DANS LA MARCHE


René Char

DANS LA MARCHE

 

Ces incessantes et phosphorescentes traînées de la mort sur soi que nous lisons dans les yeux de ceux qui nous aiment, sans désirer les leur dissimuler.

Faut-il distinguer entre une mort hideuse et une mort préparée de la main des génies? Entre une mort à visage de bête et une mort à visage de mort?

*

Nous ne pouvons vivre que dans l’entrouvert, exactement sur la ligne hermétique de partage de l’ombre et de la lumière. Mais nous sommes irrésistiblement jetés en avant.
Toute notre personne prête aide et vertige à cette poussée.

*

La poésie est à la fois parole et provocation silencieuse, désespérée de notre être-exigeant pour la venue d’une réalité qui sera sans concurrente.
Imputrescible celle-là. Impérissable, non; car elle court les dangers de tous. Mais la seule qui visiblement triomphe de la mort matérielle. Telle est la Beauté, la
Beauté hauturière, apparue dès les premiers temps de notre coeur, tantôt dérisoirement conscient, tantôt lumineusement averti.

• Ce qui gonfle ma sympathie, ce que j’aime, me cause bientôt presque autant de souffrance que ce dont je me détourne, en résistant, dans le mystère de mon cœur :
apprêts voilés d’une larme.

La seule signature au bas de la vie blanche, c’est la poésie qui la dessine. Et toujours entre notre cœur éclaté et la cascade apparue.

Pour l’aurore, la disgrâce c’est le jour qui va venir; pour le crépuscule c’est la nuit qui engloutit. Il se trouva jadis des gens d’aurore. À cette heure de tombée,
peut-être, nous voici. Mais pourquoi huppés comme des alouettes?

René Char

 

 

 

Ô combien tu m’es de commune présence aujourd’hui encore René…je te croise vêtu de jaune aux quatre coins de l’hexagone et c’est beau comme l’espoir remis au fronton de la devise républicaine qu’un triste sire et sa cour piétinent.

Abus de pouvoir allant jusqu’à interdire l’intention .

Vos allégations minimisantes sont en train de vous rentrer dans la gorge…petit-ministre de l’Intérieur, lèche-bottes à la solde du Roi des Riches…

 

-Un petit-jaune ?

-Oh oui et à la notre !!!

 

Niala-Loisobleu – 17 Novembre 2018

 

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ENTRE TIEN EMOI 1


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ENTRE TIEN EMOI 1

Ce ne fut pas un montage à vendre, juste ce léger mouvement qui ne se voit que parce qu’il reste sous l’écorce. Qu’il grince rien ne presse dit le tapis s’adressant au volet bleu. Les matins nous n’avons pas envie de les mettre à la boîte, le jour trouvé à ton oreille ne lobe rien en touche, il tâte comme on veut se sentir pénétré. Il n’y a plus dans les tubes la pureté du pigment, ce qui reste du végétal recule sous l’écrasement minéral porté par la chimie des temps modernes. On pourchasse l’odeur naturelle en lui faisant honte. Les bras montent les tatouages au cou comme il y a des années on a voulu briser le secret de la beauté des murs. En les faisant parler comme des provocateurs on montre que salir et casser préoccupe davantage que construire. Le monde des hommes a toujours été horrible. A chaque époque on a toujours privilégié le mal, cette nouvelle génération extrémiste s’inscrit comme une secte nuisible. La laideur est la cinquième colonne de tous les pouvoirs, son action fourbe et hypocrite entretient l’instruction du non-savoir. Une maison animée que du regroupement des étages, amène les messes dans la rue à réclamer des églises. Dogme, tu voiles à toutes vapeurs. Le fleuve affluente comme une bonne mer. Si on lui ligature les trompes c’est pour le bluff, on dirait les paroles de haine de la chanson d’amour au top du hit-parade des tireurs de ficelles. Je reste collé à tes aisselles, les chiens qui y sont suspendus n’ont pas de laisse. Même en noir quand tu les soulages ils rient aux éclats. Puis tu sais les expositions c’est une putain d’épreuve, je me rappelle il y a de ça très longtemps quand aux Voûtes du Port j’exposais à Royan, le nombre de têtes de crevettes qui jonchait le sol, permettait de compter les visiteurs.Ce que je resang de Toi ne regarde qu’émoi.

Niala-Loisobleu – 20 Juillet 2018

MATINALE


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MATINALE

 

Sorti de mon bonjour matinal à ce Jeudi, à peine avais-je posé mon regard sur le jardin que je vis sortir un papillon bleu de derrière la clématite de la terrasse.

Fort de ce signe augural j’allais donner lumière à l’atelier. Le vert laissé hier avant de fermer, transparaissait dans la pénombre.

Allons tout semble avoir envie de vivre , me dis-je, Serge  a laissé son image dans ce mouroir.

J’ai tourné ma pensée de ton côté, c’est l’instant que tes lèvres ont choisi pour m’embrasser. Tout semblait apaisé, le tilleul se laissait doucement réveiller par les oiseaux qui l’habitent.

Toute de bleu vêtue je t’ai regardé, laissant ton coeur pousser les volets…

Niala-Loisobleu – 28 Juin 2018

 

 

Lopin Clopant 1


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Lopin Clopant 1

 

Le grand sillage en v de plumes déployées tranche en terres, jaunes et ocres la morosité de l’endroit. Quelle bouche stérile mordrait l’arpent en attente. Voici que le collier bleu-vert des oies fait chanter son plumage. Du plomb fondu d’un ciel sans vitrail, perce une entrée d’air. De la motte qui tressaille un tremblement attire l’attention des pilotis en sommeil. On dirait une épure en couches, prête à ériger ses pierres. Les membres de levage se dégourdissent les doigts sans que le moindre signal de frayeur ne se lise dans le tapis des oiseaux. Que pourrait-il y avoir dans le bruit de poitrine  des roches brunes, si ce n’était le décapage des suies anciennes ? On dit qu’une race humaine est passée par là, il y a bien longtemps. Je crois que l’espoir qu’il faut toujours conserver par devers soi pourrait vouloir matérialiser en cet instant, la reprise du vouloir vivre. En tout cas, ça y ressemble fort. Des signes de feu sortent des stigmates du monde enfoui. Des battements de dextres sur des peaux animales viennent jeter des envolées de chevelures  mises en mouvement continu par des sauts de croupes montées sur jambes. Tandis que le renversement des nuques actionne des tournoiements de seins. Tellement enragés qu’il est loisible de les entendre aboyer. Une manifestation à faire ressurgir le regard de la conscience du fin fond des limbes.

Niala-Loisobleu – 28 Novembre 2017

 

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PROMESSE A LA VIE


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PROMESSE A LA VIE

Me voici plus tel, le médoc à rebooster la descente des chaussettes. Voici venu le désir de me tenir une promesse qui s’impose d’elle même. Les bois se sont faits les branches à grand force  d’attentes, combien d’hivers par où crois-tu me canaliser le printemps pour arriver ventre contre ventre ou tête-bêche à se sentir heureux de n’avoir plus de mots dans la bouche pour tenir un discours à l’absence ? Qu’importe, je n’ai rien à cirer d’une réponse d’aucuns qui ne ferait qu’allonger la question sans y répondre. Il s’agit là d’une question hautement intime ne pouvant se déshabiller devant tout le monde. Elle a l’odeur de longs sentiers menant pas toujours quelque part, mais ne s’étant jamais égarés du point de départ. Ainsi il peut faire le temps du lieu différent de l’autre, l’heure aura le m’aime rendez-vous permanent si le fond du paysage n’est fondé sur du sable. Pouvant séparés être mieux, que des tas de gens s’emmerdant ensemble . Le touché tiens, sais-tu qu’il peut être d’une empreinte phénoménale sans que la partie concernée te soit au bout des doigts ? On entre là dans la métaphysique de l’Absolu. Tu grattes des ongles les espaces qui se mettraient normalement de travers si tu restais coincé dans un quotidien bienséant, une manière de mourir en vivant. La générale, avant levé du rideau en quelque sorte. C’est vrai qu’il faut être fou pour vivre son rêve sans devoir s’attacher à ce que personne ne vous voit. Mais si je suis pas exhibitionniste j’en demeure pas moins nudiste sans devoir me parquer dans un lieu fait pour t’isoler. La nudité de l’âme, quelle entité ! Les manières et autres simagrées, genre feuille de vigne, laissées sur le palier faut voir comme ça vous grimpe aux étages de la transcendance.. Tu te mets pas à poil en te rasant le derme autour des parties vitales, non mon P’tit-Gars, tu laisses tout pendre de soi. L’élégance du mouvement c’est le rythme de l’expression corporelle qui s’exprime. J’en reviens inévitablement au concept esthétique, la Beauté fait canon sans se la jouer Navarone, modèle gros-calibre dans une baie de faux-anges. Et l’esthétique c’est une entité. On ne peut pas la couper comme un sale ami, ton individu est racé où vulgaire point barre. Ton langage ira avec la forme de ton esprit, lui-même ne souffrant pas de voir une partie de Toi s’aliéner par un tatouage, corporel ou mental, te rangeant dans une perte d’indépendance pour te formater au troupeau.

Mais je m’arrête, tes seins passant un poil louche dans le tombé qui donne un aspect mécanique au déroulé de tes hanches, ça m’alerte. Ce que ton âme me cause après l’apnée du Grand Bleu, tend soudain à virer à la tasse. J’suis pas causeux, tu le sais, je ne braille qu’en manuel. Cependant l’erreur fatale serait d’abonder à la bêtise de croire que je peux être manié comme un bigleux, pinceau, incapable de résister aux couleurs du tant. J’en suis ramené à la promesse qui me titille à présent. La vie dehors est déformée à loisir par des tireurs de ficelles embusqués comme des snipers. C’est que magouilles et embrouilles à tous les coins de la vie. On accuse, on maltraite, comme si la dignité humaine était l’ennemi public à abattre, à un point tel que dans l’intime, se priver de cette m’aime façon de se conduire, semblerait inconvenante et déplacée.

Niala-Loisobleu – 5 Mars 2017

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