BRIBES (XXVIII)


56795922998--A220E6C2-C967-4BD3-B78D-89C5EB9BB8BD

BRIBES (XXVIII)

Le trait tremblant de la rosée

au sol n’est que souhait de fertilité

Dominante fragile dans une trêve de circonstance qui reprendra sa cruauté avant le prochain chant du coq

La main se veut symbole

amour et paix

derrière les yeux mi-clos le bouquet de chant s’apprête à fleurir

Sortir des promesses, des accords sans souffle, des mots creux, en silence

Humble

la vie est forte malgré les attaques incessantes

Un jour où la pierre se dresse par Nous

un Bon Jour

pour bâtir le peindre sourire confiant de son voyage…

Niala-Loisobleu – 1er janvier 2019

SOLEIL ETEINT


c038c5bd198efeb36b68f5d0b3712d63

SOLEIL ETEINT

 

A l’heure lisse les oiseaux en papiers se sont froissés les zèles aux carreaux des cahiers à spirales. En marge d’une considération conforme à la réalité, d’autres impressions  sont venues sournoisement modifier le sentiment. De modèle l’oiso se voit montrer du doigt. A la tienne et tienne. Le marronnier pris d’assaut par le faux gilet-jaune voit sa grille de protection  servir de bélier pour la casse sur un mur fourbe, autour du matelas et de l’armoire à glace en barricade des mariés de la Commune, un gamin de Paris est brûlé pour sorcellerie. Les lacets défaits, le remorqueur du Quai aux Fleurs, sort le poète du printemps. Transatlantlque torpillé, j’irai revoir ma Normandie aux croix blanches. La nuit est tombée avec un cri sinistre. La manivelle des caméras pédale en piqué. As-tu déjà laissé ta pensée se promener dans le chant brûlé d’Oradour-sur-Glane ? Rue des Rosiers, la fleuriste a baissé le rideau. Un bruit de bottes traversant les Ardennes, coud les étoiles de la haine à l’orée des poitrines. Je réhabite un wagon à Drancy, si tu savais petit l’atrocité que contient la rayure au costume tu réfléchirais à deux fois avant de pousser la porte du tatoueur. Dimanche dernier au Pathé de campagne, un film d’horreur m’a noirci le blanc. des enfants qui s’aiment Le soleil joue à la roulette russe. Fais trois noeuds à ton mouchoir, et n’oublies pas qu’ils ont été des millions à vouloir mourir pour le bonheur des autres. Me remonte en haut-le coeur ce terrifiant poème concluant qu’il n’y a pas d’amours heureuses

Niala-Loisobleu – 9 Décembre 2018

LA BOÎTE A L’ÊTRE 45


main-header_father-nature

 

LA BOÎTE A L’ÊTRE 45

MON JARDIN D’ECRITURE 1

Perdu dans un fourbi hétéroclite parfaitement ordonné, où des ficelles, des bouts de bois, quelques morceaux de craie de plusieurs couleurs adaptables aux saisons des humeurs humanoïdes de prétendus êtres de chair, le plus souvent particulièrement chers, j’existe plutôt bien que mal au coeur d’un univers recréé pour sortir de l’ornière du Monde.

Humaniste dans l’âme, j’ai commencé de bonne heure à militer pour un monde meilleur. La politique , c’est par là qu’on fait ses premières armes, m’a retenu un furieux moment, avant de me faire toucher du doigt son sens unilatéral d’ambition de pouvoir. Et puis il y a eu tous les chemins par lesquels on s’élève, enfin c’est plus souvent ce que l’on en dit, que ce qu’y en découle. La tromperie est omniprésente. Elle vit en tout. Dans l’intention, l’exécution, le déroulement de chaque acte mis en scène.Elle doit sa réussite à l’espoir permanent qui règle le rythme de la vie. Qu’importe la situation, anodine ou très grave, légère ou lourde de conséquences, rocambolesque ment hasardeuse ou stratégique ment organisée, sans effet ou cruelle,individuelle ou enjôleuse de régiment, utile ou absurde, moche ou prétendument jolie, de confession marquée ou d’athéisme déclaré, le fabulateur a toujours sa place pour lancer l’imposture à la une.

Bonjour les dégâts, tout le monde en parle, personne ne fait en sorte de ne pas en être. Le mensonge a le plus souvent la tête de l’espoir.

Dramatique.

Ours patenté, j’ai choisi mon espace illimité dans mon ailleurs.

Je vis qu’en mon Jardin, ignorant tous les mirages vantés par les boutiques de mode. Non asocial, mais absolument pas clubiste de cette société qui pratique la lâcheté à tous les étages en hurlant au charron après elle. Quelle déchéance que cette option de l’abus en tout genre.

Je t’aime pour te tromper, voilà le programme.

J’écris la vie d’un pinceau plongé dans l’encrier des amarres rompues.

J’suis un vieux clochard vivant de ponts toujours ouverts, voilà ce que j’aurais été avant de partir sous un arc-en-ciel, qui n’aura fait que me prêter son landau garni de tous les biens spirituels, et d’un fabuleux trésor d’amour :le sésame donnant accès à l’entrée à ce jardin.

Des odeurs indéfinissables provenant d’assemblages de spartiates et de godillots, un soupçon d’espadrilles, et du râpé de plantes de pieds, en composent l’étrange attraction nasale qui saisit dès l’entrée. Le tout mêlé à des vapeurs de transpirations diverses, que les chevauchées à cru dans les immensités de la déraison, ont marqué d’indélébiles envoûtements.

Qu’il s’agisse de minéral ou de végétal, rien de ce que vous connaissez n’existe ici. Et c’est tout pareil pour l’animal. Une fourmi dans mon coin n’est pas pingre, elle partage le tour de champ avec la cigale.

Si les arbres causent ce n’est pas pour échanger des mots affligeants au bord d’un chemin de commentaires creux, ou pour s’inscrire à un quiz débile où l’animateur à un souffleur dans les oreilles pour avoir la réponse à toutes les questions.

L’eau se lave plusieurs fois par jour, la mer regardant les dents de ses petits rus qu’elle veut nacrées, pour y mettre son corail. Evidemment il faut un potager, l’esprit a besoin de se nourrir. Alors à côté des carrés de poésie, quelques plates-bandes de musique, sourient aux raves de sel de ris pas râpés Que de fruits pulpeux pendent à la poitrine des cabanes. Les oiseaux déplacent les graines avec l’aide du vent. La complicité étant de mise, chaque partie, même la plus infime, en est vêtue.

C’est ainsi que ce jardin cultive le rêve sans le moindre égard pour l’obsession qui s’acharne, au dehors, à développer ses mauvaises herbes. Entre deux pans damassés, le tant est maintenu ouvert par une embrasse. Fenêtre sur l’infini, le soleil entre la lune au bras. Les étoiles sont amphibies, elles voyagent d’un continent de ciel à une voûte souterraine sur le réseau des vibrations. Verticalement dressée la pyramide de l’amour monte dans le cosmos. Le tôt t’aime ouvre ses yeux vers tous les possibles, ses lèvres envoient leurs baisers en continu.

Le peintre et l’oiseau sont au lit du long fleuve de la vie. En paix ils naviguent. Des cathédrales en proue.

Dans le rien qui s’attache aux promesses, je perçois mieux certaines choses, Tout change autour de moi, je reste attaché à mes valeurs profondes. La vie se fait son film, en épisodes continus, les acteurs s’enfonçant petit à petit dans leur propre comédie. Jusqu’à ne plus s’apercevoir qu’ils ne trompent que leur égo à force de se mordre la queue, dans des enchaînements de projets n’aboutissant à rien, sinon à en trouver un prochain..

Le mal de vivre repose sur l’incapacité à changer de cesser de tricher avec soi-même . C’est un vaste jeu de dupes, où l’infidélité se prépare à toutes les sauces du plat du jour. Se plaindre de son sort en en étant le seul artisan voilà tout le secret de l’histoire des bides.

Demain change tout, me disait encore des années dernières, avant-hier, et hier, une victime de cette société d’aujourd’hui…et avec l’appui du bond dieu…ma foi, tant qu’on y est pourquoi se limiter à un crédo pur et sans tâche.

C’est quand deux mains disait le zèbre dans le canot de sauvetage perdu au milieu du naufrage (L’odyssée de Py) ?

Niala-Loisobleu – 23 Janvier 2013

 

Ayant vertement protesté et combattu l’élection du roi qui nous gouverne au moment où il s’est mis en avant, ce soir, je ne peux que ressortir cet article eu égard à la peur qui m’étreint à la pensée de ce que va être demain durant la manifestation des Gilets-Jaunes auxquels se mêleront des parasites dangereux.

Un massacre fratricide où l’échec d’une revendication noble on ne peut plus juste., où peut-être les deux à la fois ?

Qu’on puisse rester indifférent ou hostile au nom d’intérêts de tous ordres est  pour ma part indécent, mais qu’on dise ou fasse n’importe quoi à l’égard du mouvement des Gilets-Jaunes me paraît indigne. L’Homme a ce qu’il mérite, il est libre de sa pensée, mais qu’il se taise sans mettre son égocentrisme en avant, montrant ainsi le mérite de son choix.

Niala-Loisobleu – 7 Décembre 2018

LA BOÎTE A L’ÊTRE 45


main-header_father-nature

LA BOÎTE A L’ÊTRE 45

Lopin Clopan 3

 

Comme il se rappelle, ce temps  où il s’élançait dans une autre jungle, le bambou devenu rotin pour se faire lien avec le lointain, sofa de son subconscient. Les jambes relevées ont rejoint la table de l’écarté. Plus besoin de lustre, on éteint tout alentour, la voûte céleste a le bon éclairage. Elle n’a pas que la blancheur de ce sa pureté, la fleur a le don de bouger l’immobile en déplaçant des volutes de parfums  différents. Le sol s’est mis au mouvement marin. C’est vrai que le feu à tomettes embarque au-delà du froid ces amphores aux huiles que le fruit de l’olivier a confondu aux pampres des collines en un nectar divin. Nous avons donné l’hospitalité aux  tendres étreintes. L’expression corporelle sait confirmer le prononcé des paroles. Souviens-Toi, les glycines qui tombaient du dais de lit comme elles t’allaient bien au teint. Dans la palette qui avait pris place dans mes délires, des chevaux sauvages jouaient avec les flamants roses d’un étang. Un groupe de noirs taureaux venu des oliveraies d’Estremadure faisait reculer les poseurs d’embûche de la corne. Un enfant qui s’était caché sous ta robe n’a pas pu retenir son rire jusqu’à trois. On lui a donné son p’tit-frère et sa p’tite-soeur pour qu’ils jouent ensemble. Et depuis tes seins n’ont cessé de se développer. Il reste que c’est ainsi que ce que je connais le mieux de Toi, c’est ce que le monde en ignore.

Niala-Loisobleu – 29 Novembre 2017

LA BOÎTE A L’ÊTRE 44


main-header_father-nature

LA BOÎTE A L’ÊTRE 44

Lopin Clopant 2

 

Il est vrai que le ressenti d’hier portait bien son germe. Ce ne sont pas les sceptiques qui pourront en faire annuler l’impression, en dehors de ce qui est télécommandé par un tireur de ficelles, ils sont hermétiques à tout. Les siècles ont suffisamment démontré cette vérité pour sortir du doute. L’Homme est fils de taupe ou de lynx. Le reste est bâtard. Je ne sais pas le nom de l’instrument qui donne tant de possibilités au vent. Sans doute y en a-t-il plusieurs en un seul. La bouche à air est parolière du muet comme de l’écrit. En dehors des cas dont je suis, qui s’accordent à reconnaître la multiplicité des endroits qui parlent dans un corps, personne n’y entrave le premier signe. Chacun d’eux à sa sonorité. Mon oreille plaquée à ton aisselle ne me barbe pas, j’ai tout ce qu’il faut comme poils à barbe. En revanche la conque de ton bas-ventre me laisse accroché comme une encre-flottante s’étant assurée une protection contre la venue de la tempête. Les messages captés-là, l’emportent, me ramènent, me posent au mouillage, me font repartir en cabotage, puis à nouveau droit sur une hauturière destination.Traversé d’éclairs de couleurs fulgurants, venus de poissons aux écailles de néons, tes émetteurs deviennent une fête de rue comme il y en avait au Moyen-Âge avant que l’automobile ait pourri l’air de ses chevaux-vapeurs. Tu sais les grandes trompes des hérauts, enrubannées d’oriflammes, eh ben je les retrouve chatoyant tout comme annonciateurs quand sautant du lit tu lâches les chiens de ta poitrine.. Il y a dans l’amour un spectacle antique qui tient du drame comme des jeux olympiques. Mis en gradins je te jure sans mentir que tu es l’arène à Toi toute seule.

Niala-Loisobleu – 29 Novembre 2017

 

 

 

LA BOÎTE A L’ÊTRE 43


main-header_father-nature

LA BOÎTE A L’ÊTRE 43

Lopin Clopant 1

 

Le grand sillage en v de plumes déployées tranche en terres, jaunes et ocres la morosité de l’endroit. Quelle bouche stérile mordrait l’arpent en attente. Voici que le collier bleu-vert des oies fait chanter son plumage. Du plomb fondu d’un ciel sans vitrail, perce une entrée d’air. De la motte qui tressaille un tremblement attire l’attention des pilotis en sommeil. On dirait une épure en couches, prête à ériger ses pierres. Les membres de levage se dégourdissent les doigts sans que le moindre signal de frayeur ne se lise dans le tapis des oiseaux. Que pourrait-il y avoir dans le bruit de poitrine  des roches brunes, si ce n’était le décapage des suies anciennes ? On dit qu’une race humaine est passée par là, il y a bien longtemps. Je crois que l’espoir qu’il faut toujours conserver par devers soi pourrait vouloir matérialiser en cet instant, la reprise du vouloir vivre. En tout cas, ça y ressemble fort. Des signes de feu sortent des stigmates du monde enfoui. Des battements de dextres sur des peaux animales viennent jeter des envolées de chevelures  mises en mouvement continu par des sauts de croupes montées sur jambes. Tandis que le renversement des nuques actionne des tournoiements de seins. Tellement enragés qu’il est loisible de les entendre aboyer. Une manifestation à faire ressurgir le regard de la conscience du fin fond des limbes.

Niala-Loisobleu – 28 Novembre 2017

EN CABRURES


44e6533f7d91a49178ba7fc87bb7c513

EN CABRURES

Tu viens de ces levers qui couchent la raison

et leurs mi-graines

sous les ruades du sang de l’espoir

cheval absent

aux quais d’arrivées des erreurs de stationnement

présence des mouchoirs

Muselant à la niche les clochers plantés sur les aiguilles

de la férule de Chronos

ne portant plus au poignet que le pouls de l’allant

Libre d’espaces vers lesquels glisse ton ventre coque

tu t’harponnes toutes cales ouvertes

au devant de ta propre découverte

Troussée des habitudes

usinées aux manufactures de guerre lasse

ficelant l’affranchissement

L’interdit laissé au trompe-l’oeil du décor

tu voles de la couleur mimétique des marées montantes

en sel à la conquête de toi-même

Des bois flottants noués aux orées des pontons

font et tapent d’île en île

la traversée de l’anonyme matricule

Niala-Loisobleu

17 Octobre 2018

POING VIRGULE


154421

POING VIRGULE

A la question que je vis se dessiner sur ses lèvres je répondis du tac au tac d’un baiser. Je jurerais avoir entendu les cons emportés d’une seule bouchée. Sur le côté de son flanc gauche battait de plus en plus fort un premier dessin rupestre dans les ocres d’un bistre manuel. Reconnaissant un cheval sauvage aux tâches bleues qu’il avait sur le crin blanc, j’attendis que la horde passe pour sortir le premier bison. De cendre au tison son galop a fait trembler  la fumée sortant de ses narines. Il reste que le feu de cette guerre m’est resté allumé de cette ardeur de vivre particulière. L’espoir, imbécile utopie quand on voit ce que l’homme abîme des millions d’années durant, pour le garder en corps incite à s’y convertir. Aucun dieu ne s’étant risqué à le certifier.

Niala-Loisobleu – 19/09/18

LA BOÎTE A l’ÊTRE 39 – Yves Bonnefoy: « L’inachèvement est ce qui caractérise la poésie »


main-header_father-nature1

LA BOÎTE A L’ÊTRE 39

 

Yves Bonnefoy: « L’inachèvement est ce qui caractérise la poésie »

On dit
Que des barques paraissent dans le ciel
Et que, de quelques-unes,
La longue chaîne de l’ancre peut descendre
Vers notre terre furtive.
L’ancre cherche sur nos prairies, parmi nos arbres,
Le lieu où s’arrimer,
Mais bientôt un désir de là-haut l’arrache,
Le navire d’ailleurs ne veut pas d’ici,
Il a son horizon dans un autre rêve.

Les livres d’Yves Bonnefoy se succèdent, et il est difficile de n’y pas reconnaître cette grande voix, dans sa permanence et les changements qu’imposent les années. Quand le poète excelle, alors le poème se nourrit de sa propre atmosphère légendaire, que chaque vers, chaque groupe de mots enrichit de certitudes, de doutes, de notations à la fois attendues et surprenantes. Bonnefoy prend des précautions pour dire des choses simples, en précipite de plus complexes, poussant devant lui un flot énergique et doux, où l’on reconnaît sa matière dans ses métamorphoses :

 

Il advient, toutefois,
Que l’ancre soit, dirait-on, lourde inusuellement,
Et traîne presque au sol et froisse les arbres,
On l’aurait vue se prendre à une porte d’église,
Sous le cintre où s’efface notre espoir,
Et quelqu’un de cet autre monde fût descendu,
Gauchement, le long de la chaîne tendue, violente,
Pour délivrer son ciel de notre nuit…

Cette Longue chaîne de l’ancre, dont proviennent ces deux extraits, offre la plus belle séquence de vers du recueil. Quant à la prose, on vantera l’éclat de L’Amérique : cette façon de se laisser surprendre par le récit, qui se mue en méditation, avec superposition d’une scène parallèle, imprimée antérieurement dans la mémoire (pure rêverie ?), seul Bonnefoy nous procure de telles émotions dans le moderne poème en prose. Mais c’est au prix d’une surveillance du rythme et du style dont ne témoignent pas au même titre toutes les pièces ici réunies. Un recueil ainsi fait n’est pas forcément un livre : aux inédits s’adjoignent ici, en plus grand nombre, des ensembles parus de 2001 à 2007, dont l’hétérogénéité est patente. Qu’importe :

Et voici qu’un enfant essaie de revenir en arrière, malgré l’étroitesse de la voie – vers qui ? Il se heurte aux autres, eux si requis par la difficulté d’aller de l’avant et de retenir leurs ballons qu’ils ne le voient même pas. Je le prends par le bras, je le retiens. « Où vas-tu ? » lui dis-je. Il lève vers moi deux yeux agrandis par une pensée dont jamais je ne saurai rien. Et je lui ai demandé encore : « Comment t’appeles-tu ? » Mais sans répondre, et me regardant toujours, de ses yeux pensifs, il secoue la tête.

Comme ces barques du ciel citées plus haut, ce qui passe et s’interdit entre l’homme d’âge et l’enfant qu’il fut est le thème insistant, profond, de cette grande période qu’on a vue commençant avec Là où retombe la flèche… Lui fait écho le trouble du poète devant sa propre écriture :

Je défroissai mes notes… je n’y découvris aucun sens. Des mots, mais dont la pensée s’était retirée.

De très belles pages.

Jean-Marie Perret.

 

  • P1030769

LA BOÎTE A L’ÊTRE 39 / COULE L’EAU


main-header_father-nature

LA BOÎTE A L’ÊTRE 39

COULE L’EAU

Chevilles en gargouilles

Au bord du quai

Les ongles d’une nuit griffent

Les pas qui vont de travers

L’Ile St-Louis cherche où asseoir son chêne

Il n’y a plus d’espace vers la justice

La Conciergerie est dans l’escalier

Les affaires renvoyées en poste restante

Un chat maigre surveille la souris de l’ordinateur

Les yeux enfoncés dans un famélique festin

D’un délire d’affamé

Quand la Seine partit un certain matin du Plateau de Langres

Est-il possible qu’elle ait pu imaginer les peines

Qu’il lui faudrait supporter avant de gagner son Hâvre

J’en doute

Quoique les méandres m’interpellent

Ne sont-ce pas des spasmes

Des ruades

Des j’irais pas plus loin

Si elle a eu des prémonitions

Jehanne mise à part

Mais roue en dedans

Peut-être qu’elle a vu la première

Le mal de France

Sous ses formes géopoliticophysiques

Batelières

Ou maritimes

Quelle drôle d’idée d’avoir donné ce nom là à un transatlantique

Surtout quand on flotte de travers

Qu’on prend l’eau à la première goutte

Alors j’te dis pas quand la tempête arrive

J’ai gardé la verdeur de la mousse des bords de quai

Mes fesses en sont tatouées à jamais

Louis , mon père

M’y a appris à lire l’homme

Rhune pas piqué des foins

C’est fou comme un bon maître est un pont insubmersible

On a été quelques uns à cette école là

Nos fronts en gardent les craies

Coule l’eau

Coule la vie

 

Niala-Loisobleu – 21 Juillet 2011

 

steampunk01