BLESSURE VUE DE LOIN


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BLESSURE VUE DE LOIN

Ah ! le monde est trop beau pour ce sang mal

enveloppé qui toujours cherche en l’homme le moment de

s’échapper!

Celui qui souffre, son regard le brûle et il dit non, il n’est plus amoureux des mouvements de la lumière, il se colle contre la terre, il ne sait plus son nom, sa bouche qui dit non
s’enfonce horriblement en terre.

En moi sont rassemblés les chemins de la

transparence, nous nous rappellerons longtemps nos entretiens

cachés, mais il arrive aussi que soit suspecte la balance et quand je penche, j’entrevois le sol de sang taché.

Il est trop d’or, il est trop d’air dans ce brillant

guêpier pour celui qui s’y penche habillé de mauvais papier.

 

Philippe Jaccottet

 

La bosse que la mer affiche n’est pas la conséquence d’un coup de gueule du temps, c’est ma faute, coincé que j’étais à me débattre dans la baïne internet

Les yeux brûlés je ne distinguais plus le haut du bas posé sur le fil de la lame quand son rasoir  tournait. Une crécelle de vent dans l’ouïe et le poisson crie de toutes ses nageoires pour casser la paroi de l’aquarium. La gueule du fond sort sa murène du gîte d’un trou de roche

Qu’est-ce que l’équilibre quand la balance est truquée

sans qu’on suspecte l’air innocent de la lanterne rouge de la maison de passe

Depuis que je te regarde au plus profond je décrypte ton geste enfantin dans la bousculade d’une violence d’adulte. Crois-tu que ma liberté de pensée en donnant accès à l’acte aurait perdu le respect du partage et le soin du corps dans sa chair comme dans son âme ?

 

Niala-Loisobleu – 17 Juin 2018

FUT UNE CABANE


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FUT UNE CABANE

 

La mer n’a pas bouge

les nuages sont mobiles

un poisson nage

et vole

De haut il voit ce qui cabane là où plus rien de ce qui fut ne reste à faire,

à présent il faut à venir mains tenant…

Niala-Loisobleu – 18 Mai 2018

VOIX DE BICYCLETTE


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VOIX DE BICYCLETTE

Des godasses lacées aux quat’coins des touffes d’herbes, me regardent sans fatigue

plus crottées qu’un lustre de faux-semblant

elles ont des marnes qui collent à la betterave

des macadams fumeux comme un bitume de fourneau de pipe

sans omettre les vis de tous ces escaliers de service qu’elles ont tant de fois tournées à l’envers comme à l’endroit

plaines de craies des vignes tordues que le calcaire entartre aux fossiles

petits chemins planqués à l’abri d’une frise de mûres

couvert d’un pré haut dans une cour de communale

où les osselets des évasions dansent point macabres

de temps à autre en plein chant au pupitre

école des filles et colles des garçons

une petite gare plantée au travers d’une vague d’épis

rouge bleuet bleu coquelicot

folle avoine

voies secondaires

roulis d’un boulonnais ouvrant le ventre de la terre d’un coup de soc être

chaussettes en accordéon dans la tête ailleurs

des boutons de culotte dans les batailles

puis moins ludiques ces jeux d’adultes comme y disent

où que les grenades sont séparées des arbres en vergers

et des frères par un côté blanc et un côté rouge

une tranchée au beau milieu d’un assaut de mites railleuses

qui ne laisse que des alignements de croix blanches

souvent anonymes comme une flamme qu’on doit rallumer tous les matins

et en corps qui s’en souvient

de quoi ça à pu servir de donner sa vie

les grandes forêts où mon grand-père puis mon père

vivaient insoumis en francs-tireurs pour pas perdre leur image d’hommes

c’est qu’on y tenait à sa dignité d’exister

quand le ventre refuse

y donne des ruades sans savoir lire verboten

mais dans mes godasses y a plein d’espadrilles qui font les moissons

pendant les grandes vacances où que les dunes dressent leurs oyats

face à la mer et à toute la famille

tout au long des côtes sauvages à bronzer intégral

pieds nus

la p’tite Zézette et le Titoeuf sans culottes

j’aime pas les bottes

elles ont un bruit qui explose dans mon coeur

en écrasant toujours le sang à renfort de wagons dans les plis des chemises noires

qui arrachent les enfants comme de la mauvaise herbe

lessivent au gaz

bouillent l’innocence dans des crématoires

laissant les habits à rayures sécher au bout d’une corde

mais voilà les galoches qui sentent bon le bois

elles faisaient un somme dans les toiles d’araignées du grenier où j’habite

avec ma boîte à couleurs

mes plumes

mon encre

mon bateau en papier

les bassins du Luxembourg et des Tuileries

et sur le pont mon Capitaine

qui se tient sur la grand roue d’un vélo dépassé par les événements

Au revoir cabane, bonjour le Nouveau Jour

Niala-Loisobleu – 18 Mai 2018

 

VENTRE CREUX


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VENTRE CREUX

Je n’étais qu’à peine dépassé de ta ceinture

pourtant toute débouclée

tu m’as dis, je t’ai trouvé raide d’une question sans réponse

et midi étant venu je n’ai rien eu de toi à partager

Il y a des cabanes dont il faut quitter la table.

Niala-Loisobleu – 14 Mai 2018

 

LES AMARRES LARGUEES


LA CABANE 2012 - RECOLLETS 004

LES AMARRES LARGUEES

Un soleil gris s’aurait voulu

qu’il n’aurait mieux su accompagner cette triste cérémonie

Faire la toilette du mort

que ce soit cabane

c’est peut-être plus charnel que des zozos se prenant pour des humains…

Niala-Loisobleu – 14 Mai 2018

Quand j’anniverse


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Quand j’anniverse

Adieu, passé, songe rapide

Qu’anéantit chaque matin !

Adieu, longue ivresse homicide

Des amours et de leur festin,

Quel que soit l’aveugle qui guide

Ce monde, vieillard enfantin !

Adieu, grands mots remplis de vide,

Hasard, providence ou destin.

Fatigué dans ma course aride

De gravir contre l’incertain,

Désabusé comme Candide,

Et plus tolérant que Martin,

Cet asile est ma Propontide;

J’y cultive en paix mon jardin.

Beaumarchais

Comme quand il pleut à pleurer, je pars donner à la cabane un signe de présence. Elle m’appelle en besoin de chaleur. Même si elle n’est plus là en réalité j’en garde l’existence spirituelle.

Des oiseaux noirs ne tournent pas au-dessus d’elle.

Tiens comme si j’ai un anniversaire que personne sait.

Et puis n’est de sel que je pense qu’il faut nacrer de cet ocre rouille qu’ont les herbes du marais, l’horizon rigide déshabité du bleu rosi du matin , ligne d’espoir puérile mais fond solide, dans le vague ambiant du niveau de l’amer

C’est un chemin de proie, cette vie là. Le plus clair de l’homme étant noir de j’ai et veux plus encore, à l’avide à l’amor, quel cri que mes bacchantes ne poussent jamais !

T’as d’beaux yeux quand tu vas nue au sable de la côte sauvage, tes seins prao, me franchissent la barrière jusqu’à ton corail.

Et je plonge d’avant t’hure en avant t’hure…

Reins tremblants

devant la cabane

j’ai vu ses palpitations visibles

malgré le voile moussu poissé à ses flancs

Il faudra plus d’un changement de régime

pour cicatriser les blessures du paysage

J’avais vu la terre ainsi retournée

c’était des suites de guerre

Je les mets toutes et tous

la douceur

la sérénité

le calme

les soupirs des yeuses aux passages des oiseaux

l’odeur de pin qui grille au soleil

dans les vapeurs de rires enfantins

simplement

pour lui redonner les images que mes yeux ont d’elle

Ce monde traque ce qui est paisible

l’homme-chasseur ne supporte pas le Beau

il faut qu’il dégrade

au nom d’un instinct prédateur

qui n’a m’aime plus rien de l’animal

puisqu’il fait le mal sans motif de nourriture

A moins…

qu’il pense se sauver par un comportement barbare ?

J’en frissonne d’effroi

Au fond de mon jardin je reste

les cheveux trempés dune eau qu’il me faudra rincer des mauvaises vases

La boue acharnée et belliqueuse

englue

toute la baie devant La Cayenne

Au tour d’Oléron le marais submergé

à peine soulevé par une rare cigogne apeurée

sous-marine le sel dans un coin sec de mon vouloir

si humble que son apparence ne se manifeste jamais au contraire de la tenue endimanchée des quidams

en sortie de rôles, de messes fourbes, communions adultères et parties-fines  en groupe…

Niala-Loisobleu – 13 Mai 2018

AU JOUR D’HUIS DANS TA FLEUR


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AU JOUR D’HUIS DANS TA FLEUR

Poser le fardeau et allonger mon corps entre la respiration des lèvres du fleuve et le balancement des monts de la poitrine. Le paysage d’une campagne habitée d’oiseaux, toute piquetée d’arbres-refuges. Si égaré, survient un marchand de tracas que la terre s’ouvre sous ses boniments de camelot. Mon dos brisé s’appuyant sur le reste de force de mes jambes, ne me lève qu’au baiser régénérateur. Laisse-moi boire tes seins ô jour de trêve. Nous mangerons sur l’herbe les carreaux du marais, tu sais celui-là où on ne pourra pas expulser le sel qu’il possède. Quoi qu’on possède d’esprit du mal. Il y a des enfants qu’on ne peut séniliser. Je n’ai pu dire je t’aime dans le combat inégal d’hier. Mais mon silence le gardait pour le tenir hors du tir meurtrier. Met ta plus belle robe, celle qui sent la montagne côté soleil, je vais prévenir le vent qu’il me tienne sous-elle en parachute. Puis d’un bout à l’autre de tes pores, ronronner comme chat

Niala-Loisobleu – 6 Mai 2018

HISTOIRE NATURELLE


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HISTOIRE NATURELLE

Je suis le vif en

amour

Niala-Loisobleu – 5 Mai 2018

Les abeilles butinent

Un sourire de sarigue
Plumes d’autruche
Chagrins d’autrui
Une famille de plantigrades

L’homme reflète tous les degrés

de la création.
Si l’un mord comme un fauve l’autre mord comme un poisson.

Que connaît-on des mœurs des holothuries?

Grâce au carabou perspicace

le monde est complet.
La sangsue est hermaphrodite.

 

COMEDIE D’AMOUR


COMEDIE D’AMOUR

 

Ce soir je regarde la farce du monde et la signification du vivre

le mensonge du je vous aime

les plus grands sont ceux qui ont laissé le témoignage du vivant de souffrances

rien ne reste des marchands de promesses

qu’ils aient  été au plus haut rang

Président, idéologue…pauvres intrigants…comédie Macron…

 

Merci encore Frida et Diégo

ce soir

je vous ai en fresque pour combattre le mauvais sort de ce matin.

 

Niala-Loisobleu – 4 Mai 2018

 

https://www.youtube.com/watch?v=45Z0keLaGhQ

JE SUIS A TERRE / LIQUIDATION


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JE SUIS A TERRE

 

J’allais triste, mais d’un pas tranquille à la cabane, pour l’ouvrir. Nous n’irions plus le crabe avait décidé

manger la nature en dehors des invasions estivales, lire à côté des pies, du coq de bruyère et des garennes mettant leurs lapereaux au grand air, écrire le tout dans l’accompagnement du rourourou des pigeons nichés dans le gros chêne…fini

mais il faut bien faire comme si pour la faire visiter.

En arrivant j’eus le sentiment d’un désastre, tout le terrain était en morceaux, ça sentait le démolisseur…j’appelais vite la Mairie pour comprendre et…

La ville  ayant vendu le terrain à un promoteur, il va falloir que vous liquidiez…il ne veut pas de cabanes, il va construire…vous allez recevoir un courrier….

Depuis des mois, dans une succession de choses ne marchant qu’à l’envers j’ai résisté. Mais là je crois que quelque part on a décidé de m’avoir. Le pouvoir du fric est majeur…il écrase sans pitié, la nature du Beau…

Je ne sais pas défaire ce que j’ai bâti.

Niala-Loisobleu – 4 Mai 2018

 

LIQUIDATION

Éveillé seul — sans route, bagage, campement, bêtes de selle ou de charge — dans la savane aigre de ma nuit.

Plus de chambre, d’air, de lueur, de temps — et pas de possibilité de fuite lunaire.

Grand mât sans signe ni oriflamme, — mentule fragile (à peine encore vivante), haute colonne à cannelures en rides amères plantées au centre de mon lit (ô
neige! lait cristallin des douleurs…), je gis au pied de ce jet dédaigneux, moi qui tiens dans mes caisses, mes poches, mes mains, ma tête tant de drogues clandestines et
d’artifices défendus, parmi lesquels la science infuse de tuer dans l’œuf tout mien plaisir.

*

Aux portes d’une ville lointaine (étuves, soukhs, casernes, remparts, prisons) rêve à rêve on a soldé le bric-à-brac de mon enfance :

un théâtre miniature, de fer blanc peint en rose (j’ignore quelles actions futiles ou tragiques se perpétraient dans cet infime palais, astre doyen d’une constellation de
jouets);

« La Biche au Bois » surnageant — en plein déluge vocal — dans la corolle du pavillon de phonographe;

le cauchemar cannibale, en forme de loup ou de cheval de fiacre;

l’ours pelucheux et criard, mandragore jaune, en cape d’étoffe rouge à soutaches;

Buffalo Bill — rifle en main, tout satin noir et grande rose sur l’échiné — près de la diligence que des Indiens attaquent;

l’éveil viril (un jour d’été, dans une clairière banlieusarde) au spectacle d’enfants pauvres — filles et garçons — grimpant pieds nus aux arbres;

la courtisane dévêtue pour l’orgie solitaire, quand les draps — marâtres sans entrailles — étouffent entre leurs bras mouillés l’essor déchirant des
semences;

sur la chaise de paille, après la meurtrissure des genoux dans la cage du confessionnal, l’aire nocturne du sabbat où des filles tournent dos à dos, en ronde et les cheveux
défaits;

l’image de Dieu fixée — des minutes ou des siècles

— à vains regards braqués au plafond de l’église, car jamais le simulacre ne s’anime — ni même ses paupières battent — par avènement souterrain
de miracle;

l’hostie livide, trop large pour le gosier, mais qui coule jusqu’au ventre, par grâce du Saint-Esprit, comme les dons de Noël (peu importe leur échelle I quelquefois un navire
tout gréé…) dégringolent

— flamboyants ex-voto — à travers les cheminées.

Et d’autres merveilles moins antiques, produits d’une main plus rusée — si l’on veut, plus savante — : les boissons rares — tonnerres douceâtres — captives du
poing qui lance en dés les éclairs de diamant;

l’amitié équivoque de femmes jamais touchées (brume émoUiente, perfide climat);

les arbres lourds qu’on dit plantés en terre mais qui prennent aussi bien racines dans le ciel;

l’onde intime propagée par chaque geste et chaque parole;

les chaînes orales groupant vocables et concepts en infinies séries dont chaque maillon cristallise un univers autour de lui;

les idées dormant sans nom au ciel de notre esprit;

la vie cimetière d’étoiles;

la herse ardente des paysages;

la grandeur de l’homme qui se tue sur un coup de hasard;

le mystère latent des coquilles d’œufs brisées;

l’opacité des murs, l’éclat du bouton de porte, les pulsations du révolté;

l’obscure transmutation des éléments déliés;

la jonction des corps séparés par le miroir des mots;

les fleuves de travail, les montagnes de machines;

les nuages imitateurs de mer, les papillons plagiaires de fleurs;

la main gantée des équipages somptueux;

la gare des têtes;

l’épaule nue des maisons;

la bouche peinte — dents humides — des chauds hôtels meublés;

l’arc-en-ciel des richesses;

l’âge vaincu par le voyage;

la façon dont les faces et les choses s’interposent entre l’X et les yeux pour voua boucher le vide (vide du cœur);

l’amour qu’on fait comme un chapelet qu’on dit pendant l’orage;

l’amour magique aux baisers anonymes (pure contrainte du monde);

l’amour comète à chevelure fulgurante;

l’amour payé;

l’amour tout simple;

le fantôme tropical en toge blanche de déesse…

O monde! tout est vendu… Les boutiques puantes ont dégorgé une foule homicide sur le port. Les trafiquants ont égrené, de sable en sable, la litanie des caravanes.

Perche à gauler les crânes, poteau totem, arbre généalogique paré du haut en bas d’une lignée de tortures ancestrales, dans la chambre au squelette
dépouillé — murailles, plancher et toit fondus — l’amère colonne du cœur se dresse, mentule sans joie l’enrobant d’oriflammes…

Quelque part, un matin de ce siècle, j’ai lu qu’en Angleterre il y a cent ans on enterrait les suicidés de nuit, à une intersection de routes, le corps couché à
même la fosse — au centre de la chaussée — et couvert de chaux vive.

Michel Leiris