QUATRE HEURES DU MATIN


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QUATRE HEURES DU MATIN

 

La tranche d’épave, partie d’un débris qu’on traîne de soi, est là qui tire du lit son fond d’insomnie. Les loups veillent de leurs yeux brillants.

Flux et reflux, l’ô monte et descend en nausée les mots crus à tort par-dessus bord. Du tape-cul tombé un drap solitaire fait linceul sur la couche du gouffre.

Du haut de la vague on distingue l’écume préparer son avaloir la gueule grande ouverte où le vertige précipite.

La mémoire et l’amer reprennent place pour briser les reins du chantier en cours sur le front de mer…

Niala-Loisobleu – 4 Avril 2018

 

 

 

 

 

 

 

HOMME ANNÉE ZÉRO


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HOMME ANNÉE ZÉRO

Année
Zéro.

Hurlant sur une banquise encore saignante, l’homme cherche sa couronne de soleil.

Tandis que le grès tiédit,

l’enfer prend la forme du premier cercle.

Au-delà des paupières de lave, sécher les flèches cathédrales.
Rêver la peur.

Hélices d’une étrave immobile, les frondes poussent le cheval

vers un palimpseste de tibias éclatés, d’ivoires sans bouches.

Sous roche, les mains deviennent

ces parois magiques où chaque silhouette

gomme un lambeau de nuit.

Inventés, les dieux mangeurs de gui.
Adorées les étoiles que le sang désaltère.

Contre l’inconnu de l’éclipsé,

voici qu’une future prison

surgit sous les doigts du tam-tam.

Puis l’éclair, puis le buffle, rythment ce buisson d’instincts.

Aux lames nées d’un cataclysme l’homme, héritier des arbres, affûte la terre langage,

hésite devant les signes croisés qui transpercent le temps, et déchiffre, ébloui, l’énigme sur ses lèvres.

Maintenant la vision grandit mais vers quel pôle: cytoplasme ou planète larme ou pluie d’aérolithes?

Mécanique céleste en route pour l’opacité dans une orchestration de couleurs vénéneuses.

Tracés de villes pétries dans l’ocre.
Pyramides — boussoles de la mémoire.

Horlogère,

une civilisation ajuste sa puissance,

étalonne la magie de l’or,

et meurt empoisonnée par le plomb de ses aqueducs autant que par ses lances étouffées sous l’écaillé.

Longtemps, déluge polychrome.
Séchés, les temples d’os payent tribut aux astres.

A soutenir un ciel vide leurs colonnes ont tari.
Quand l’hémorragie marine investit le désert des socles, les dieux sombrent moutons.

Et le fer avale d’un coup les fleurs sans mâchoires: alliage pour mouvoir un monde qui doit remodeler ses masques,

de nouveaux démons voulant se glisser entre le visage et le masque.

Toccata nucléaire en mémoire de l’eau, montée chromatique essoufflant le cœur des anges.
Nous baignons dans leur sexe inexistant peut-être, voué aux explosions en chaîne ou déjà durci noyau.

Élucider, afin de la combattre,

toute explosion moins précieuse à la nuit.

Fête pour cerveaux-carton

craquelés dans les bals dominateurs d’empires,

dont la cire, au matin, oxyde le flambeau.

Les grands porteurs de germes consacrent une église nouvelle

où le plomb des vitraux devient cet or qui coule entre cuisses d’autoroutes, vers un musée aux précieuses menstrues.
A l’intérieur, les circuits intégrés pullulent sur chaque neurone où se titille le bonheur.

Enfin, la vie sait programmer la mort.
L’homme, plus assuré, divague entre les éveils
Microbe à des années-lumière de lui-même,

il immunise l’espace-temps mieux que toute existence.
Mais revienne l’année zéro pourra-t-il rajeunir l’oubli?

Jean Orizet

En barque à scions…


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En barque à scions…

Hâlé des reins du cheval qui laboure

par chemin du bois

écrire de foins coupés

doigts dans l’odeur

à hurle vent debout

et l’écoute à deux mains

qu’aujourd’hui tire bord à bord – loft pour loft – putain de vague scélérate qui fait mal…J’orbe estourbi sans la tiare du balcon qui va tiquant, bon dieu sous la soutane il doit bien rester assez d’orties pour qu’elle me fasse voir son visage qui signerait de visu le tam-tam qui cogne dans ma poitrine

la clef forge le mécanisme de l’apporte

Niala-Loisobleu – 26 Février 2018

 

A VRAI DIRE


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A VRAI DIRE

Le froid d’un tant passé on ne sait où

dénude le métier à tisser

il fait nuit dans le jour

le coq n’a pas encore sonné à l’écorché

pas une feuille n’est à l’encre

Cachées les unes aux autres

les maisons font silence

un doigt sur l’apporte

Serait-ce si horrible à dire l’intérieur

que la peinture des façades s’efforce à mentir ?

L’esprit feint d’un jaune rire sec comme un suaire

colle aux marnes des langueurs d’automne jusqu’à fin d’hiver

clouant au sol le passage des palombes bleues

d’un double coup sec de canon scié de Péchebel

Ô mon âme ne fuis pas tes yeux

ne les émascule pas de l’invisible espérance dressée derrière le décor d’un quotidien harceleur

La terre est rongée d’un vitriol qui fausse-couches la moisson

trop poilu pour être ô net

Ô j’ai M ni strate ni fossile

mais lisier algues vertes au doré des plages d’un vieux 33 tours

ton chant crevant le mal blanc a marqué les luzernes d’un signe extra-terrestre

j’y suis monté par les cordes d’un haut-de-contre sexué

pour en découvrir l’étendue sans limites au travers de tes dents

la palpitation sans bretelles des chiens fous de ta poitrine

sans ignorer

en toute lucidité mon état rêveur

qui m’a initié dans le texte au vol des oies sauvages

Je plaide pas de n’être que moi exclu des autres.

 

Niala-Loisobleu – 26/02/18

 

A VIE DU JOUR


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A VIE DU JOUR

 

Benne et laitier passés

journal encore vide au seuil

l’abonné nouvelle

comme

ce soleil disparu

tait quelque chose à ne plus garder

par devers soi

 

Niala-Loisobleu – 19 Janvier 2018

Liste de Grosse Commission


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Liste de Grosse Commission

Il parle de partir de l’autre côté de la mer
par l’autre trottoir des rivières
les rues des nuages
les caniveaux des plages
Partir sans bagages
juste une chemise de vent
et derrière un reste d’orée en plein centre d’une clairière
Il parle de partir
pour ne plus devoir traverser à vide
 
Il parle de partir
avec juste un refus dernier
un reste d’accent guttural opposé au chuintant
du sel marin dans les carreaux du tablier
plein de mauvaises herbes montrant le chemin buissonnier
une flèche au point de départ de l’arc–boutant des reins
trois cailloux c’est tout
les quatre éléments
du rauquement de Lascaux demeuré dans l’urne intime de la première Femme se refusant à l’accepter couvert

Il parle de partir
à la nage
en cerf-volant
en ultra-son
en baleine
en oie sauvage
en des seins tombés de l’aisselle des valeurs

jusqu’au Je Nous du fado

Il parle de partir ailleurs tiré

par les aboiements des chiens
riffant les six cordes d’un pucelage encorné par le feu électrique du toro, la prise de sang de l’indigné, la course de l’amputé du vétéran d’une guerre perdue d’avance, la jouissance du démuni à qui on a promis un CDI de gardien de harem, le crachat retrouvé de Boris avant l’obligation de la crémation, le goût de l’effacement dressant son humilité sur l’étable du festin orgiaque des nantis, l’arrêt de l’exploitation infantile dans les  spots pédophiles de la télé, le droit de disposer équitablement de son QI sans obligation canapé

et merde

de tout faire à la main, ses doigts où on veut, quand ils veulent, si l’ongle somme d’entrer dans la case pas hurler où est ma chasteté, aujourd’hui c’est ceinture, même si y m’harcèle pas que c’est juste que j’fais la gueule par principe

Il veut partir
Loin
Dispersé à l’éternité des parodies d’amour polygamiques et polygnathiennes pires que Pasteur aurait pu le sauver des os

Cette nuit debout sur la nouvelle-lune il a rêvé qu’il était mort. Cauchemar d’une société immature qui se vend au plus offrant. Ce soir je lui trouve la mine reposée, soulagé m’a-t-il semblé, comme un sentiment que le transit connaît quand il a pu…

Niala-Loisobleu –  19 Décembre 2017

 

LA VIE, L’AMOUR 1


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LA VIE, L’AMOUR 1

Je vois du même œil que Toi. Les arbres ont énormément grandis depuis que nos essences se greffèrent par entité au jardin de nos deux portes.  Je déteste toujours autant Noël que la première fois qu’il ne nous a pas réuni. A ce propos, le retour du fils prodigue a rejoint le coup foireux de ses deux frères.Les champs gardent le climat qui diffère, avec quelque sang identique dans l’origine locale, pour la bordure du terrestre et du maritime, enfin l’accent en rapport avec ce qu’on met dans les verres. Chacune des portes se tient constamment ouverte à l’Autre, quelque soit le temps. De violents orages n’ont pu faire perdre leurs clefs, pas plus que les canicules n’ont pu les faire fondre au bout du long couloir qui les unit. Je passe sur les coupures, plus longues que le plus petit patchwork bariolé de morceaux cousus les uns aux autres. Nous avons voyagé à travers le monde. Moi surtout. A pied, à cheval, surtout en vélo le caillou dans la poche et le sable dans le bocal. Le Cosmos en fait nous a adopté, en tant qu’enfants apatrides de la planète taire. Le ciel et ses grands oiseaux de métal ayant à tout propos déroulé le volant de son tapis. Le cheval est partout. Tu t’y tiens en croupe les deux bras en rênes à ma taille. Inépuisable il ne fatigue pas au premier virage. S’il avait un compteur kilométrique..j’te dis pas, il foutrait sans doute la raclée à tes courses pédestres. Et les petites maisons blanches comme elles aiment le bain de mère. On ne conte leurs enfants qu’à l’encre bleue. Accrochées les unes aux autres à la montagne, elles transpirent de l’étoile quand le soir dans le patio les guitares grimpent aux étages. Plus gitans que nous tu clamses.

La Verite Vous Rendra Libres

Tu es lampe, tu es nuit:

Cette lucarne est pour ton regard,

Cette planche pour ta fatigue,

Ce peu d’eau pour ta soif.

Les murs entiers sont à celui que ta clarté met au monde,

Ô détenue, ô
Mariée!

René Char

 

Pendant ce temps là les nains ont grouillé d’une politique d’autruche à un retour au monarque. On s’est débattus, c’est propre à notre genre qui n’a pas attendu pour se mettre en marche. Ma foi, dans le fond à part le fait qui s’écoute que lui, le roi nouveau, il démérite pas de la France, elle a ce qu’elle mérite. Tu sais plus je vieillis plus ma peinture rafraîchit, je fais plus d’jeun’ m’a-t-on dit. Ce qui savent pas c’est que je tiens accroché à tes seins par ma ventouse buccale. Quand viendra le jour, j’aurai pris assez de quoi t’attendre. Les bois sans soif, t’en a plein autour de chez Toi, c’est pour te tenir au creux que tu t’y réfugies. Ce creux qui n’a jamais trahi notre protection. Je n’ai que du bleu à te dire, du bleu, du bleu et toujours du bleu ma Vie, mon Amour ! Je peins plus par folie que par n’importe quelle raison intéressée, je commence cette nouvelle série comme pour marquer l’année nouvelle dans laquelle je viens d’entrer.

Niala- Loisobleu – 1er Décembre 2017

 

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La Vie, l’Amour 1 – 2017 – Niala – Acrylique s/Canson marouflé, encadré s/verre 40×50

Dire la dada


RobertFrank

 

Dire la dada

 

Le tain pâle d’un jour ordinaire balance son raisin sec sous la treille. Ses bas troués chaussent le boitillement faisant bon ménage avec la canne. Le bègue de lièvre ne saurait conter les spasmes troublants des garrigues à l’ouverture des pores tiers.

Ce relent de saut à la perche tire son élan de toutes ses forces. L’instinct du refus conservant une trace de mémoire. Mot d’espoir qui cherche l’orthographe du sans faute.

Sous les fleurs non-sevrées du corsage, la forge tient la braise. Du cou il faut bien fer quelque chose de l’enclume.

Comment dire à un enfant qu’il n’aurait pas du venir au monde ?

Niala-Loisobleu – 20 Octobre 2017

 

La Porte Bleue


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La Porte Bleue

 

Entre des tresses d’herbes, deux ou trois remous tourbillonnent. Cils en battements morses, un sémaphore temporal lance des SOS. La patte d’oreille goutte d’une estafilade laissée par le rasoir. La main a recueilli ce que la jambe tremblante a répercuté par les fibres, ces élastiques infimes, tendus comme des cordes à piano touchées par un marteau. Un marteau qui assène des coups à en hurler du dedans. Une enveloppe glissée dans la boîte à lettres hydrophile absorbe le moindre écoulement du cri comme le mouvement du poing avalant l’injustice. Disséquant un mât, le vent cherche dans  les voiles les théories inutiles. Dans une vapeur des sens,  le trip fait offre de candidature. Une porte bat, des images volatiles se glissent dans l’entrebaillure. Le bois ne meurt, il bat d’une vertèbre à l’autre. Il geint du plaisir de la table où sont posés les verres pleins de tous les hôtes assis sur les bancs du mariage entre tous . Il roule de ces calèches emportant les mariés au bal. Il se redresse après les gémissements des reins dans un labour qui enfante, se détend, cassant la croûte dans l’humidité du ruisseau. Il trempe ses mèches aux paniers, avant de se laisser peigner par le déméloir d’une musique baroque. Frémissant comme un creux de calebasse qui vibre sous la main du tango. Les planchers des estrades résonnent, aux applaudissements des tréteaux.Le bois flotte, ventru de ses cales, bombé du pont, enflé du rouf, roulant d’un bord à l’autre de l’étrave. J’aperçois un nouveau pilotis plongé à l’envers des terres. Serai-je en vue du nouveau village ? A tout dire, je reconnais l’origine des ruelles, des vieux murs croulants, des maisons collées à leurs toitures de tuiles rondes, il y a même des prés d’herbe qui me caressent la pensée. Je saisis mes pinceaux, voilà le chevalet est debout, la vie renaît dans les toiles

Niala-Loisobleu – 14 Octobre 2017

 

BAIN MATINAL


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Miroitant comme une campagne de tain frais, le pays  rayonne d’une flaque dans la gueule. Un rayon suivant les lacets que la route colle aux méandres, est sorti de la roue du paon du peut plier.

Un sourire non déguisé renvoie le ciel au coeur de tous les nuages. Il faut tordre le cou à la morosité. L’état général déprime.  La voix d’un blues porte le tempo d’un espoir dans  la douleur des reins

Mes bras se sont laissés nouer au tronc du bois-flotté. Dans la veinule du nu des branches, une force sève en corps. Celle de ce que ton regard, Amour, contient d’imagination propre à changer ce qui n’est pas possible autrement.

Niala-Loisobleu – 25 Septembre 2017