mot chrysanthème avec un intérieur si chaud, de quel genre peut-il être? Ce genre dépend pour moi de tels novembres d’autrefois. On disait dans mon vieux pays soit un, soit une. Sans l’aide de la couleur comment se mettre le genre dans l’oreille?

En écrivant, on découvre dans les mots des sonorités intérieures. Les diphtongues sonnent autrement sous la plume. On les entend dans leurs sons divorcés. Est-ce souffrance? Est-ce une nouvelle volupté? Qui nous dira les délices douloureuses que le poète trouve en glissant un hiatus au cœur même d’un mot. Écoutez les souffrances d’un vers mallarméen où chaque hémistiche a son conflit de voyelles:

Pour ouïr dans la chair pleurer le diamant

En trois morceaux s’en va le diamant qui révèle la fragilité de son nom. Ainsi s’expose le sadisme d’un grand poète.

En lisant trop vite, le vers est un décasyllabe. Mais quand ma plume épelle, le vers retrouve ses douze pieds et l’oreille est obligée au noble travail d’un rare alexandrin.

Mais ces grands travaux de la musicalité des vers dépasse le savoir d’un rêveur. Nos rêveries de mots ne descendent pas en la profondeur des vocables et nous ne savons dire des vers que dans une parole intérieure. Nous ne sommes décidément qu’un adepte de la lecture solitaire. »

* * * * *

Ayant avoué—sans doute avec trop de complaisance—ces pensées vagabondes qui tournent autour d’une idée fixe, ces vésanies qui se multiplient dans les heures de rêverie, qu’il me soit permis d’indiquer la place qu’elles ont tenu dans ma vie de travailleur intellectuel.

Si je devais résumer une carrière irrégulière et laborieuse, marquée par des livres divers, le mieux serait de la mettre sous les signes contradictoires, masculin et féminin, du concept et de l’image. Entre le concept et l’image pas de synthèse. Pas non plus de filiation; surtout pas cette filiation, toujours dite, jamais vécue, par laquelle les psychologues font sortir le concept de la pluralité des images. Qui se donne de tout son esprit au concept, de toute son âme à l’image sait bien que les concepts et les images se développent sur deux lignes divergentes de la vie spirituelle.

Peut-être même est-il bon d’exciter une rivalité entre l’activité conceptuelle et l’activité d’imagination. En tout cas, on ne trouve que mécompte si l’on prétend les faire coopérer. L’image ne peut donner une matière au concept. Le concept en donnant une stabilité à l’image en étoufferait la vie.

Ce n’est pas moi non plus qui tenterai d’affaiblir par des transactions confusionnelles la nette polarité de l’intellect et de l’imagination. J’ai cru devoir jadis écrire un livre pour exorciser les images qui prétendent, dans une culture scientifique, engendrer et soutenir les concepts. Quand le concept a pris son essentielle activité, c’est-à-dire quand il fonctionne dans un champ de concept, quelle mollesse—quelle féminité!—il y aurait à se servir d’images. Dans ce fort tissu qu’est la pensée rationnelle interviennent des inter-concepts, c’est-à-dire des concepts qui ne reçoivent leur sens et leur rigueur que dans leurs relations rationnelles. Nous avons donné des exemples de ces inter-concepts dans notre ouvrage: Le rationalisme appliqué. Dans la pensée scientifique, le concept fonctionne d’autant mieux qu’il est sevré de toute arrière-image. Dans son plein exercice, le concept scientifique est débarrassé de toutes les lenteurs de son évolution génétique, évolution qui relève dès lors de la simple psychologie.

La virilité du savoir augmente à chaque conquête de l’abstraction constructive, dont l’action est si différente de celle décrite dans les livres de psychologie. La puissance d’organisation de la pensée abstraite en mathématiques est manifeste. Comme le dit Nietzsche: «Dans les mathématiques… la connaissance absolue fête ses saturnales.»

Qui s’adonne avec enthousiasme à la pensée rationnelle peut se désintéresser des fumées et des brumes par lesquelles les irrationalistes tentent de mettre des doutes autour de la lumière active des concepts bien associés…

—Gaston Bachelard (Extraits La Poétique de la Rêverie)

 

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LA MEMOIRE DES MUSES 4


LA MEMOIRE DES MUSES 4

L’Amoureuse en Secret

Elle a mis le couvert et mené à la perfection ce à quoi son amour assis en face d’elle parlera bas tout à l’heure, en la dévisageant.
Cette nourriture semblable à l’anche d’un hautbois.

Sous la table, ses chevilles nues caressent à présent la chaleur du bien-aimé, tandis que des voix qu’elle n’entend pas, la complimentent.
Le rayon de la lampe emmêle, tisse sa distraction sensuelle.

Un lit, très loin, sait-elle, patiente et tremble dans l’exil des draps odorants, comme un lac de montagne qui ne sera jamais abandonné.

René Char

La lune sur le coup de minuit sortit ses pieds nus, un besoin de bain de soleil l’ayant parcouru d’un bout à l’autre du corps. Tandis que les étoiles filantes acheminaient le courrier céleste, elle avait ouvert sa pensée à la page à musique. L’épitre ornée de riches heurs donnait sur un vieil instrument baroque, sorte de viole à plusieurs cordes du kama-sutra. Au-dehors la forêt se balançait au bout de ses lianes. Les fleurs qui avaient travaillé tout le jour sous la conduite du parfumeur le plus habile à assembler les fragrances, dormaient, tandis que celles des équipes de nuit agitaient les draps pour en extraire les épices.

Et toujours les mêmes petites maisons enlacées.

Debout sur le pont, un oiseau dépêché d’un archipel lointain se proposa pour donner plume à l’écriture des ébats. Son innocence ne prêtant pas à ragots, on l’accepta sans mots déplacés. Il fut déclaré Secret Taire par l’assemblée des initiés et on le plaça devant un pupitre rescapé d’une communale de Jules Ferry. Dans le casier à couvercle, des vieilles cartes de nos régions racontaient le nom des ancêtres, un vieux bouquin d’Histoire donnait la liste des rues d’une ancienne humanité. Puis des bouts de craie, un chiffon, des bouts de ficelle et un compas sans règle étaient là pêle-mêle un éclat d’oeil aux lèvres. En haut de l’écritoire, l’encrier blanc en porcelaine riait malicieusement en se souvenant des zizis qui y avaient trempés dans les écoles de garçons. Pour montrer à la sortie de celle des filles combien l’encre peut conter.

La peinture ne te sèchera jamais ma Muse. Elle t’enveloppe. Robe aux transparences de soi qui devance le désir et phantasme par la transcendance un pouvoir magique. Tremble de ces frissons qui portent à la folie la plus extrême sans que l’impuissance puritaine puisse en interdire l’exercice.

Bien sûr que je t’aime !

Niala-Loisobleu – 20/05/16

 

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LA MEMOIRE DES MUSES 4
2016
NIALA
Acrylique s/toile 41×33
Adresse de mon site officiel: http://www.niala-galeries.com
20 Mai 2016

Et pourtant il s’en faut toujours de peu


Et pourtant il s’en faut toujours de peu…

La lune
est là qui nage et le feu est en corps
sur la ville piquée d’étoiles à la boutonnière
safrans de la ville bleue où le numéro des singes est pas dans l’annuaire
par chameaux vous êtes venus des Indes rauquer les cordes nomades d’Andalousie
accrochant la chaux senteurs de casbah tapie de souk escalade hibiscus
La nuit éclate mûre comme Grenade qui explose flamenco au coeur des patios
chant des fontaines aux jets d’eau passant au travers les grilles de la Reconquista
couleur géranium patio
roseurs gambas
poussière nevada aloès
noir de fumées des cuisses cigarillères
tapas nocturne des Plazza Mayor indignées
Sur la chaise un pied joue, j’écoute des talons. Des pois du tissu vont et viennent du décolleté de la danseuse. Je ne sais plus où pourraient aller mes mains en dehors de taper dans ma tête la chaleur du feu sous ta robe ouverte à franchir la Méditerranée. Qui crie ? Sans doute le premier prénom de cet enfant que nous aurions pu faire avant que le jour revienne tout gâcher avec son mal chronique
Et pourtant il s’en faut toujours de peu…
 
Niala-Loisobleu
17/03/16
 
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