LETTRES DE PANDORA


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Pandora s’adresse à Athéna. Elle lui écrit d’heure en heure, depuis vingt-quatre lieux choisis autour de la planète puisant dans sa jarre les mots les plus sensibles, les plus précis, pour dire sa volonté d’être, à fleur de peau, au plus près de la vibration du monde.

« Chaque mot comme chaque nom est avant tout un Autre, et il est bien rare que nous prenions la peine de considérer cette altérité parce qu’il nous faudrait en mesurer l’écart et observer en lui la distance et le silence à travers quoi la relation se développe et se fortifie à moins qu’elle ne s’y abîme faute de les comprendre. […]
La présence d’Athéna formera un foyer d’énergie autour duquel tournera Pandora. Et pourquoi pas au centre d’une terre d’amour dont Pandora occupera successivement tous les points significatifs de la périphérie pour envoyer, depuis chacun, les messages vivement brefs de la passion et de la nécessité…
Ainsi, de tous les points de l’horizon convergeront les élans d’un désir proportionné à l’attraction qui le suscite, tout comme la figure qui l’incarne est réciproquement proportionnelle à l’appétit de sa présence. » Bernard Noël (Extraits de la préface)

 

Extrait

Chère Athéna,

Dans un café, j’ai devant moi la photo d’une petite fille, tenant dans sa main droite une boule de neige. La photo est jaunie par le temps, mais la neige n’a pas fondu.
Je suis troublée par la réalité présente, mais qui n’est pas, hors de l’image.

Comme la peau révèle au corps sa mémoire, le stigmate est le pli de l’âge où la douleur, dans son contour, peut ne jamais fondre…

Si.
Peut-être, auprès de vous, chère Athéna.

Vôtre, Pandora

 

Dans l’atelier le soleil perce le tympan du vent. Ce qu’il en reste dans l’inertie du sol jonché de feuilles, ce qu’il désirait faire sentir est intact. Le vif subsiste. Juste un peu d’encre sur la souplesse de la plume et voilà que les mots guériront  la douleur des coups de pieds d’âne, en laissant doucement la couleur reprendre le dessus sur les courbatures de poitrine qu’un corset inadéquat s’est cru bon de torsader.

La peau tachetée de millions de cellules éclate en bulles sur la bande dessinée entre tes seins que ma langue trace derrière ailes.

Niala-Loisobleu – 8 Novembre 2016

Ma main fait Bon-Vent, La Jardinière de l’Île d’Amour vogue…


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Ma main fait Bon-Vent, La Jardinière de l’Île d’Amour vogue…

D’aventure le grain nous cogne au cul, va falloir faire des ris. Jette l’encre flottante Loiso, on va descendre au carré se rincer le chemin du Petit-Jésus. Par les deux bords les nuages font ardoise, un matériau somme toute propre au bâton de craie bleue. Icelle qui en trois coups les gros vous plante un soleil dans l’orage.

Hardi Petit, on ira des deux mains à seins francisco.

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Ce matin à l’appareillage, j’avions dit que je mettrais cap aux îles du sourire d’aimer. Rester ici à se geler les joyeuses c’est maso-maso. Plutôt que jouer la marche de l’empereur comme un pingouin sur son glaçon j’as mieux à faire en embarquant à bord de « La Jardinière de l’Île d’Amour – Aux Jardins de mon Amour

Bon-vent avance – stop – bon-vent progresse – stop – pensons arriver demain – stop…

Niala-Loisobleu

5 Février 2016

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Ma main fait Bon-Vent !


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Ma main fait Bon-Vent !

D’une main composée pour moi
Et qu’elle soit faible qu’importe
Cette main double la mienne
Pour tout lier tout délivrer
Pour m’endormir pour m’éveiller
D’un baiser la nuit des grands rapports humains
Un corps auprès d’un autre corps
La nuit des grands rapports terrestres
la nuit native de ta bouche
La nuit où rien ne se sépare

Que ma parole pèse sur la nuit qui passe
Et que s’ouvre toujours la porte par laquelle
Tu es entrée dans ce poème
Porte de ton sourire et porte de ton corps

Par toi je vais de la lumière à la lumière
De la chaleur à la chaleur
C’est par toi que je parle et tu restes au centre
De tout comme un soleil consentant au bonheur

Paul Eluard

Ma main a couper
Si je mens
Des couleurs auxquelles elle s’est frottée
Impudique
Hurleuse de longs silences
Jusqu’à l’orgasme projeté
Pénétrée de formes enceintes de toi
Elle ne séchera jamais
M’aime après que le dernier soleil se sera couché
A ta peau de lin elle te tissera en corps

Il me réjouit de savoir que toute cette eau de noirs nuages, ne fera aujourd’hui comme hier, que peinture bleue, jaune soleil et rouge-sang sur la toile de mon Bon-Vent !

Niala-Loisobleu
5 Février 2016

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