Barbara, Göttingen


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Barbara, Göttingen

Barbara compose cette chanson en 1965. Ce qui l’anime, c’est un « profond désir de réconciliation et non d’oubli ». Il s’agit en effet d’un hymne à la réconciliation franco-allemande après les traumatismes de la seconde guerre mondiale. Le message de ce titre est d’autant plus émouvant que Barbara dut se cacher et fuir avec sa mère, parce qu’elles étaient juives. Entre 1939 et 1943, la jeune Monique Serf et ses parents doivent ainsi déménager à de nombreuses reprises (« Menaces de rafle dont les parents sont informés. Dénonciation par un voisin. »).

Aussi, en 1964, lorsque le directeur du Junges Theater de Göttingen, Gunther Klein, lui propose de venir chanter outre-Rhin, elle commence par refuser catégoriquement. Pour elle, « l’Allemagne était comme une griffe ». Mais Klein trouve les mots qu’il faut, Barbara se ravise et remporte un immense succès. L’accueil des « enfants blonds de Göttingen » lui inspire une chanson sobrement intitulée Göttingen (qu’elle enregistrera également en Allemand).

En 2003, à l’occasion de la commémoration du traité d’amitié franco-allemande de 1963, le chancelier Schröder entonne quelques vers de la chanson: « Oh, faites que jamais ne revienne / le temps du sang et de la haine… » Il poursuit  » A l’époque, j’habitais moi-même Göttingen, où je suis resté pendant plus de dix ans et où j’ai fait mes études. Malheureusement, je n’ai pas eu la possibilité d’assister au concert de Barbara, mais cette chanson résonnait dans toute la ville. Ce que Barbara a chanté à Göttingen, et qui nous est allé droit au cœur, c’était pour moi, jeune homme, le début d’une merveilleuse amitié, de l’amitié qui devait unir les Français et les Allemands. »

Revenons désormais sur la réconciliation franco-allemande depuis 1945:

Toute réconciliation avec l’ennemi héréditaire allemand semblait très délicate en 1945 (« O faites que jamais ne revienne / Le temps du sang et de la haine / car il y a des gens que j’aime, / A Göttingen, à Göttingen »). Or, très tôt, dans le contexte de la guerre froide et de la construction européenne, la France et l’Allemagne de l’ouest se rapprochent. L’entente devient franchement cordiale avec la création de la CECA (1951), puis de la CEE. Désormais, l’axe franco-allemand devient le fer de lance de la construction européenne et ce duo restera soudé quelque soit les présidents ou les majorités politiques (nombreuses rencontres de Gaulle/Adenauer, Giscard d’Estaing/Schmidt, Mitterrand/Kohl).

Ce rapprochement se caractérise par des rencontres symboliques entre les deux ennemis héréditaires: en 1962, Charles de Gaulle et Konrad Adenauer se rendent à Reims, dont la cathédrale avait été détruite par les Allemands au cours de la première guerre mondiale; ou encore la rencontre symbolique de François Mitterrand et Helmut Khol à Verdun, en 1984.
source : http://lhistgeobox.blogspot.com/2008/10/109-barbaragttingen.html

Bien sûr, ce n’est pas la Seine,
Ce n’est pas le bois de Vincennes,
Mais c’est bien joli tout de même,
A Göttingen, à Göttingen.Pas de quais et pas de rengaines
Qui se lamentent et qui se traînent,
Mais l’amour y fleurit quand même,
A Göttingen, à Göttingen.Ils savent mieux que nous, je pense,
L’histoire de nos rois de France,
Herman, Peter, Helga et Hans,
A Göttingen.

Et que personne ne s’offense,
Mais les contes de notre enfance,
« Il était une fois » commence
A Göttingen.

Bien sûr nous, nous avons la Seine
Et puis notre bois de Vincennes,
Mais Dieu que les roses sont belles
A Göttingen, à Göttingen.

Nous, nous avons nos matins blêmes
Et l’âme grise de Verlaine,
Eux c’est la mélancolie même,
A Göttingen, à Göttingen.

Quand ils ne savent rien nous dire,
Ils restent là à nous sourire
Mais nous les comprenons quand même,
Les enfants blonds de Göttingen.

Et tant pis pour ceux qui s’étonnent
Et que les autres me pardonnent,
Mais les enfants ce sont les mêmes,
A Paris ou à Göttingen.

O faites que jamais ne revienne
Le temps du sang et de la haine
Car il y a des gens que j’aime,
A Göttingen, à Göttingen.

Et lorsque sonnerait l’alarme,
S’il fallait reprendre les armes,
Mon cœur verserait une larme
Pour Göttingen, pour Göttingen.

Mais c’est bien joli tout de même,
A Göttingen, à Göttingen.

Et lorsque sonnerait l’alarme,
S’il fallait reprendre les armes,
Mon cœur verserait une larme
Pour Göttingen, pour Göttingen.

Barbara

L’ATELIER


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L’ATELIER

L’atelier

Des enfances mouillées
Sur des tables bavardes
Offrandes fraternelles
Brouillons d’incertitudes

Des mains de paille vierge
Renomment les destins
Confrontent les ruptures
Eprouvent les élans

Matériaux saisissables
Arrêtes signifiantes
Entre deux équivoque
Où le trop plein s’exclame

Les mots, distincts, se posent
Sur de larges chemins,
Des ouvrages de sens,
Des possibles rêvés.

Anne-Pascale Didier

 

Mon sac de marin en a plusieurs qui logent en mousse. Ils sont chacun plus de rues qu’une ligne de métro a de correspondances. Ils pètent de gel en commun quelque soit la latitude qui perle de show. Verrière verticale on en voit sans savoir en suivant les Maréchaux en ceinture verte de Paname. Comme en bateau on y lave. Le dégueulis de manque l’indigestion du nanti. Qu’est-ce qui crie le plus fort de Camille où du ton vif ? Oh les deux ont la folie du marteau qui burine sans chercher à s’arrêter l’incompréhension du monde à l’artiste. La chair a l’odeur de Vaugirard quand Soutine bouffe le quartier qu’il peint comme un piqué de la Ruche rêve. Malgré le montré du doigt du savoir-vivre j’en connais pas un qui faisait ghetto. C’est au coeur de l’absolu que ça crèche un atelier, marginal c’est pas antisocial. Même qu’il y en a qui sont autrement engagés que des prétendants au trône d’un pouvoir ministériel. A poil tu cherches pas la feuille hypocrite à faire cache-sexe, tu affiches le genre de naissance sans te bander les yeux avec la petite-culotte allouée par la pensée lubrique. Musique de larmes que des fois les cordes te strangulent au point que tu tu vas jusqu’à te déziper les intestins pour le supporter. Mon atelier c’est ma marie-salope à draguer les vases de la société. A part toi ma Muse, qui pourrait bien trouver que le tapis plein des pisses de palette vaut plus qu’un Sèvres par son jardin suspendu ?

Niala-Loisobleu – 27 Août 2018

JE REVIENS DE CABANE « LA BAIE DU CIEL »


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JE REVIENS DE CABANE

« LA BAIE DU CIEL »

« Glissant », je dois  te dire, à toi Edouard et à sel qui se reconnaîtra ô combien par tous mes pores, je vous suis intégral nu d’amour. Nous sommes la m’aime chair de cet archipel qu’hier j’ai nommé d’Utopies. Tout simplement par la foi qui prête à croire que la fraternité humaine est l’unique moyen de vivre en complète harmonie avec la nature et les hommes. La Beauté est omniprésente dans l’arbre qui borde une ornière , dans le caillou où l’on trébuche, dans la couleur d’une ondée que le vent retourne en soleil, la couche mousseuse qui couve le champignon, la roche que les reins déplace pour accéder au feu qui brûle à l’intérieur de l’âtre, la main qui tend le verre à trinquer, la guitare qui se fait intestine au pincement du frisson, le coup d’gueule qui demande à l’oeil de ne point fuir, l’étreinte qui froisse les draps sous les soubresauts de deux corps en amour, puis dans l’eau qui détarit le ventre stérile pour jeter le premier cri du nouveau-né…

Et tant de choses encore, si simples, qui devraient annihiler la complexité des plans d’investissements douteux, des échafaudages branlants, chevaux de Troie louches, diarrhées verbales des marchands du temple en quête de pouvoir, fins prêts à abjurer la plus avérée des impossibilités pour être élus…

LA BAIE DU CIEL
Elle, miroir, et si gardée
Que les herbes atroces fuient
Où vont l’attente la torture.
Un arbre ne tient dans la main creuse du chemin
Qui de vieillesse devient route.

Elle a gemmé, femme sur l’eau
Immobile à la surface, goémon
Nue, aveu de l’air qui de plaisir devient orage.

(Édouard Glissant, La terre inquiète, 1954)

Je reviens de cabane, transfusé une fois encore, sang neuf pour dire aimez-vous c’est ce qu’il y a de plus chair au prix le moins élevé.

Niala-Loisobleu – 3 Avril 2017

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Un champ d’îles


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Un champ d’îles

Savoir ce qui dans vos yeux berce
Une baie de ciel un oiseau
La mer, une caresse dévolue
Le soleil ici revenu

Beauté de l’espace ou otage
De l’avenir tentaculaire
Toute parole s’y confond
Avec le silence des Eaux

Beauté des temps pour un mirage
Le temps qui demeure est d’attente
Le temps qui vole est un cyclone
Où c’est la route éparpillée

L’après-midi s’est voilé
De lianes d’emphase et fureur
Glacée, de volcans amenés
Par la main à côté des sables

Le soir à son tour germera
Dans le pays de la douleur
Une main qui fuse le Soir
À son tour doucement tombera

Beauté d’attente Beauté des vagues
L’attente est presque un beaupré
Enlacé d’ailes et de vents
Comme un fouillis sur la berge

Chaque mot vient sans qu’on fasse
À peine bouger l’horizon
Le paysage est un tamis soudain
De mots poussés sous la lune

Savoir ce qui sur vos cheveux
Hagard étrenne ses attelages
Et le sel vient-il de la mer
Ou de cette voix qui circule

Abandonnés les tournoiements
D’aventure sur les tambours
L’assaut du sang dans les plaines
Son écume sur les Hauts

Abandonné le puits de souffrance
La souffrance au large du ciel emporte
Dans la foule des fromagers
Sa meute de mots et sa proie

Abandonnée tarie la mesure
Démesure des coutelas
Cette musique est au coeur
Comme un hameau de lassitude

Beauté plus rare que dans l’île
Ton grand chemin des hébétudes
Va-t-il enfouir son regard
Dans la terre, humide douce

Les hommes sortent de la terre
Avec leurs visages trop forts
Et l’appétit de leurs regards
Sur la voilure des clairières

Les femmes marchent devant eux
L’île toute est bientôt femme
Apitoyée sur elle-même mais crispant
Son désespoir dans son coeur nu

Et parmi les chants de midi
Ravinés de sueurs triomphales
Sur un cheval vient à passer
La morte demain la Pitié

L’île entière est une pitié
Qui sur soi-même se suicide
Dans cet amas d’argiles ruées
Ô la terre avance ses vierges

Apitoyée cette île et pitoyable
Elle vit de mots dérivés
Comme un halo de naufragés
À la rencontre des rochers

Elle a besoin de mots qui durent
Et font le ciel et l’horizon
Plus brouillés que les yeux de femmes
Plus nets que regards d’homme seul

Ce sont les mots de la Mesure
Et le tambour à peine tu
Au tréfonds désormais remue
Son attente d’autres rivages

L’après-midi le Soir les masures
Le poing calé dans le bois dur
La main qui fleurit la douleur
La main qui leva l’horizon

Sur vos chemins quelle chanson
A pu défendre la clarté
Sur vos yeux que l’amour brûla
Quelle terre s’est déposée

Outre mer est la chasteté
Des incendiaires dans les livres
Mais le feu dans le réel et le jour
C’est ce courage des vivants

Ils font l’oiseau ils font l’écume
Et la maison des laves parfois
Ils font la richesse des douves
Et la récolte du passé

Ils obéissent à leurs mains
Fabriquant des échos sans nombre
Et le ciel et sa pureté fuient
Cette pureté de rocailles

Ils font les terres qui les font
Les avenirs qui les épargnent
Ô les filaos les grandissent
Sur les crêtes du souvenir

Mulets serpents et mangoustes
Font ces hommes violents et doux
Et la lumière les aveugle
La nuit au bord des routes coloniales

Toute parole est une terre
Il est de fouiller son sous-sol
Où un espace meuble est gardé
Brûlant, pour ce que l’arbre dit

C’est là que dorment les tam-tams
Dormant ils rêvent de flambeaux
Leur rêve bruit en marée
Dans le sous-sol des mots mesurés

Leur rêve berce dans vos yeux
Des paniques des maelströms
Plus agités que la brousse profonde
Lorsque passe le clair disant

Beauté sanguine des golfes
Ô c’est une plaie une plaie
Où danse le ciel, grave et lent
De voir des hommes nus et tels

Et l’île toute enfin repose
Dans le chaud des maturités
Mûr est le silence sur la ville
Mûre l’étoile dans la faim

Ce qui berce dans vos yeux son chant
Est la parure des troupeaux
L’herbe à taureaux pour les misaines
Le dur reflet des sels au sud

Rien ne distrait d’ordre les vies
Les hommes marchent les enfants rient
Voici la terre bâtée, consentante
De courants d’eau, de voilures

Quelle pensée raide parcourt
Les fibres les sèves les muscles
De la douleur a-t-on fait un mot
Un mot nouveau qui multiplie

Celui qui parmi les neiges enfante
Un paysage une ville des soifs
Celui qui range ses tambours ses étoffes
Dans la sablure des paroles

Guettant le saut des Eaux immenses
Le grand éclat des vagues Midi
Plus ardent que la morsure des givres
Plus retenu que votre impatience d’épine

Celui que prolonge l’attente
Et toutes les mains dans sa tête
Et toutes splendeurs dans sa nuit
Pour que la terre s’émerveille

Il accepte le bruit des mots
Plus égal que l’effroi des sources
Plus uni que la chair des plaines
Déchirée ensemencée

Sa clarté est dans l’océan
Dans la patience que traîne
Vers où nul oeil ne se distend
La flore d’îles du Levant

Ce qui berce en vos yeux son chant
Pour atteindre le matin ô connue
Inconnue c’est la chaleur fauve
Du Chaos où l’oeil enfin touche

Île ces requins vos fumures
Le charroi de votre sang l’homme
Et sa colline la femme et les cases
L’avenue dans ces miroirs les Mains

Est-ce oiseau, une racine qui gicle
Est-ce moisson, l’amitié grandie de la terre
La même couleur éclabousse, caresse
La souffrance est de ne pas voir

Beauté de ce peuple d’aimants
Dans la limaille végétale et vous
Je vous cerne comme la mer
Avec ses fumures d’épaves

Beauté des routes multicolores
Dans la savane que rumine
L’autan plein de mots à éclore
Je vous mène à votre seuil

Écoutant ruisseler mes tambours
Attendant l’éclat brusque des lames
L’éveil sur l’eau des danseurs
Et des chiens qui entre les jambes regardent

Dans ce bruit de fraternité
La pierre et son lichen ma parole
Juste mais vive demain pour vous
Telle fureur dans la douceur marine,

Je me fais mer où l’enfant va rêver.

Edouard Glissant

Et sur ce caillou isolé où j’île, tout de délicatesse et sans vernis, où le moindre souffle est intention, non de plaire mais d’apporter plaisir, gage de tendresse, amoureuse affection qui arme les plates complaisances en béton de preuves en différence intangible et fondamentale entre l’acte et les belles paroles, je me fais relation à l’Autre en pudique nudité, ainsi conscient de m’exposer à la méchanceté. Je n’étais que poussière, avant d’y retourner je me suis fait pierre.

Niala-Loisobleu – 2 Avril 2017

Les frères ( paroles d’Atahualpa Yupanqui)


Les frères ( paroles d’Atahualpa Yupanqui)

Les frères

J’ai tant de frères,
Que je ne peux les compter,
Dans la vallée, la montagne,
Sur la plaine et sur les mers.

Chacun avec ses peines,
Avec ses rêves chacun,
Avec l’espoir devant,
Avec derrière les souvenirs.

J’ai tant de frères,
Que je ne peux les compter.

Des mains chaleureuses,
De leur amitié,
Avec une prière pour prier,
Et une complainte pour pleurer.

Avec un horizon ouvert,
Qui toujours est plus loin,
Et cette force pour le chercher
Avec obstination et volonté.

Quand il semble au plus près
C’est alors qu’il s’éloigne le plus.
J’ai tant de frères,
Que je ne peux les compter.

Et ainsi nous allons toujours
Marqués de solitude,
Nous nous perdons par le monde,
Nous nous retrouvons toujours.

Et ainsi nous nous reconnaissons
Le même regard lointain,
Et les refrains que nous mordons,
Semences d’immensité.

Et ainsi nous allons toujours,
Marqués de solitude,
Et en nous nous portons nos morts
Pour que personne ne reste en arrière.

J’ai tant de frères,
Que je ne peux les compter,
Et une fiancée très belle
Qui s’appelle liberté.

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