Je rêve d’amour, oui pas d’être un con qui s’t’adore !


 

PORTRAITS DU 9 JUIN 2013 050

Je rêve d’amour, oui pas d’être un con qui s’t’adore !

J’ai toujours cherché la rencontre avec ces petits matins où, les yeux encore collés, on se laisse embrasser par leur fenêtre ouverte. La température fraîche sent le fournil, l’aurore de la croûte qui dore en laissant gonfler la mie hors du soupirail jusqu’aux pierres du trottoir. Enfant ouvert à la découverte je suis né et reste. Je ne rencontre que des situations rayonnantes de mystère dans lesquels je me propulse avec la complicité naturelle que la foi procure.

Des gens décalés peuplent mon jardin. Pareils à des fruits se balançant aux branches d’arbre-médecine d’un mental ne se souciant que du battement de son coeur. J’ai les Tuileries traversés de la rue de Verneuil sur  l’autre berge de la Seine. Un Louvre que je laisse aux midinettes, les rois n’ont jamais été mes cousins. Je manège, je théâtre de verdure, je Maillol le vert du bronze par l’obélisque m’offrant la perspective du Nil. Ce que qu’un simple vasistas au plafond de sa chambre peut ouvrir est infini.

Bois, disait celle qui
S’était penchée,
Quand il pleurait, confiant,
Après sa chute.

Bois, et qu’ouvre ta main
Ma robe rouge,
Que consente ta bouche
À sa bonne fièvre.

De ton mal presque plus
Rien ne te brûle,
Bois de cette eau, qui est
L’esprit qui rêve.

Yves Bonnefoy (Les planches courbes)

L’histoire n’est qu’une guerre qu’un traité de paix met en trêve. Une perm pour les tartarins qui ont toujours un lion dans le maux t’heurt. L’histoire de petits nains montés au pinacle est faite pour servir d’alibi aux imposteurs vivants en exercice.. Les peintures noires de Goya ont autre chose à dire que la prophétie napoléonienne en haut des pyramides. Des conquêtes l’or a toujours été le motif. Je n’en retins que la disparition de l’inca, préface aux holocaustes à suivre.

Je rêve d’amour, oui pas d’être un con qui s’t’adore !

Niala-Loisobleu – 3 Juillet 2016

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L’ECHOTIER DU VERGER DU BORD DE MER


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L’ECHOTIER DU VERGER DU BORD DE MER

 

Calots roulant d’une case à l’autre

 Cheveux blancs filant l’haleine

Ma crinière galope enfant

T’auras sur ta route le soleil que t’y naîtras

Soufflé nez pas jouet

Au piano des bretelles s’épaulent

Le rêve herbe air borde le chemin de faire

Quelques pieds d’oiseaux pattent la neige

Modelés printemps qui se la joue d’hiver

Des fumets de nos cheminées

Frottons nos doigts sur la glace dont nous sommes miroir

Une sente mène plus loin qu’un boulevard

Echine

Vertèbre

Hume et russe

Home eau plate

L’intestin de la nature gazouille

Sa tripe pousse et repousse

Né nu phare

Pieds des stalles

D’une fesse un soupir rejoint l’autre

A travers seins

Je me tais d’ô rayé

Pore débarque au marais tous les matins du monde

Sur la leçon de choses ton étreinte m’a fait sentir l’odeur de ton pistil

L’histoire remonte les chemins dans sa roulotte

On était partis d’un dessein rupestre

Quelques bisons, une arbalète, des chevaux sauvages demeurent l’empreinte de mes mains dessineuses qui t’ont laissée éternelle de nos cendres, sanguine et ocre de roux sillons de ton tronc de bois flotté

Sur l’échelle de corde on a grimpé en voyage lunaire un chant d’étoiles

Bassin de marelles, cabanes ostréicoles, dunes piquées d’oyats, ta moule a le charnu de l’huître autour de ces longs cils

Je l’entends tant qui perle

Echos, échos, échos

Voguant sur les vagues des draps bleus

Tels des oiseaux blancs

Niala-Loisobleu – 14/06/16

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CARTELES HENRI DE TOULOUSE-LAUTREC


 

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CARTELES HENRI DE TOULOUSE-LAUTREC

 

Photo du profil de Jose Luis de Paul de la Serna
Pendant que la Mancha fête Cervantes et le Don Quijote
Jose Luis kaléidoscope le Moulin-Rouge
Aristide Bruant
écharpé rouge
pousse
la goualante à Jane Avril
T’as un beau Chat Noir
déballe tes cancans
Ma Goulue
Le Désossé
pédale en chaîne Simpson
au petit-casino
Quel catalogue
pluie de confetti
Henri de Toulouse-Lautrec
estampe
c’est beau le grand art
quand ça sort de la souffrance physique
d’un nabot
dans le grand-écart du manque d’ô
dense de l’alcool
Niala-Loisobleu _ 13/06/16

Chanson pour une Amoureuse Secrète


Chanson pour une Amoureuse Secrète

II y avait dans les feuilles
une femme qui riait
si petite qu’on pouvait en faire
une ardoise pour les toits.

Une femme pour chaque rire
si rose
pour couvrir tous les toits.

Je pouvais dans la douleur
la clouer comme un ciel
au sang, au vent
ou à l’ombre de l’arbre
ou encore à ses ailes.

Mais l’amour me surprit
dans ma haute nuit de haine
avec un oiseau mort dans les bras.
Jusqu’où chercherais-je à m’oublier ?

Il y avait une femme
au milieu de la terre,
si rongée de mystère
qu’on la prenait pour un fruit pourri.

Et les hommes la piétinaient
pour lui arracher ses rêves;
tiède jus échappé aux lèvres
que le sol à pleine bouche buvait.

Laisserai-je voguer un fruit pourri
dans sa saison de grande peine
avec ses cris de mort-né?

Il y avait une femme
aux contours de musique,
marguerite au halo d’or
confondue avec la lune.

Au réveil – en aurai-je le cœur net? –
effeuillée pour se distraire
au contact de mille doigts.
Et j’attendais son message
comme aux plus beaux jours de la vie.

Rien ne vint. Nul ne sut que j’étais ivre
de me mirer dans le lac
où l’oiseau abattu reposait.

Comment la nuit fait-elle à suivre
le mal que je nourris au secret?
Elle me livre comme un prisonnier
poings liés au désespoir.

Tant de larmes ont coulé depuis.
La nuit dévore ceux-là seuls qui tombent.

Il y avait une femme
sur le chemin pierreux du soir
qui ne voulut jamais dire son nom
mais qui s’appuyait à mon épaule et parlait d’avenir.

J’ignorais son visage.
Je ne me souviens que de ses lèvres
tant il y avait dans l’air d’étranges insectes lents
qui ressemblaient à des grains légers de riz.

Il y avait une femme qui riait sur mon épaule
et j’étais comme un arbre
emporté par un oiseau.
Je ne sais plus où je vais.
Le temps des fleurs est consommé

 EDMOND JABES

Julia Popova

Pensées Vagabondes en Cabane le Temps d’une Marée Basse


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Pensées Vagabondes en Cabane

le Temps d’une Marée Basse

 

« …J’imagine que les mots ont de petits bonheurs quand on les associe d’un genre à l’autre—de petites rivalités aussi dans les jours de malice littéraire. Qui de l’huis ou de la porte ferme mieux le logis? Que de nuances «psychologiques» entre l’huis rébarbatif et la porte accueillante. Comment des mots qui ne sont pas de même genre pourraient-ils être synonymes. Il faut ne pas aimer écrire pour le croire.

Comme le fabuliste qui disait le dialogue du rat des villes et du rat des champs, j’aimerais à faire parler la pampe amicale et le stupide lampadaire, ce trissotin des lumières du salon. Les choses voient, elles parlent entre elles, pensait le bon Estaumié qui faisait raconter, comme des commères, le drame des habitants de la maison. Combien les discours seraient plus vifs, plus intimes entre les choses et les objets si «chacun pouvait trouver sa chacune». Car les mots s’aiment. Ils ont été, comme tout ce qui vit, «créés homme et femme».

Et c’est ainsi que, dans des rêveries sans fin, j’excite les valeurs matrimoniales de mon vocabulaire. Parfois, dans des rêves plébéiens, j’unis le coffret et la terrine. Mais les tout proches synonymes qui vont du masculin au féminin m’enchantent. Je ne cesse d’en rêver. Toutes mes rêveries se dualisent. Tous les mots, qu’ils touchent les choses, le monde, les sentiments, les monstres s’en vont l’un cherchant sa compagne, l’autre son compagnon: la glace et le miroir, la montre fidèle et le chronomètre exact, la feuille de l’arbre et le feuillet du livre, le bois et la forêt, la nuée et le nuage, la vouivre et le dragon, le luth et la lyre, les pleurs et les larmes…

Parfois, lassé de tant d’oscillations, je cherche un refuge dans un mot, dans un mot que je me prends à aimer pour lui-même. Se reposer au cœur des mots, voir clair dans la cellule d’un mot, sentir que le mot est un germe de vie, une aube croissante… Le poète dit tout cela en un vers:

un mot peut être une aube et même un sûr abri

Dès lors, quelle joie de lecture et quel bonheur d’oreille quand, lisant Mistral, on entend le poète de Provence mettre le mot «berceau» au féminin.

L’histoire serait douce à conter dans la beauté des circonstances. Pour cueillir des «fleurs de glais», Mistral qui a quatre ans est tombé dans l’étang. Sa mère l’en retire et lui met des vêtements secs. Mais les fleurs sur l’étang sont si belles que l’enfant pour les cueillir fait encore un faux pas. Faute de nouveaux vêtements, il faut lui mettre sa robe des dimanches. En robe des dimanches, la tentation est plus forte que toutes les défenses, l’enfant retourne à l’étang et derechef tombe à l’eau. La bonne mère l’essuie dans son tablier et, dit Mistral, «de peur d’un effroi, m’ayant fait boire une cuillerée de vermifuge, elle me coucha dans ma berce où, lassé de pleurer, au bout d’un peu, je m’endormis».

Il faut lire dans le texte toute l’histoire que je résume, ne pouvant retenir que la tendresse qui se condense dans un mot qui console et qui aide à dormir. Dans ma berce, dit Mistral, dans une berce quel grand sommeil pour une enfance:

Dans une berce, on connaît le vrai sommeil, puisqu’on dort dans le féminin.

* * * * *

Un des plus grands travailleurs de la phrase a fait un jour cette remarque: «Vous avez certainement observé ce fait curieux, que tel mot, qui est parfaitement clair quand vous l’entendez ou l’employez dans le langage courant, et qui ne donne lieu à aucune difficulté quand il est engagé dans le train rapide d’une phrase ordinaire devient magiquement embarrassant, introduit une résistance étrange, déjoue tous les efforts de définition aussitôt que vous le retirez de la circulation pour l’examiner à part, et que vous lui cherchez un sens après l’avoir soustrait à sa fonction instantanée?» Les mots que Valéry prend comme exemples sont deux mots qui, l’un et l’autre, depuis longtemps, «font l’important»: ce sont les deux mots «temps et vie». Retirés de la circulation l’un et l’autre de ces deux mots font immédiatement figures d’énigme. Mais pour des mots moins ostentatoires, l’observation de Valéry se développe en finesse psychologique. Alors les simples mots—des mots tout simples—viennent se reposer dans le gîte d’une rêverie. Valéry peut bien dire «que nous ne nous comprenons nous-mêmes que grâce à la vitesse de notre passage par les mots», la rêverie, la lente rêverie découvre les profondeurs dans l’immobilité d’un mot. Par la rêverie nous croyons dans un mot découvrir l’acte qui nomme.

Les mots rêvent qu’on les nomme

écrit un poète. Ils veulent qu’on rêve en les nommant. Et cela, tout simplement, sans creuser l’abîme des étymologies. Dans leur être actuel, les mots, en amassant des songes, deviennent des réalités. Quel rêveur de mots pourrait s’arrêter de rêver quand il lit ces deux vers de Louis Émié:

Un mot circule dans l’ombre
et gonfle les draperies.

De ces deux vers j’aimerais faire un test de la sensibilité onirique touchant la sensibilité au langage. Il faudrait demander: ne croyez-vous pas que certains mots ont une telle sonorité qu’ils viennent prendre place et volume dans les êtres de la chambre? Qu’est-ce donc vraiment qui gonflait les rideaux dans la chambre d’Edgar Poe: un être, un souvenir, ou un nom?

Un psychologue à l’esprit «clair et distinct» s’étonnera devant les vers d’Émié. Il voudrait qu’on lui dise au moins quel est ce mot qui anime les draperies; sur un mot désigné, il suivrait peut-être une fantomalisation possible. En demandant des précisions, le psychologue ne sent pas que le poète vient de lui ouvrir l’univers des mots. La chambre du poète est pleine de mots, de mots qui circule dans l’ombre. Parfois les mots sont infidèles aux choses. Ils tentent d’établir, d’une chose à une autre, des synonymes oniriques. On exprime toujours la fantomalisation des objets dans le langage des hallucinations visuelles. Mais pour un rêveur de mots, il y a des fantomalisations par le langage. Pour aller à ces profondeurs oniriques, il faut laisser aux mots le temps de rêver. Et c’est ainsi qu’en méditant la remarque de Valéry, on est conduit à se libérer de la téléologie de la phrase. Ainsi, pour un rêveur de mots, il y a des mots qui sont des coquilles de parole. Oui, en écoutant certains mots. comme l’enfant écoute la mer en un coquillage, un rêveur de mots entend les rumeurs d’un monde de songes.

D’autres rêves naissent encore quand, au lieu de lire ou de parler, on écrit comme on écrivait jadis au temps où l’on était écolier. Dans le soin de la belle écriture, il semble qu’on se déplace à l’intérieur des mots. Une lettre étonne, on l’entendait mal en lisant, on l’écoute autrement sous la plume attentive. Ainsi un poète peut écrire: «Dans les boucles des consonnes, qui jamais ne résonnent, dans les nœuds des voyelles, qui jamais ne vocalisent, saurais-je installer ma demeure?»

Jusqu’où peut aller un rêveur de lettres, cette affirmation d’un poète en témoigne: «Les mots sont des corps dont les lettres sont les membres. Le sexe est toujours une voyelle.»

Dans la pénétrante préface que Gabriel Bounoure a mis au recueil des poèmes d’Edmond Jabès, on peut lire: le poète «sait qu’une vie violente, rebelle, sexuelle, analogique se déploie dans l’écriture et l’articulation. Aux consonnes qui dessinent la structure masculine du vocable se marient les nuances changeantes, les colorations fines et nuancées des féminines voyelles. Les mots sont sexués comme nous et comme nous membres du Logos. Comme nous ils cherchent leur accomplissement dans un royaume de vérité; leurs rébellions, leurs nostalgies, leurs affinités, leurs tendances sont comme les nôtres aimantés par l’archétype de l’Androgyne».

Pour rêver si loin, suffit-il de lire? Ne faut-il pas écrire? Écrire comme en notre passé d’écolier, en ces termes où, comme le dit Bounoure, les lettres, une par une, s’écrivaient ou bien dans leur gibbosité ou bien dans leur prétentieuse élégance? En ces temps-là, l’orthographe était un drame, notre drame d’écriture travaillant dans l’intérieur d’un mot. Edmond Jabès me rend ainsi à des souvenirs oubliés. Il écrit: «Mon Dieu, faites qu’à l’école, demain, je sache orthographier «Chrysanthème», qu’entre les différentes façons d’écrire ce mot, je tombe sur la bonne. Mon Dieu, faites que les lettres qui le livrent me viennent en aide, que mon maître comprenne qu’il s’agit bien de la fleur qu’il affectionne et non de la pyxide dont je puis à volonté colorier la carcasse, denteler l’ombre et le fond des yeux et qui hante mes rêveries.»

Et ce mot chrysanthème avec un intérieur si chaud, de quel genre peut-il être? Ce genre dépend pour moi de tels novembres d’autrefois. On disait dans mon vieux pays soit un, soit une. Sans l’aide de la couleur comment se mettre le genre dans l’oreille?

En écrivant, on découvre dans les mots des sonorités intérieures. Les diphtongues sonnent autrement sous la plume. On les entend dans leurs sons divorcés. Est-ce souffrance? Est-ce une nouvelle volupté? Qui nous dira les délices douloureuses que le poète trouve en glissant un hiatus au cœur même d’un mot. Écoutez les souffrances d’un vers mallarméen où chaque hémistiche a son conflit de voyelles:

Pour ouïr dans la chair pleurer le diamant

En trois morceaux s’en va le diamant qui révèle la fragilité de son nom. Ainsi s’expose le sadisme d’un grand poète.

En lisant trop vite, le vers est un décasyllabe. Mais quand ma plume épelle, le vers retrouve ses douze pieds et l’oreille est obligée au noble travail d’un rare alexandrin.

Mais ces grands travaux de la musicalité des vers dépasse le savoir d’un rêveur. Nos rêveries de mots ne descendent pas en la profondeur des vocables et nous ne savons dire des vers que dans une parole intérieure. Nous ne sommes décidément qu’un adepte de la lecture solitaire. »

* * * * *

Ayant avoué—sans doute avec trop de complaisance—ces pensées vagabondes qui tournent autour d’une idée fixe, ces vésanies qui se multiplient dans les heures de rêverie, qu’il me soit permis d’indiquer la place qu’elles ont tenu dans ma vie de travailleur intellectuel.

Si je devais résumer une carrière irrégulière et laborieuse, marquée par des livres divers, le mieux serait de la mettre sous les signes contradictoires, masculin et féminin, du concept et de l’image. Entre le concept et l’image pas de synthèse. Pas non plus de filiation; surtout pas cette filiation, toujours dite, jamais vécue, par laquelle les psychologues font sortir le concept de la pluralité des images. Qui se donne de tout son esprit au concept, de toute son âme à l’image sait bien que les concepts et les images se développent sur deux lignes divergentes de la vie spirituelle.

Peut-être même est-il bon d’exciter une rivalité entre l’activité conceptuelle et l’activité d’imagination. En tout cas, on ne trouve que mécompte si l’on prétend les faire coopérer. L’image ne peut donner une matière au concept. Le concept en donnant une stabilité à l’image en étoufferait la vie.

Ce n’est pas moi non plus qui tenterai d’affaiblir par des transactions confusionnelles la nette polarité de l’intellect et de l’imagination. J’ai cru devoir jadis écrire un livre pour exorciser les images qui prétendent, dans une culture scientifique, engendrer et soutenir les concepts. Quand le concept a pris son essentielle activité, c’est-à-dire quand il fonctionne dans un champ de concept, quelle mollesse—quelle féminité!—il y aurait à se servir d’images. Dans ce fort tissu qu’est la pensée rationnelle interviennent des inter-concepts, c’est-à-dire des concepts qui ne reçoivent leur sens et leur rigueur que dans leurs relations rationnelles. Nous avons donné des exemples de ces inter-concepts dans notre ouvrage: Le rationalisme appliqué. Dans la pensée scientifique, le concept fonctionne d’autant mieux qu’il est sevré de toute arrière-image. Dans son plein exercice, le concept scientifique est débarrassé de toutes les lenteurs de son évolution génétique, évolution qui relève dès lors de la simple psychologie.

La virilité du savoir augmente à chaque conquête de l’abstraction constructive, dont l’action est si différente de celle décrite dans les livres de psychologie. La puissance d’organisation de la pensée abstraite en mathématiques est manifeste. Comme le dit Nietzsche: «Dans les mathématiques… la connaissance absolue fête ses saturnales.»

Qui s’adonne avec enthousiasme à la pensée rationnelle peut se désintéresser des fumées et des brumes par lesquelles les irrationalistes tentent de mettre des doutes autour de la lumière active des concepts bien associés…

—Gaston Bachelard (Extraits La Poétique de la Rêverie)

 

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OUI…DIRE


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OUI…DIRE

La rue meurt

C’est suffisant pour dire…non ?

On va quand même pas céder à la rumeur

Mais pour dire quoi ?

Dire la dire la dira dada

D’une voie de ventre

Le ch’min d’la tripe

En selle Anselme et bonne manade

Des cailloux bordel j’en ai les godasses pistées

Des jetés…j’s’uis pas un saint

Des ramassés…les plus nombreux

A un point qu’autruches le sable s’enlise tout seul par précaution

Tu Gribouille?

Non je m’écries

Si t’aimes pas mains tenant

Compte pas sur les autres

Et j’en suis content que pour une fois faille plonger seul

Tu vois le bleu ça dit rien à priori

Mais à postériori….

Regarde le brin d’herbe qui avec une réputation de vaurien, de mauvais, de chiendent, ce qu’il est capable de faire.Il est le premier verre que les vers transpercent tellement ils en ont marre de voir que tu mort de soif dans l’enseveli. Le premier ver à soie du poème en prose sortant du cocon, c’est autre chose que le Carmel. Déjà une esquisse de chemin, le vers quelque part ailleurs.Quand les arbres qui s’étaient fait piqués leurs fringues alors qu’insouciants ils jouaient sur la plage, qu’épuisés de se souffler sur le bout des branches pour éviter l’onglée, ouais quand le blanc des glaces, le confus des brumes fait pas grand chose sauf pâlir, eh ben une petite robe de printemps ça donne des idées tout pareil.

Imagines ton jardin se coiffant d’un décolleté plongeant.

Vois mousser la marée dans ta crau en bourg

Un merle huchon s’appuyant sur un bar

Une doudoune donnant le sein à un marcel

Des spartiates allant voir la grande bouffe

Une hutte se rempaillant pour un tôt t’aime

Un cèdre de pomme avec des crêpes

Un lit banc en paix

Une scierie qui fait la planche à repasser ses leçons d’humanité

Un nez rouge qui coupe la mèche d’ictère

Un cheval cosmique qui chariote les étoiles

Un haut de contre comme je suis pour

Fais que ce que tu veux

Mais dit quelque chose

Tiens prends n’importe quel pore de Vincent

Et je t’assure

Tu prendras vraiment le large

Parce qu’à toujours pleurer sur ton saur

Tu t’es complètement fumé

Niala-Loisobleu – 21/05/16

Irina-Kotova.-Vesna

 

Au-delà de voir mourir


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Faire au-delà de voir mourir

 

L’eau de sève aux troncs arrosa les papiers peints

pour décoller les fleurs du mur,

puis apaisa la douleur des chants d’une voix d’enfant.

Passant à mots couverts l’ombre de tes mains s’est dressée en apercevant un point à la ligne

broder l’initial au centre de l’écusson.

Vivante demain

Par la grande échappée du mur

Je t’ai reçue votive des mains de l’hiver

Je te regardais traversant les anneaux de sable des cuirasses

Comme la génération des mélancoliques le préau des jeux

Sur l’herbe de plomb

Sur l’herbe de mâchefer

Sur l’herbe jamais essoufflée

Hors de laquelle la ressemblance des brûlures avec leur fatalité n’est jamais parfaite

Faisons l’amour.

René Char

Dévêtues, les dunes, couraient suçoter l’écume sur la crête des oyats

que le vent ébouriffe d’embruns rocheux dans lesquels des oiseaux changent de plumes pour raturer les jours sombres.

La corne d’un cheval blanc est venue sonner le réveil du bourgeon saisi de désir d’éclosion.

Un jardinier de peinture disait savoir replanter la forêt mystique de chamaniques rites, derrière un paravent septique matérialisé par une fausse-vérité.

Sur les maisons bleues qui bordaient la clairière, posé en diagonale, mon rêve vêtu d’une robe blanche, va-et-vient en arrière-plan,

ne se résignant pas au désamour d’une histoire vécue,

l’idée d’un autre monde accrochée à ses bretelles.

La nuit rosie par le baiser des palmes, s’éloigne.

Qu’est-ce que nous pourrions bien faire de la réalité pour arranger notre malheur.

La sécheresse environnante vise l’humidité de nos pousses, mettons toutes nos commissures en sécurité quand il est encore temps, sans nous écarter de la rivière qui fait le courant éclairant nos pas.

Tu sens l’amour ouvert à mes travaux manuels

Niala-Loisobleu – 2 Mai 2016

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LA MEMOIRE DE L’ARBRE


LA MEMOIRE DE L’ARBRE

Assis sur les feuilles de l’arbre-papier, la longueur du temps

permet de retrouver quelques marques

laissées par l’encre amarrée aux quais des pages

Les feuilles plus ou moins larges, l’oeil aux carreaux

tournent ligne après ligne l’écrit impassible

qui se dépouille du sens tapis dans la marge

pour révéler sa mue à la terre retournée,

sans que la vieille peau ait le démodé lié au vernis du paraître

J’entends le bruit singulier de la roue tournant les images,

ce son de rouet qui file au métier, les mailles de l’aiguillage

où nos trains prennent de nouveaux wagons, étrangement parents d’essieux

Passent alternativement les masques et la nudité;

le chaud, le froid, l’humide et le sec

qui se scellent à la rose des vents

avec leurs os longs de lieues,

leurs omoplates auto-claviculées de gués

leurs vertèbres posant la fondation de la verticale,

pour que les épaules trapèzent les jetées du cou

Arbre aux yeux rotatifs palmés d’oie où ondulent les rides du sablier

des hanches des dunes à l’écume des soifs

en autant d’ailes que d’îles

archipel d’oasiens refuges

J’éprouve sa ténébreuse intempérie

halte d’étape hivernale

devant l’âtre d’une brûlante nostalgie

qui envoie au plafond ses éclats animés de lumière

dans des déhanchements de bals champêtres

bornés d’odeurs d’herbe remuée

Il faudra reparaître sorti des brumes

dégluti de la stase

dans la terre humide

que le soleil ouvre de son soc

pour donner son salut fraternel, bleu branchu

au profil harmonieux porteur de tous les fruits

Loisobleu

2 Décembre 2013

Les années passent, le livre épaissit, la situation est toujours plus nette vue de mon balcon. Quelque chose a levé qui pousse, face à un quotidien rude et aride. L’indifférence est un soufflet pour les la forge de l’amour. Les épreuves font le voyage initiatique de ma vie. Qui, je pense à une éternité, au départ je suis parti d’autres, quand je poserai la cane, j’aurai ouvert la route à la suite humaine. Que mes rubans flottent aux branches de la mémoire de l’arbre !

Niala-Loisobleu – 22/04/16

 

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COMPLAINTE DU LEZARD AMOUREUX


COMPLAINTE DU LEZARD AMOUREUX

N’égraine pas le tournesol,
Tes cyprès auraient de la peine,
Chardonneret, reprends ton vol
Et reviens à ton nid de laine.

Tu n’es pas un caillou du ciel
Pour que le vent te tienne quitte.
Oiseau rural ; l’arc-en-ciel
S’unifie dans la marguerite.

L’homme fusille, cache-toi;
Le tournesol est son complice.
Seules les herbes sont pour toi,
Les herbes des champs qui se plissent.

Le serpent ne te connaît pas.
Et la sauterelle est bougonne;
La taupe, elle, n’y voit pas;
Le papillon ne hait personne.

Il est midi, chardonneret.

Attarde-toi, va, sans danger :
L’homme est rentré dans sa famille!

L’écho de ce pays est sûr.
J’observe, je suis bon prophète;
Je vois tout de mon petit mur,
Même tituber la chouette.

Qui, mieux qu’un lézard amoureux,
Peut dire les secrets terrestres? Ô léger gentil roi des cieux.
Que n’as-tu ton nid dans ma pierre !

René Char

Poèmes d’amour

 

Et pis taf à l’un
à la casse
TOI
N-L 19/03/16
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